Économie

L’alimentation demeure la principale préoccupation financière des ménages canadiens

«Les gens font des compromis au quotidien.»

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(Graeme Roy | La Presse canadienne )

Une enquête sur la perception des Canadiens quant à l'accessibilité alimentaire et leurs habitudes d'achat suggère que les consommateurs ont modifié leurs habitudes de magasinage, de cuisine et de consommation en raison de la hausse des prix.

Selon la plus récente édition de l'Indice canadien de sentiment alimentaire, publiée par le Laboratoire d'analyse agroalimentaire de l'Université Dalhousie en partenariat avec la plateforme de données en ligne Caddle, l'alimentation demeure la principale préoccupation financière des ménages canadiens.

Plus de quatre répondants sur cinq ont indiqué qu'il s'agit de leur principale source de dépenses. Bien que ce pourcentage soit en baisse par rapport aux 84,1 % des répondants d'il y a un an, il surpasse toujours largement les autres dépenses courantes, comme les services publics, les articles et fournitures ménagers, le logement, le transport et les loisirs.

La moitié des quelque 3000 répondants à l'enquête menée le mois dernier ont déclaré que le coût des aliments avait augmenté «considérablement» au cours de la dernière année, tandis qu'un peu plus du tiers a indiqué que leurs dépenses alimentaires avaient légèrement progressé et près de 12 % ont mentionné qu'elles étaient restées stables.

Environ 20 % des Canadiens disent dépenser plus de 600 $ par mois en alimentation à la maison, ce qui représente une légère hausse par rapport au dernier indice bisannuel de la confiance alimentaire, publié au printemps. Par ailleurs, 46,4 % d'entre eux dépensent entre 300 $ et 600 $ mensuellement.

Statistique Canada a indiqué plus tôt cette semaine que les prix des aliments achetés à l'épicerie ont connu une hausse de 3,4 % sur un an en octobre, par rapport à 4 % en septembre.

Ce ralentissement s'explique par la baisse des prix des légumes frais et d'une catégorie comprenant principalement des aliments transformés, mais les hausses de prix plus importantes du poulet frais et congelé ont atténué la baisse.

La croissance du coût des produits d'épicerie a dépassé l'inflation annuelle globale de 2,2 % pour le mois.

Près de la moitié des personnes interrogées dans le cadre de l'indice ont modifié leurs habitudes d'achat en raison de l'inflation des prix des aliments, en recherchant les rabais. Environ 23 % ont essayé d'utiliser davantage de coupons, de magasiner en ligne pour obtenir de meilleurs prix ou de fréquenter des magasins moins chers.

«Les gens font des compromis au quotidien: ils changent de marque, réduisent la variété de leurs achats, cuisinent davantage à la maison ou reportent tout simplement leurs achats», a expliqué Stacey Taylor, coauteure du rapport.

«Les données révèlent un changement clair: le prix abordable est désormais le principal critère de choix pour la plupart des consommateurs en matière d'alimentation.»
- Stacey Taylor, coauteure du rapport de l'Indice canadien de sentiment alimentaire

Parmi les autres stratégies courantes de réduction des coûts, on retrouve la diminution des achats de produits non essentiels, comme la crème glacée, le choix de marques moins chères et la réduction des achats d'aliments haut de gamme, comme la viande ou les fruits.

Les Canadiens semblent également limiter leurs dépenses au restaurant et pour les plats à emporter afin de faire face à la hausse des coûts. Environ le tiers des répondants dépensent moins de 50 $ par mois en nourriture au restaurant et près du quart dépensent entre 51 $ et 100 $.

Le rapport constate aussi que la confiance envers les grandes chaînes de distribution alimentaire continue de s'éroder. De plus en plus de Canadiens se sentent déconnectés de la façon dont les prix sont fixés et sont frustrés par le manque de transparence. Parallèlement, l'appui aux aliments cultivés et créés au Canada est en hausse.

«Les Canadiens s’adaptent, mais ils sont épuisés. Ce que révèle ce rapport, ce n’est pas seulement de la frustration face aux prix, mais une préoccupation plus profonde concernant l’équité, la transparence et l’avenir de notre économie alimentaire», a souligné Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire d’analyse agroalimentaire et auteur principal de l’étude.

«Un des points positifs est le regain d’enthousiasme pour les produits canadiens, a-t-il précisé dans un communiqué. De nombreux ménages voient l’achat local comme un moyen de reprendre le contrôle de leur budget, en soutenant les agriculteurs, les transformateurs canadiens et en contribuant à renforcer la souveraineté alimentaire du Canada.»

Sammy Hudes

Sammy Hudes

Journaliste