L'ancien gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, prévient que le Canada et les États-Unis se dirigent vers une récession dans un contexte de droits de douane, de tensions géopolitiques et d'incertitude économique.
Dans une entrevue accordée mardi à l'émission Power Play avec Vassy Kapelos sur CTV, M. Poloz a déclaré que la trajectoire économique du Canada et des États-Unis n'était «pas positive».
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Nous avons en fait deux économies qui sont en train de glisser, disons, non pas vers la récession, probablement, mais qui glissent dans cette direction», a-t-il lancé.
Le ralentissement est visible dans les chiffres du marché du travail, selon M. Poloz. Le taux de chômage au Canada a bondi à 7,1% en août, l'économie ayant perdu 66 000 emplois au cours du mois, son niveau le plus élevé depuis mai 2016, hors période de pandémie.
Le chômage des jeunes a atteint 14,5 %, soit le double du taux national, ce que M. Poloz a qualifié de «très inquiétant», suggérant que l'intelligence artificielle (IA) pourrait avoir une influence.
«Nous commençons peut-être à voir les premières preuves concrètes que l'IA a un impact plus large sur les marchés du travail. Cela va se produire au niveau de l'entrée sur le marché du travail. C'est là que nous le verrons en premier», a-t-il avancé.
Bien que M. Poloz ait affirmé que «fondamentalement, l'épine dorsale de l'économie s'affaiblit», il a souligné que les chiffres de la consommation constituent une lueur d'espoir, car ils sont restés stables grâce aux Canadiens qui ont passé leurs vacances dans leur pays et acheté des produits canadiens.
«Les ventes au détail sont restées assez dynamiques, et je pense qu'aucun d'entre nous n'aurait pu le prévoir, mais c'est le seul élément positif, du moins d'un point de vue macroéconomique», a-t-il ajouté.
Bien que les États-Unis n'aient pas connu le même niveau de turbulences économiques que le Canada, M. Poloz a déclaré qu'il y avait des signes de ralentissement économique, les marchés de l'immobilier et du travail étant en difficulté. Il a souligné que les dépenses de consommation se maintenaient pour l'instant, mais M. Poloz a averti qu'elles seraient les prochaines à baisser.
«Nous avons tous rêvé que cela inciterait peut-être l'administration à changer un peu de cap, mais j'en suis moins convaincu aujourd'hui», a-t-il soutenu. « En tant qu'entreprises locales, nous devons nous préparer à cette nouvelle structure ou à ce nouveau monde qui s'offre à nous.»

