La semaine dernière, les agents de bord d'Air Canada ont refusé de se conformer à un ordre fédéral de retour au travail, prolongeant ainsi leur grève suffisamment longtemps pour obtenir un nouvel accord avec leur compagnie aérienne. Et cela pourrait intéresser le syndicat représentant les postiers canadiens, dont la grève a été suspendue à la fin de l'année dernière par un mandat fédéral similaire, selon une avocate spécialisée en droit du travail à Toronto.
«Je pense que tous ceux qui travaillent dans un contexte syndiqué, en particulier à Postes Canada, suivent de près ce qui se passe chez Air Canada», a expliqué Me Lily Coodin jeudi lors d'une interview à CTV Your Morning. «Si vous êtes un syndicat engagé dans des négociations en ce moment, vous vous demandez : "Est-ce une tactique que je pourrais utiliser à l'avenir?"»
Ce texte et une traduction d'un article de CTV News.
Les agents de bord ont commencé à faire grève dans la nuit de samedi après l'échec des négociations contractuelles, principalement au sujet de la rémunération du travail effectué avant et après le décollage.
La grève, qui selon la compagnie aérienne a cloué au sol des centaines de vols et perturbé les plans de voyage de plus de 100 000 passagers, a duré moins d'une journée avant que le gouvernement n'intervienne.
La ministre fédérale de l'Emploi, Patty Hajdu, a annoncé samedi après-midi qu'elle ordonnait la reprise des opérations en vertu de l'article 107 du Code canadien du travail, prolongeant ainsi la convention collective précédente et organisant un arbitrage exécutoire afin de déterminer un nouveau contrat.
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Les agents de bord ont rejeté ces ordres et ont poursuivi leur grève sous la menace d'amendes et d'emprisonnement jusqu'à ce qu'ils parviennent à un nouvel accord provisoire avec Air Canada mardi, en attendant le vote du syndicat.
Le gouvernement avait pris une décision similaire à la fin de l'année dernière, à la suite d'une grève d'un mois du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes du Canada (STTP), mais alors que les négociations avec Postes Canada s'éternisent, des questions se posent quant à la législation qui les a contraints à revenir à la table des négociations.
«Les gens se demandent: quelle est la valeur de l'article 107 si un syndicat peut dire "nous n'aimons pas cette décision et nous ne la respecterons pas"?», a demandé Me Coodin. «Tout le monde en prend bonne note, et nous verrons probablement d'autres cas similaires à l'avenir.»
L'avocate a ajouté que, historiquement, l'article 107 tend à favoriser les employeurs, car il affaiblit le pouvoir des syndicats d'exercer des pressions par le biais de grèves.
«Si vous supprimez cette capacité de faire grève, qui est d'ailleurs un droit protégé par la Constitution, le syndicat perd un outil majeur», a-t-elle dit. «Cela tend à être plus favorable à l'entreprise.»
Plus tôt cette semaine, la présidente du Congrès du travail du Canada, Bea Bruske, a qualifié cet article de la loi de «pratiquement caduc», maintenant que les agents de bord ont montré qu'il était payant d'ignorer l'ordre.
«Les syndicats, les travailleurs et le mouvement syndical ont été encouragés par cette décision et nous n'allons pas faire marche arrière», a-t-elle déploré mardi à la Presse canadienne lors d'une entrevue.
Au cours des derniers mois, le STTP a rejeté ce que Postes Canada a qualifié d'offre finale, mais le syndicat est depuis revenu avec une nouvelle contre-offre, et on ne sait toujours pas si une reprise de la grève est à prévoir.
Avec des informations de La Presse canadienne


