L'Assemblée générale des Nations unies a voté vendredi à une écrasante majorité en faveur d'une solution à deux États au conflit israélo-palestinien et a exhorté Israël à s'engager en faveur d'un État palestinien, auquel le premier ministre Benyamin Nétanyahou s'oppose avec véhémence.
L'organisation mondiale, forte de 193 membres, a approuvé une résolution non contraignante approuvant la «Déclaration de New York», qui définit un plan progressif pour mettre fin à un conflit qui dure depuis près de 80 ans. Le vote s'est soldé par 142 voix pour, 10 contre et 12 abstentions.
Quelques heures avant le vote, M. Netanyahou a soutenu qu'«il n'y aura pas d'État palestinien». Il s'est exprimé lors de la signature d'un accord d'extension des colonies qui divisera la Cisjordanie, dont les Palestiniens insistent sur le fait qu'elle doit faire partie de leur État.
La résolution a été portée par la France et l'Arabie saoudite, qui ont coprésidé fin juillet une conférence de haut niveau sur la mise en œuvre d'une solution à deux États, au cours de laquelle la déclaration a été approuvée.
La guerre dans la bande de Gaza, qui dure depuis près de deux ans, et le conflit israélo-palestinien dans son ensemble devraient figurer en tête de l'ordre du jour des dirigeants mondiaux lors de leur réunion annuelle à l'Assemblée générale, qui débutera le 22 septembre. Les Palestiniens espèrent qu'au moins dix autres pays reconnaîtront l'État de Palestine, s'ajoutant aux plus de 145 pays qui l'ont déjà fait.
Riyad Mansour, l'ambassadeur palestinien auprès des Nations unies, a indiqué que le soutien à la résolution reflète «l'aspiration de presque tous, de la communauté internationale, à ouvrir la voie à la paix».
Sans nommer Israël, il a souligné que «nous invitons un parti qui continue de prôner la guerre et la destruction, et qui tente d'éliminer le peuple palestinien et de voler ses terres, à écouter la raison, à écouter la logique d'un traitement pacifique de cette question, et à écouter le message fort qui a résonné aujourd'hui à l'Assemblée générale».
L'ambassadeur d'Israël auprès des Nations Unies, Danny Danon, a toutefois qualifié la résolution de «théâtrale», affirmant que le Hamas en serait le seul bénéficiaire.
«Cette déclaration partiale ne restera pas dans les mémoires comme un pas en avant vers la paix, mais seulement comme un nouveau geste creux qui affaiblit la crédibilité de cette assemblée», a-t-il soutenu.
Les États-Unis, plus proche allié d'Israël, ont réitéré leur opposition à la «Déclaration de New York» et à la résolution de l'Assemblée générale approuvant la mise en œuvre de la solution à deux États.
La résolution «constitue un nouveau coup de publicité malavisé et inopportun qui sape les efforts diplomatiques sérieux visant à mettre fin au conflit, a avancé Morgan Ortagus, conseiller de la mission américaine».
«Ne vous y méprenez pas, cette résolution est un cadeau au Hama.»
De nombreuses condamnations
La déclaration condamne «les attaques commises par le Hamas contre des civils» dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, une condamnation rare du Hamas par les pays arabes. Les militants du Hamas ont tué environ 1200 personnes, principalement des civils israéliens, et pris près de 250 otages. Parmi eux, 48 sont toujours détenus, dont une vingtaine seraient en vie.
Elle condamne également les attaques israéliennes contre les civils et les infrastructures civiles à Gaza, ainsi que le «siège et la famine qui ont engendré une catastrophe dévastatrice et une crise de protection». L'offensive israélienne contre le Hamas a tué plus de 64 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui ne fait aucune distinction entre civils et combattants.
La déclaration prévoit que l'Autorité palestinienne gouvernera et contrôlera l'ensemble du territoire palestinien, avec la création immédiate d'un comité administratif de transition sous son égide après un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
«Dans le contexte de la fin de la guerre dans la bande de Gaza, le Hamas doit mettre fin à son autorité dans la bande de Gaza et remettre ses armes à l'Autorité palestinienne», précise la déclaration.
Elle soutient aussi le déploiement d'une «mission internationale temporaire de stabilisation» opérant sous l'égide de l'ONU pour protéger les civils palestiniens, soutenir le transfert de la sécurité à l'Autorité palestinienne et fournir des garanties de sécurité à la Palestine et à Israël, «y compris la surveillance du cessez-le-feu et d'un futur accord de paix».
La déclaration exhorte les pays à reconnaître l'État de Palestine, la qualifiant de «composante essentielle et indispensable à la réalisation de la solution à deux États». Sans nommer Israël, mais en y faisant clairement référence, le document affirme que «les actions unilatérales illégales constituent une menace existentielle pour la réalisation de l'État indépendant de Palestine».
