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Mini agences: la SAQ prend un pas de recul pour faire plus de consultations

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45307e2c540bdc8c068533b2b540ecefae932af5c5d22c59ab257d81674144bc.jpg La Société des alcools du Québec (SAQ) met sur la glace son intention d’ouvrir une centaine de mini agences en milieu urbain. Un client rentre dans une succursale traditionnelle de la SAQ à Montréal le mardi 4 mars 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi (Christinne Muschi | La Presse canadienne)

La Société des alcools du Québec (SAQ) met sur la glace son projet d’ouvrir une centaine de mini agences en milieu urbain, le temps de faire plus de consultations. 

Le concept de mini agences qui offre une sélection «de dépannage» d’une trentaine de produits dans des épiceries et dépanneurs situés en milieu urbain n’est pas abandonné pour autant. «La SAQ maintient l’intention d’aller de l’avant avec son projet de mini agences», a précisé la porte-parole de la SAQ, Linda Bouchard, par courriel. 

La société d’État veut se donner plus de temps pour consulter les parties prenantes, notamment au sujet de la santé publique quant à son nouveau concept. «La SAQ procède avec ce projet en mode pilote avec l’objectif d’être à l’écoute, d’apprendre et de s’ajuster au besoin afin d’assurer le succès du projet», a expliqué Mme Bouchard. 

Aucun échéancier n’a été déterminé quant à la durée de cette consultation. 

La SAQ a ajouté huit mini agences à son réseau depuis le printemps dernier. La société d’État affirme que les résultats de ces projets pilotes sont «concluants». 

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L’idée derrière les mini agences est de s’adapter aux comportements de consommation des jeunes adultes «qui ne veulent pas faire l’effort d’aller en succursale», en offrant un service de proximité, avait expliqué le PDG, Jacques Farcy, en entrevue, en mars.

Le Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ, affiliée à la CSN, a dénoncé le concept qu’il voit comme une privatisation des activités de la société d’État. 

Les dépanneurs et les épiceries peuvent déjà vendre certaines boissons alcoolisées, comme la bière, le cidre ou certains vins. Ces établissements ont déjà des obligations prévues par la loi, notamment la vérification de l’âge des clients.   

Le président du syndicat, Martin Lachance, juge toutefois qu’une mini agence dans une épicerie ou un dépanneur n’aurait pas la même rigueur pour assurer la vente responsable d’alcool qu’en succursale où les employés sont formés. 

«On trouve ça aussi un petit peu aberrant que l'alcool fort et des prêts-à-boire qui visent les "Gen Z" (les jeunes adultes) se vendent en dépanneur partout en ville jusqu'à 11 heures le soir», a-t-il déploré en entrevue. 

«En fait, c’est extrêmement préoccupant pour nous, tant pour la santé que pour la sécurité de la population», a-t-il ajouté. 

Pour l’association des détaillants en alimentation du Québec (ADA), ses membres sont «un outil indispensable et complémentaire» aux succursales de la SAQ.

L’association a salué l’oreille tendue, tandis que l’industrie a des préoccupations sur la manière dont les épiceries et dépanneurs seront choisis. 

«Il y a un risque d'iniquité entre détaillants, avec ou sans mini agence, dans un même secteur, a souligné le PDG de l’ADA, Pierre-Alexandre Blouin, dans un courriel. Pourquoi ne pas permettre à l'ensemble des détaillants alimentaires d'élargir leur offre au bénéfice de tous les consommateurs?»

Pour sa part, M. Lachance a salué, lui aussi, la consultation, mais il s’inquiète du fait que la SAQ réitère son intention d’aller de l’avant.  

«Ce qu'on comprend avec le message, c'est que la SAQ va essayer de s'asseoir sur les règles de la santé publique pour dire: "Regardez, on est en accord avec la Santé publique. Donc, on peut procéder", a avancé M. Lachance. C'est sûr que, nous, on trouve ça inquiétant, pour le moment.»

Stéphane Rolland

Stéphane Rolland

Journaliste