Le président de l'Association des chefs de police du Canada affirme que ses membres sont guidés par des lois «désuètes et inadéquates», qui n'ont jamais été conçues pour faire face au paysage criminel actuel, qui ne respecte plus les frontières internationales.
Thomas Carrique, président de l'Association des chefs de police, a déclaré que la police aurait été mieux placée pour «perturber» la criminalité transnationale si le gouvernement fédéral avait écouté son groupe en 2001, lors de sa dernière proposition de modifications législatives.
«Partout au Canada, la police fait face aux répercussions nationales des troubles internationaux, mais on nous demande de le faire en utilisant des outils et des autorités conçus pour une autre époque, guidés par une législation désuète et inadéquate, qui n'a jamais été conçue pour faire face au paysage criminel actuel.»
M. Carrique a souligné que «l'instabilité géopolitique et les troubles sociaux» dans le monde entier sont à l'origine de ce qu'il appelle «une nouvelle vague de menaces à la sécurité publique», alors que la police canadienne est confrontée au crime organisé transnational, à l'extrémisme, au trafic de drogue et à l'exploitation par Internet.
«Qu'il s'agisse de trafic d'êtres humains, d'exportation et d'importation illicite de drogues, de précurseurs et d'armes à feu, les groupes criminels organisés exploitent les angles morts systématiques, les lois désuètes et les plateformes numériques pour victimiser les Canadiens», a-t-il ajouté.
Si la géopolitique et les troubles sociaux échappent au contrôle des Canadiens et de leur gouvernement, leur niveau de préparation et de réaction ne l'est pas, a-t-il ajouté.
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La Loi sur la protection des frontières, actuellement proposée par le gouvernement fédéral, donne à la police de nombreux outils, mais pas tous nécessaires, pour lutter contre la criminalité mondialisée, a-t-il ajouté.
Le gouvernement a déclaré que le projet de loi aiderait les autorités à lutter contre le crime organisé transnational, à enrayer la circulation du fentanyl, à lutter contre le blanchiment d'argent et à renforcer la réponse policière aux réseaux criminels.
M. Carrique, commissaire de la Police provinciale de l'Ontario, a fait ces commentaires lors d'une conférence de presse à Victoria, où l'association tient sa conférence annuelle.
Il a ajouté que la législation du gouvernement fédéral s'aligne étroitement sur plusieurs résolutions adoptées par le groupe lors de la conférence cette semaine.
M. Carrique a expliqué qu'il existe un certain nombre de failles juridiques qui doivent être comblées pour refléter les réalités de la criminalité du XXIe siècle, comme l'incapacité de la police à obtenir un mandat de perquisition pour tout colis de Postes Canada de moins de 500 grammes.
«Un juge ne peut donc même pas délivrer un mandat de perquisition pour un colis de cette taille, susceptible de contenir suffisamment de fentanyl pour tuer plusieurs personnes», a-t-il dit.
Il a également réitéré ses appels à une réforme de la mise en liberté sous caution.
«Le gouvernement fédéral a promis un projet de loi sur la criminalité cet automne, prévoyant des peines plus sévères en matière de mise en liberté sous caution, a déclaré M. Carrique. Ce sera crucial.»
Le chef de la police de Victoria, Del Manak, a convenu de la nécessité de conditions de libération plus strictes.
M. Manak a indiqué que la police avait procédé à 16 arrestations au cours d'un projet de deux jours visant à perturber l'ordre public dans le centre-ville.
«Mais le nombre de nouvelles arrestations que nous avons effectuées était révélateur», a-t-il déclaré.
Un individu arrêté dans un pâté de maisons a été arrêté de nouveau le lendemain, peu après sa première arrestation après sa libération sous conditions, a ajouté M. Manak.
«Ce que nous demandons vraiment, c'est un renforcement du système de justice pénale. Il doit y avoir des conséquences et une dissuasion pour ceux qui commettent des actes criminels au quotidien.»
M. Carrique a pris acte des statistiques de 2024 qui montrent une tendance à la baisse des taux de criminalité. L'indice de gravité de la criminalité, par exemple, a diminué de 4,1 % en 2024.
«Nous attribuons cela au travail remarquable accompli par les policiers à travers le pays, ainsi que par d'autres services sociaux», a-t-il expliqué.
«Mais nous devons mettre cela en balance avec (…) la perception de la criminalité, et cela ne nous aide en rien, en tant que responsables de la police, à instaurer la confiance, ni la légitimité, de simplement citer des statistiques pour affirmer que les crimes contre les biens ont diminué de 5 % ou que le taux d'homicides a baissé de 10 %, car il y a encore des victimes», a ajouté M. Carrique.
