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La ministre Joly accuse le PQ de vouloir «lancer» le Québec dans les bras de Trump

«Le chef du PQ veut donner le Québec à Donald Trump.»

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3d9cccd977c28d3fbb404b9ff09622f16fa490906cd4fdea5df6fb92e32921ee.jpg La ministre de l'Industrie, Mélanie Joly, se lève pendant la période de questions, sur la Colline du Parlement à Ottawa, le lundi 17 novembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld (Adrian Wyld / La Presse Canadienne)

La ministre fédérale de l'Industrie, Mélanie Joly, s'inquiète d'entendre le chef péquiste prôner un «plus grand rapprochement» avec les États-Unis si le Québec devenait un pays indépendant.   

Selon elle, «le chef du Parti québécois (PQ) veut donner le Québec à Donald Trump, le lancer dans les bras» du président américain. 

«Il veut faire en sorte que le Québec soit beaucoup plus affaibli face à une Amérique qui est en train d'avoir énormément de pouvoirs et qui veut faire sa propre loi à travers le monde», a affirmé Mme Joly, en marge d'une réunion du cabinet, mardi matin. 

Depuis quelques semaines, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, dévoile graduellement le contenu de son Livre bleu sur le Québec souverain. Il a présenté au début du mois un résumé d'un volet portant sur les relations internationales. 

M. St-Pierre Plamondon a dit que le Québec a tout intérêt à avoir des relations «directes et constructives» avec les États-Unis, même dans le contexte d'instabilité actuelle. Selon lui, le Canada ne constitue plus un «bouclier», mais une «cacophonie».

«Nous avons intérêt à parler de notre propre voix, et d'avoir une diplomatie à Washington. Une diplomatie, qui va être moins arrogante et beaucoup plus terre à terre que la diplomatie du Canada au cours des dernières années», avait-il soutenu en conférence de presse. 

Le chef souverainiste prévoit par ailleurs faire une tournée aux États-Unis au début de 2026. 

Ce «plus grand rapprochement» que souhaite le PQ avec nos voisins du Sud «inquiète énormément» la ministre Joly. «Au moment même où la souveraineté canadienne, de façon générale, est mise à mal par les États-Unis», ajoute l'élue libérale. 

Réagissant aux propos de la ministre, le député péquiste Alex Boissonneault avance que «la seule personne qui est en train de donner le Québec à Donald Trump, c'est Mark Carney et le Parti libéral du Canada (PLC)». 

Le PLC a, selon lui, «passé à la trappe les intérêts du Québec» et ses promesses électorales liées aux négociations avec Trump.

«Où sont les contre-tarifs promis en campagne, avant de finalement reculer sans obtenir la moindre garantie? Et pourquoi ce silence sur le bois québécois, alors qu’on vous entend très bien défendre les intérêts économiques des autres provinces?», a-t-il écrit sur le réseau social X. 

Mme Joly s'en est aussi pris à l'idée de la formation souverainiste de créer une monnaie québécoise, à la suite d'une victoire du Oui à un référendum sur la souveraineté.

Mme Joly estime que les Québécois verront leur pouvoir d'achat réduit si un tel scénario devait se concrétiser. 

«On sait que n'importe quelle monnaie est en fonction de la taille de l'économie. Et la taille de l'économie québécoise, bien qu'importante, elle est somme toute beaucoup plus petite que celle du Canada», a fait valoir la ministre, qui dit avoir comme objectif «de faire en sorte que le Québec ait davantage de pouvoirs» et «une meilleure économie».

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, estime que Mme Joly «a peut-être fait une lecture diagonale et hostile» des propositions du PQ. Il a laissé entendre que la ministre mise sur la peur. 

«Quand tu mets ce qu'elle a dit sur la capacité du Québec un jour à avoir sa propre monnaie, et Donald Trump, dans la même phrase, tu prends un grand risque. Parce que la stratégie de la peur, c'est celle de M. Trump à date, et ça marche», a dit aux journalistes parlementaires M. Blanchet.

Bien qu'il penche pour une monnaie québécoise, le PQ mettrait sur pied une commission indépendante qui devra faire ses propres recommandations après que le Québec soit devenu un pays. Celle-ci pourrait ainsi ne pas suggérer la création d'une devise québécoise.

Frédéric Lacroix-Couture

Frédéric Lacroix-Couture

Journaliste