Le Canada a signé un partenariat avec l'Allemagne dans le domaine des minéraux critiques, qui encourage notamment le financement public commun de projets liés aux ressources naturelles.
Le premier ministre Mark Carney en a fait l'annonce mardi à Berlin, où il rencontrait le chancelier allemand, Friedrich Merz, dans le cadre de son voyage de cinq jours en Europe visant à stimuler le développement et les exportations vers le Vieux Continent.
M. Carney a fait valoir que, depuis trop longtemps, des minéraux clés pour le Canada, comme le nickel et le cobalt, sont sous-exploités, alors que la Chine et la Russie dominent le marché mondial des minéraux critiques. Ces minéraux sont essentiels aux technologies émergentes en matière d'énergie et de défense.
Il a ajouté que l'Allemagne était devenue un chef de file en Europe grâce à ses efforts pour se diversifier et s'affranchir de la Chine et de la Russie.
«Le Canada peut jouer un rôle dans l'accélération de cette diversification pour l'Allemagne et pour l'Europe», a plaidé le premier ministre.
«Ces questions ne feront que gagner en importance. La demande en minéraux critiques et en minéraux en général devrait quadrupler au cours de la prochaine décennie.»
Par la suite, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Tim Hodgson, a déclaré aux journalistes que le Canada était bien placé pour développer des chaînes d'approvisionnement «de la mine aux aimants», ce qui donnerait à Ottawa un avantage pour approfondir ses liens commerciaux avec des pays comme l'Allemagne.
«Cela nous donne un atout majeur auprès de nos alliés, ceux qui partagent nos valeurs, et cela prive d'avantage ceux qui pourraient avoir une vision différente du monde», a-t-il déclaré.
Parallèlement, trois entreprises canadiennes du secteur minier – Troilus Gold Corporation, Métaux Torngat et Rock Tech Lithium – ont toutes signé des accords de coopération avec des entreprises allemandes.
Les deux pays ont également pour objectif de coopérer étroitement dans le domaine de l'énergie, notamment en ce qui concerne le gaz naturel liquéfié et l'énergie hydrogène.
Mark Carney a indiqué qu'Ottawa prévoyait d'annoncer officiellement de nouveaux investissements dans les infrastructures portuaires au cours des deux prochaines semaines. Il a aussi souligné les améliorations apportées aux ports de Montréal et de Churchill, au Manitoba, qui favoriseront les exportations de produits énergétiques et minéraux.
Tim Hodgson, qui était l'un des ministres présents lors de cette tournée à l'étranger, a confié que l'objectif pour les nouvelles exportations de gaz naturel vers l'Europe, d'après ce qu'il a entendu de divers promoteurs de projets, serait de commencer le transport maritime dans «aussi peu que cinq ans».
«Ce que nous avons entendu aujourd'hui de l'industrie allemande, et très franchement du ministre également, c'est que l'Allemagne considère le gaz naturel comme un carburant de transition», a relaté M. Hodgson après une rencontre avec des chefs d'entreprise.
«Il y a quelques années, on pensait que les besoins en gaz naturel seraient relativement mineurs et à court terme, et je pense que nous réalisons tous – après l'Ukraine et l'évolution de l'intelligence artificielle – que le gaz naturel sera un carburant de transition dont la demande sera accrue en Allemagne et pour une période plus longue.»
Chaque pays a nommé un envoyé spécial pour faire avancer le nouveau partenariat.
La personne-ressource du Canada sera Isabella Chan, sous-ministre adjointe principale chez Ressources naturelles Canada, tandis que l'Allemagne a nommé son directeur général adjoint des politiques sur les matières premières, Matthias Koehler.
Lorsque le premier ministre Carney a rencontré M. Merz en privé, mardi matin, les deux dirigeants ont aussi discuté de la guerre en Ukraine.
Selon le bureau du premier ministre, ils ont convenu qu'aucune décision concernant l'avenir de ce pays déchiré par la guerre ne devrait être prise sans l'accord de Kyiv.
Avec des informations de Kyle Duggan à Ottawa
