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Trump remet à plus tard la question clé de l'avenir des Palestiniens

«Je ne parle pas d’un seul État, de double État ou de deux États. Nous parlons de la reconstruction de Gaza.»

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Le président Donald Trump attend pour saluer les dirigeants lors d'un sommet visant à soutenir la fin de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, le 13 octobre 2025, à Charm el-Cheikh, en Égypte. (AP Photo)

Donald Trump n’est pas homme à s’embarrasser des détails, ni à se projeter dans un avenir trop lointain même s’il estime, non sans raisons d’espérer, avoir posé avec l’accord sur Gaza les jalons d’un «nouveau Moyen-Orient».

Si le président américain a pu savourer une victoire diplomatique majeure lors d’une visite éclair en Israël et Égypte lundi, concomitante avec la libération des otages à Gaza, il ne s’est guère attardé sur les nombreux obstacles sur le chemin de la paix et l’avenir des Palestiniens.

«Je déciderai de ce que je crois juste» pour l’avenir de Gaza et des Palestiniens «en coordination avec d’autres nations», a-t-il répondu à une question sur la solution à deux États dans l’avion présidentiel le ramenant à Washington.

«Je ne parle pas d’un seul État, de double État ou de deux États. Nous parlons de la reconstruction de Gaza», a-t-il ajouté, repoussant ce débat à plus tard.

De retour à la Maison-Blanche mardi, il s’est attaché au service après-vente, exhortant le Hamas à restituer tous les corps des otages décédés à Gaza, et promettant de «désarmer» le mouvement islamiste palestinien, s’il ne le faisait pas de lui-même, comme prévu dans le cadre de son plan pour mettre fin à la guerre.

«Très bon instinct»

Avec les dirigeants d’Égypte, du Qatar et de Turquie, Donald Trump a signé lundi une déclaration sur Gaza, où ils se sont engagés à «poursuivre une vision de paix» au Moyen-Orient, un document qui s’en tient néanmoins à des termes vagues.

«Ce qu’ils ont signé hier ne dit pas grand-chose. Il s’agit davantage d’une déclaration d’intention. Personne ne sait vraiment quelles seront les prochaines étapes», a confié mardi un diplomate d’un pays non signataire, présent au sommet de Charm el-Cheikh.

Le plan en vingt points du président Trump prévoit aussi la mise en place d’une force de sécurité internationale et de nouvelles structures de gouvernance à Gaza, excluant le Hamas, autant de points qui restent à détailler et à mettre en oeuvre.

Malgré ces complexités, «à bien des égards, la partie facile est celle qui vient d’être accomplie», relève Mona Yacoubian, du Center for Strategic and International Studies (CSIS), évoquant la première phase de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

«Mais ce qui serait nécessaire pour faire évoluer ce conflit vers un paradigme différent et le mener vers une résolution demandera bien plus que les détails très vagues présentés dans le plan», ajoute-t-elle.

Même mise en garde de Ghaith al-Omari, ancien conseiller des négociateurs palestiniens lors des pourparlers de Camp David sous l’ancien président Bill Clinton, selon qui «Trump a un très bon instinct en matière de timing et d’opportunités».

Mais «je serai très sceptique si nous constatons le même niveau d’engagement que celui observé ces dernières semaines», dit cet expert du Washington Institute for Near East Policy.

Il s’interroge par ailleurs sur la capacité des dirigeants actuels à changer la donne, notamment le président palestinien Mahmoud Abbas, 89 ans, «trop discrédité».

Et la Cisjordanie

L’autre grande inconnue réside dans le fait que le plan Trump est tout sauf un plan de paix pour régler le conflit israélo-palestinien.

Et, juge Barbara Leaf, ex-sous-secrétaire d’État responsable du Moyen-Orient sous Joe Biden citée lundi sur CNN, le président américain semble à cet égard avoir esquivé «la pièce manquante, à savoir comment (l’accord) s’inscrit dans une solution politique en vue d’un État palestinien».

Le plan évoque bien la possibilité d’«ouvrir une voie crédible vers l’autodétermination et la création d’un État palestinien, que nous reconnaissons comme l’aspiration du peuple palestinien», mais il reste très vague.

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou y est farouchement opposé et a violemment dénoncé les pays, dont la France, qui ont récemment reconnu un État de Palestine.

Quant à la Cisjordanie occupée, le sujet est peu abordé.

«Ce sera un défi de taille pour les garants de voir s’ils peuvent maintenir le cessez-le-feu, mais aussi une question sur laquelle personne ne s’est vraiment penché, car nous sommes tous naturellement concentrés sur Gaza: la situation en Cisjordanie peut-elle rester stable ou allons-nous assister à un effondrement ?», se demande Ghaith al-Omari.

Or, selon le président français Emmanuel Macron, «l’accélération de la construction des colonies (juives) en Cisjordanie constitue une menace existentielle pour l’État de Palestine».