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Ils «ne resteront pas les bras croisés» après un vote presque unanime.
Les professeurs et bibliothécaires de l'Université McGill ont voté cette semaine en faveur du boycott des institutions culturelles et universitaires israéliennes, alors que les débats sur la liberté académique continuent de faire rage.
L'Association des professeurs d'université de McGill (APBM) a décidé vendredi «de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre le boycott des institutions universitaires israéliennes, tout en veillant à ce que ce boycott s'applique aux partenariats et accords institutionnels, et non aux universitaires israéliens à titre individuel».
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Sur les 114 membres présents, 104 ont voté pour le boycottage, huit ont voté contre et deux se sont abstenus.
Le professeur de sciences politiques William Roberts, membre de l'APBM, a expliqué que cette décision consensuelle était motivée par la censure des voix et des opinions exercée par les institutions israéliennes.
«Les universitaires israéliens ne jouissent pas de la même liberté académique que nous», a-t-il dit à CTV News. «Ils ont beaucoup de liberté pour faire de la recherche et enseigner, mais il existe des limites très claires au-delà desquelles ils sont mis à l'écart, poussés vers la sortie et contraints à l'exil.»
L'Association des professeurs d'université de McGill affirme que les institutions universitaires israéliennes sont complices de la guerre menée par l'État à Gaza.
«L'adoption de la résolution visant à boycotter les institutions israéliennes complices du génocide du peuple palestinien montre que les professeurs et les bibliothécaires de McGill ne resteront pas les bras croisés pendant qu'Israël assassine et enlève nos collègues dans les établissements de santé, les bibliothèques et les universités.»
Le professeur William Roberts est au centre du débat sur la liberté académique depuis qu'il a publié sur X: «Seul un "soutien économique et militaire total au Hamas et au Hezbollah" est approprié». Il a accusé l'établissement de malhonnêteté lorsqu'il a ensuite été exclu du comité disciplinaire étudiant de McGill.
Selon lui, ses commentaires visaient à critiquer l'invasion de Gaza par Israël et non à soutenir l'un ou l'autre des groupes. Il a déclaré que les deux groupes avaient été diabolisés.
«Ce n'est pas que je sois idéologiquement aligné sur l'un ou l'autre de ces groupes», a affirmé le professeur marxiste à CTV News. «Je ne crois pas au gouvernement théologique. Je veux un État laïc et libre, tant au Liban qu'en Israël-Palestine... Je pense que le simple fait de dire que ces groupes ont une certaine légitimité et un certain rôle à jouer pour contrer l'agression et le pouvoir israéliens était clairement inacceptable pour beaucoup de gens, et je pense que c'est à cause de ce contexte, de l'histoire de la guerre contre le terrorisme.»
Charles Blattberg, professeur de philosophie politique à l'Université de Montréal (UdeM), a indiqué que les commentaires de Roberts sur le Hamas et le Hezbollah ne relevaient pas de la liberté académique et qu'ils créaient un espace dangereux pour un professeur juif comme lui.
Il a donc démissionné d'un groupe de recherche interuniversitaire en philosophie politique à Montréal.
«Je pense que cela porte atteinte à ma liberté académique, non pas parce qu'il a dit quelque chose que je trouve profondément offensant, mais plutôt parce qu'il a déclaré son soutien à des organisations terroristes qui se consacrent à tuer des gens comme moi, des Juifs, non seulement au Moyen-Orient, mais dans le monde entier», a soutenu M. Blattberg à CTV News.
«Ils l'ont prouvé en paroles et en actes, et c'est là que je pense que ma liberté académique est compromise, car lorsque vous organisez une réunion pour discuter de philosophie politique ou de tout autre sujet académique, nous devons pouvoir évoluer dans un espace sûr, non pas dans le sens où les gens ne peuvent pas dire des choses très controversées», a-t-il ajouté.
Le professeur Charles Blattberg soutient que les déclarations de William Roberts menacent sa sécurité. Il espère pouvoir discuter de la question au sein du groupe, mais que les autres membres avaient décidé de ne pas le faire.
«Il a tout à fait le droit d'adopter des positions avec lesquelles je suis peut-être en total désaccord, mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit», a-t-il indiqué. «Il s'agit de son soutien à des groupes qui, clairement, encore une fois, en paroles et en actes, menacent la sécurité des Juifs dans le monde entier, et vous ne devriez pas soutenir de tels groupes.»
Le professeur William Roberts a précisé qu'il n'y avait aucune raison de penser que fournir une aide militaire à l'un ou l'autre de ces groupes pour combattre Israël menacerait la liberté académique de quiconque à Montréal.
Il a ajouté qu'en plus des réactions négatives en ligne et des courriers haineux suscités par ses commentaires, les personnes, ses collègues et les étudiants avec lesquels il travaille étaient soit d'accord avec lui, soit capables de manifester leur désaccord de manière respectueuse.
«Certaines personnes n'étaient pas d'accord avec moi, elles voulaient en discuter, elles voulaient expliquer pourquoi elles pensaient que ma proposition était une mauvaise idée, mais elles voulaient aussi écouter mes arguments en faveur de cette idée, et nous avons eu une conversation respectueuse à ce sujet», a-t-il dit.
La déclaration du département de sciences politiques de McGill sur la liberté académique indique qu'il autorise les professeurs à exprimer leurs opinions.
«Le département, en tant qu'organisation, ne prend pas position sur les questions politiques. Il ne publie pas de déclarations déplorant, condamnant, célébrant ou exprimant des préoccupations au sujet des événements mondiaux», indique la déclaration. «Le département comprend des membres de tous niveaux qui adoptent un large éventail de positions sur des questions controversées, tant dans leur capacité académique en tant que chercheurs en sciences politiques que dans leur capacité privée en tant que personnes et citoyens engagés politiquement dans leurs nombreuses sociétés diverses.»
Cette position sur la liberté académique s'étend aux réseaux sociaux.