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Air Canada contre ses agents de bord: qui a gagné?

Autopsie d’un affrontement aux nombreux dommages moraux et financiers pour «tout le monde».

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Air Canada contre ses agents de bord: qui a gagné? Air Canada contre ses agents de bord: qui a gagné?

La pression était forte, très forte entre Air Canada et ses agents de bord avant qu’une entente de principe ne soit finalement conclue et annoncée mardi, au petit matin. L'affrontement ne pouvait plus durer, et voici pourquoi, selon un ancien dirigeant du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

«Quand on est rendu à un extrême comme ça, où les syndicats défient des ordonnances… c'était sans précédent; Air Canada, c'était catastrophique [pour] son image sur la place publique», a expliqué l’expert en relations publiques Marc Ranger dans un entretien avec Noovo Info.

M. Ranger a été le directeur québécois du SCFP, le même syndicat qui représente les agents de bord d’Air Canada. «Chaque journée qui passait, il y avait davantage de dommages», ajoute-t-il!

Car oui, jusqu’ici, les dommages autant financiers que moraux ont été largement documentés dans ce conflit – des voyageurs coincés à l’étranger aux pertes de revenus d’Air Canada en raison de vols annulés, en passant par le calvaire vécu par certains agents de bord.

Et si le conflit ne se réglait pas, une autre tuile allait tomber sur la tête de toutes les parties prenantes dans le dossier: des amendes. Le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a rendu sa décision pour déclarer la grève illégale, lundi.

Heureusement pour tout le monde, le CCRI n’avait pas encore déposé sa décision devant la cour fédérale au moment de l’entente.

«À partir du moment où il déposait sa décision, ça devenait force de loi», souligne M. Ranger. «Et là, les amendes s'appliquaient dans leur totalité. Et ça faisait mal.»

Les agents de bord d’Air Canada seront-ils payés pour leur travail au sol?

L’ex-directeur québécois du SCFP croit donc que le CCRI a «donné de l'oxygène à la négociation», remportée par… Mais qui a «gagné», au final?

Il était trop tôt pour porter ce genre de jugement au moment d’écrire ces lignes, car le contenu de l’entente de principe entre Air Canada et ses agents de bord n’était pas encore connu. «Tout le monde» était «dans le pétrin», croit Marc Ranger.

On sait toutefois que la rémunération des employés «au sol» était névralgique. D’un côté, les agents de bord clament ne pas être payés pour leur travail quand ils ne sont pas en vol; de l’autre, Air Canada estime inclure le travail au sol dans ses clauses.

Selon Marc Ranger, cette question est aujourd’hui «réglée», bien qu’aucun détail n’avait encore fuité mardi. L’expert note cependant que l’arrivée au dossier de William Kaplan, un médiateur d’expérience qui a aussi été impliqué dans la grève chez Postes Canada. «Lui, il savait très bien, c'était quoi les règles autour du temps de travail non rémunéré au sol, qui est la clé pour cette entente de principe là, j'en suis certain.»

D’ici à ce qu’une nouvelle entente de travail soit ratifiée, Air Canada reprend graduellement ses activités normales, mais le retour de toute la flotte d’avions de la compagnie aérienne dans le ciel ne sera pas complété avant sept à 10 jours, selon le vice-président aux communications corporatives, Christophe Hennebelle.

D’après Marc Ranger, un tel scénario aurait pu être évité, certes parce qu’Air Canada a pris une «mauvaise décision» en misant sur l’intervention du gouvernement pour forcer l’arbitrage sans négocier, mais également parce que la ministre du Travail, Patty Hajdu, est intervenu au jour 1, aux premières heures du déclenchement du conflit – une «grave erreur»,  selon l’ex-directeur québécois du SCFP.

«C'est un dossier qui est un gâchis, un gâchis qu'elle a pu être évité», dit M. Ranger. Voyez son explication dans la vidéo.

Lili Mercure

Lili Mercure

Vidéjournaliste