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Rentrée: les bloquistes impatients d'en découdre avec le gouvernement Carney

«Plutôt que de s'attaquer au commerce et aux tarifs, le gouvernement de Carney se vautre dans le fantasme pétrolier de l'Ouest canadien.»

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0fc3a11b2e3967a917aa08e273210befb5aba9d16910cc813bc8ece51fc91df1.jpg Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s'adresse aux journalistes en compagnie de la députée du Bloc québécois, Christine Normandin, à droite, dans le foyer de la Chambre des communes sur la colline du Parlement à Ottawa, le jeudi 29 mai 2025. (Sean Kilpatrick | La Presse canadienne)

Avec une nouvelle loi sur les grands projets qui en fait sourciller plusieurs et l'étoile du premier ministre Mark Carney qui semble pâlir, les députés du Bloc québécois se disent prêts à en découdre avec le gouvernement libéral à la veille de la prochaine rentrée parlementaire. 

«Plutôt que de s'attaquer au commerce et aux tarifs, le gouvernement de M. Carney se vautre dans le fantasme pétrolier de l'Ouest canadien en promettant des projets d'infrastructure autant que possible en marchant sur les juridictions des provinces et du Québec», a soutenu lundi matin le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, devant ses 21 collègues réunis en caucus présessionnel, à Québec.

Les élus du Bloc québécois se rencontrent lundi et mardi pour se préparer en vue de la rentrée parlementaire le 15 septembre – la première session automnale depuis l'élection du gouvernement minoritaire libéral le printemps dernier.

Les libéraux ont grugé certains appuis au Bloc québécois, ce qu'une source du parti attribue en partie au conflit commercial entre le Canada et les États-Unis, qui avantage le Parti libéral de Mark Carney. 

Avec la guerre commerciale qui pourrait devenir une moins grande préoccupation pour les Canadiens et les Québécois, le Bloc espère marquer des points, notamment en s'attaquant au controversé projet de loi C-5, adopté sous bâillon l'été dernier, qui vise à accélérer la réalisation de grands projets jugés d’intérêt national.

Cette pièce législative permet aux ministres fédéraux de désigner des projets comme étant d’intérêt national. En obtenant cette désignation, la réalisation pourra se faire sans que les initiatives n’aient à être conformes à de multiples lois, dont la Loi canadienne sur la protection de l’environnement.

«(C'est) une loi qui suspend essentiellement la démocratie et qui détourne le mandat demandé et largement obtenu par les libéraux de Mark Carney de gérer l'enjeu des tarifs et l'enjeu du commerce», a tonné M. Blanchet. 

«Il n'y a pas de négociation tarifaire, commerciale en cours.»

En arrivant à la réunion du caucus, lundi matin, les 22 députés étaient tout sourire, dont le doyen de la Chambre des communes, Louis Plamondon, qui a lui-même assisté aux hauts et aux bas du parti à travers le temps.

«L'étoile de M. Carney commence à baisser un peu. On sent que les gens commencent à s'interroger, poser des questions. On enlève tous nos tarifs, pis on nous donne rien en retour», a-t-il résumé. 

M. Plamondon n'en est pas surpris et s'est souvenu de ce qu'il disait à ses adversaires pendant les débats de la dernière campagne électorale.

«Moi je leur disais dans les débats: "Que vous envoyiez M. Poilievre (Pierre), M. Carney ou le pape, ça changera rien, vous avez affaire à un fou"», a-t-il relaté, faisant référence au président américain Donald Trump, qui selon lui pose des exigences sans véritablement négocier.

Le pouvoir dans les comités

En entrevue avant le caucus, la leader du Bloc québécois à la Chambre des communes, Christine Normandin, n'a pas voulu dévoiler quelles seront les priorités précises du parti, mais elle souligne qu'il présentera des projets de loi et qu'il profitera de sa balance du pouvoir dans les comités parlementaires.

«Ça nous rend positifs pour la suite, a-t-elle expliqué. On va vraiment être capables de tester tout le pouvoir qu'on peut avoir en Chambre, comment on pourra utiliser cette balance du pouvoir là pour améliorer ce qu'on peut améliorer, négocier avec un parti comme l'autre pour faire passer nos idées.»

Mme Normandin souligne que son parti négociera chaque vote à la pièce, et qu'il ne «se liera pas les mains» comme l'avait fait le Nouveau Parti démocratique (NPD) dans le cadre de son entente avec les libéraux. 

«On garde notre même modus operandi qui nous a toujours bien servis, pis qui sert nos commettants et le Québec, a-t-elle avancé. Si c'est bon pour le Québec, on vote pour, si c'est mauvais pour le Québec, on vote contre.»

Appui au Parti québécois

Le Bloc québécois compte également travailler sur la scène provinciale, pour prêter main-forte au Parti québécois qui, selon les sondages, a le vent dans les voiles.

Des tensions étaient palpables dans les derniers mois entre le chef bloquiste et son homologue péquiste Paul St-Pierre-Plamondon, mais on assure au Bloc québécois que les équipes seront sur le terrain pour aider les péquistes en vue des élections québécoises de 2026. 

M. Blanchet n'a d'ailleurs pas manqué de le souligner dans son discours lundi matin. 

«Dans un an jour pour jour, nous serons en campagne électorale pour faire élire un gouvernement majoritaire indépendantiste à Québec», a-t-il souligné, avant d'être chaudement applaudi.

Le député péquiste de Jean-Talon, Pascal Paradis, sera d'ailleurs présent lundi soir à un événement militant du Bloc québécois.

Vicky Fragasso-Marquis

Vicky Fragasso-Marquis

Journaliste