International

La position de Mark Carney sur l'Ukraine d'après-guerre reste floue

Si le Canada envisageait de mettre sur la table un éventuel déploiement de troupes en Ukraine, il faudrait une discussion plus claire.

Mis à jour

Publié

La position de Mark Carney sur l'Ukraine d'après-guerre reste floue Guerre Russie-Ukraine: Mark Carney a-t-il soulevé plus de questions qu'il n'a apporté de réponses quant à la position du Canada?

Des experts estiment que le premier ministre Mark Carney a soulevé plus de questions qu'il n'a apporté de réponses quant à la position du Canada, lorsqu'il a déclaré ne pas exclure l'envoi de troupes en Ukraine une fois la guerre avec la Russie terminée.

Justin Massie, codirecteur du Réseau d'analyse stratégique, a déclaré que les récents commentaires de M. Carney étaient «très prudents» et beaucoup moins engageants que ceux d'autres alliés.

La France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de déployer une brigade multinationale une fois la guerre terminée afin de dissuader d'éventuelles attaques russes.

Selon M. Massie, les commentaires de M. Carney placent le Canada dans une position intermédiaire floue: moins engagé que les gouvernements français ou britannique, mais plus que l'Italie, qui souhaite une clause de garantie de sécurité lui permettant de décider après coup s'il doit venir en aide à Kyiv.

Le premier ministre Carney avait mentionné dimanche que le Canada travaillait à l'élaboration de garanties de sécurité pour l'Ukraine avec ses dizaines d'alliés membres de la «Coalition des volontaires», pro-ukrainienne.

Il avait alors précisé qu'il n'exclurait pas la présence de troupes.

Si le Canada envisageait de mettre sur la table un éventuel déploiement de troupes en Ukraine, il faudrait une discussion plus claire, compte tenu des enjeux et des compromis considérables, surtout après des décennies de sous-financement de l'armée, qui souffre actuellement de problèmes de recrutement et de rétention, ainsi que de multiples problèmes d'équipement, selon M. Massie.

«Si le pire scénario se produit, où l'Europe est en guerre contre la Russie, nous ne sommes pas du tout prêts, a-t-il avancé. Je ne pense pas que nous soulevions ces questions, mais que nous essayions simplement de faire preuve de solidarité sans réfléchir aux conséquences de ces choix.»

Les plans de défense régionale de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) reposent sur l'aide des États-Unis à l'Europe en cas de conflit majeur, a expliqué M. Massie, mais le président américain Donald Trump a fait part à plusieurs reprises de doutes sur sa volonté d'agir en ce sens.

David Perry, président de l'Institut canadien des affaires mondiales, a souligné ne pas avoir vu le premier ministre prendre position de manière explicite sur un éventuel déploiement, et que la manière dont l'armée maintiendrait une présence importante sur place demeurait incertaine.

«Les ressources disponibles sont plutôt limitées par rapport à ce dont nous disposons actuellement, a-t-il affirmé. Je pense que, fondamentalement, pour déployer des troupes d'envergure sur le terrain, nous devrions retirer des troupes de Lettonie, du moins à court terme.»

Des rapports internes du ministère de la Défense nationale ont averti que les exigences opérationnelles actuelles mettent les Forces armées canadiennes à rude épreuve.

Le plan ministériel annuel de la Défense nationale, publié en juin, prévient que l'Armée canadienne a «actuellement atteint sa limite de durabilité en matière de génération de forces».

L'armée canadienne compte déjà environ 2000 soldats déployés en Lettonie, la plus importante mission du Canada à l'étranger, mais elle ne dispose que d'environ 13 000 soldats déployables au total.

M. Perry a indiqué qu'un petit effectif spécialisé semble beaucoup plus probable qu'un soutien important, mais que beaucoup dépendrait de facteurs indépendants de la volonté du Canada, comme les changements au cours de la prochaine année et la façon dont ses alliés choisiraient de procéder.

Il a cité divers exemples de contributions potentielles, comme le soutien au leadership et la neutralisation des munitions non explosées.

Le ministre de la Défense, David McGuinty, s'est dit sûr que l'armée canadienne aurait la capacité d'envoyer des troupes dans l'Ukraine d'après-guerre.

«Le premier ministre a été clair hier sur la question de la présence des Forces canadiennes sur le terrain. Il a dit qu'il ne l'excluait pas, et il s'exprimait dans le contexte de toute une série de réponses possibles pour continuer à fournir l'aide que nous fournissons et qui pourrait, par exemple, jouer un rôle accru en matière de renseignement, de soutien logistique, d'équipement et de soutien financier», a déclaré M. McGuinty.

«Il s'exprimait dans le contexte de toute une série de possibilités, et il est très difficile de préjuger de leur issue. Nous verrons comment la situation évoluera avec le temps, mais nous espérons que la paix viendra», a-t-il ajouté.

Avec des informations de Craig Lord, à Varsovie, pour La Presse canadienne

Kyle Duggan

Kyle Duggan

Journaliste

Alain Rayes

Alain Rayes

Chroniqueur