Des manifestants propalestiniens ont dénoncé vendredi la présence de l'équipe Israel-Premier Tech (IPT) au Grand Prix cycliste de Québec.
Ils ont appelé à ne pas voter pour le maire sortant Bruno Marchand, en campagne pour sa réélection, parce que selon eux, il ne condamne pas fermement ce que des experts et des associations internationales ont qualifié de génocide dans la bande de Gaza.
Ils n'entendaient pas toutefois perturber la tenue de la compétition sportive, comme cela est arrivé dans d'autres pays auparavant.
Le maire aurait dû refuser la présence de l'équipe, a dit une des militantes, Marjorie Laclotte-Shehyn, dans une entrevue avec La Presse Canadienne.
«C'est une forme de complicité, parce que c'est une forme de normalisation», a-t-elle déclaré, en accusant aussi le Canada et le Québec d'être complices.
IPT n'est pas financée par l'État d'Israël, mais par le milliardaire d'origine québécoise Sylvan Adams, installé dans ce pays depuis des années.
L'équipe avait modifié son nom et son maillot pour n'arborer que l'abréviation IPT et enlever toute référence à Israël, en vue d'éviter des incidents, comme ceux qui s'étaient produits à la Vuelta d'Espagne.
Mais cela n'est pas suffisant aux yeux des manifestants, environ une trentaine, qui étaient réunis en matinée le long du parcours, avant la course, près du parlement.
«Pourquoi on bannit les Russes à la suite de l'invasion illégale de l'Ukraine, mais vous permettez à Israël de concourir?» a demandé Mme Laclotte-Shehyn, qui est étudiante au doctorat.
Dans une lettre transmise à M. Marchand, ils soutiennent qu'IPT est un outil de propagande utilisé pour redorer l'image d'un État accusé de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité, dont des actes de génocide.
«Je pense que les cyclistes sont utilisés comme vitrine politique pour blanchir l'État qui commet un génocide», a plaidé Mme Laclotte-Shehyn, qui a animé le petit groupe mais a refusé de se définir comme porte-parole.
«On est conscient que les athlètes ne sont pas des politiciens, mais ils font quand même le choix conscient de représenter un État.»
Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) a tenu à dénoncer l'action des militants pro Palestine en les qualifiant d'«extrémistes» qui agissent comme des intimidateurs («bullies»).
«Que comptent faire les bullies? Ils veulent bloquer et mettre en danger les coureurs», a réagi un porte-parole du CIJA, Julien Corona, sur une tribune du web.
Montréal
Des manifestants veulent aussi faire entendre leur point de vue au Grand Prix cycliste de Montréal qui aura lieu dimanche.
Trois groupes, Bikers4Palestine, Palestiniens et Juifs unis (PAJU) et le Collectif Désinvestir pour la Palestine, ont annoncé qu'ils allaient manifester au pied du Mont-Royal, à proximité du circuit qu'emprunteront les athlètes.
Ils soutiennent que l'équipe IPT agit comme un outil de «blanchiment sportif», un calque de l'anglais «sportswashing», une expression utilisée lorsqu'une organisation a recours à une activité sportive pour améliorer sa réputation et camoufler ses méfaits.
Sylvan Adams est un Israélien d'origine québécoise dont la fortune est évaluée à plus d'un milliard de dollars. Amateur de cyclisme, il est des commanditaires principaux de l'équipe.
Plus tôt en septembre, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou lui a exprimé son soutien, parce qu'il a refusé de retirer son équipe des épreuves sportives malgré les manifestations des opposants.
L'autre commanditaire principal de l'équipe est Premier Tech. C'est une grande entreprise québécoise dont le siège se trouve à Rivière-du-Loup.
Elle conçoit une vaste gamme de produits, des systèmes automatisés destinés entre autres à l'industrie manufacturière, des produits qui servent aussi à la gestion et l'assainissement des eaux, ainsi que toutes sortes de produits utilisés en agriculture, des engrais, etc.

