Les deux enfants de Carolina Godoretsky, âgés de 11 et 14 ans, devaient rentrer chez eux à Toronto mercredi après avoir passé leurs vacances d'été avec leurs grands-parents en Europe, mais leur vol fait partie des nombreux vols annulés par Air Canada en raison de la grève des agents de bord. Leur retour n'est pas prévu avant une semaine.
«Je pense que le plus difficile, c'est vraiment pour les enfants de rester et d'attendre une semaine pour leur vol de retour. C'est très différent pour les adultes. Si j'étais là-bas, et croyez-moi, s'il y avait un vol pour les ramener à Toronto, je l'aurais pris. Mais cela devient vraiment très difficile», a expliqué Mme Godoretsky à CTV News Toronto dans une entrevue mercredi.
Ce texte ext une traduction d'un article de CTV News.
Les deux enfants de Carolina Godoretsky, Michelle et Tom, se sont envolés pour Prague le 8 août afin de passer des vacances avec leurs grands-parents, qui arrivaient d'Israël dans la capitale tchèque pour les rejoindre. M. Godoretsky affirme qu'ils ont pris l'avion sans problème avec Air Canada en tant que mineurs non accompagnés.
Les enfants âgés de 8 à 11 ans qui voyagent seuls doivent passer par le service d'accompagnement des mineurs non accompagnés, indique le site web d'Air Canada. Ce service est facultatif pour les jeunes âgés de 12 à 17 ans.
Grâce à ce service, le personnel de la compagnie aérienne et de l'aéroport les accompagne du début à la fin de leur voyage, en veillant à ce qu'ils soient réunis en toute sécurité avec leur tuteur désigné à leur destination finale. Les mineurs non accompagnés ne sont également autorisés à voyager que sur des vols directs.
«Nous voulons simplement qu'ils rentrent à la maison, et ce, le plus rapidement et le plus sûrement possible, bien sûr.»
Le vol des enfants Godoretsky était initialement prévu mercredi à 13h40, heure locale, mais il a été annulé en raison de la grève des agents de bord, qui ont formé des piquets de grève pour réclamer des salaires plus équitables et une rémunération pour le travail qu'ils effectuent au sol avant le décollage de l'avion.
Environ 10 000 agents de bord ont rejoint les piquets de grève samedi matin et, à peine un jour plus tard, la ministre de l'Emploi, Patty Hajdu, leur a ordonné de reprendre le travail en invoquant une disposition controversée du droit du travail, ce que les membres du syndicat ont refusé de faire. Le syndicat et la compagnie aérienne ont depuis conclu un accord provisoire.
«Nous sommes désolés, ce vol est annulé en raison d'un conflit de travail qui affecte nos opérations. Les conflits de travail sont indépendants de notre volonté et peuvent affecter les horaires de vol avant, pendant et après les périodes d'arrêt ou de ralentissement du travail», indique un courriel automatique envoyé par Air Canada aux enfants de Mme Godoretsky.
Dans ce courriel, consulté par CTV News Toronto, Air Canada indique que son système de réservation recherche des vols «jusqu'à trois jours après» leur annulation, y compris ceux proposés par des compagnies aériennes concurrentes. «Malheureusement, nous n'avons trouvé aucune option disponible qui corresponde à votre itinéraire», indique-t-on par courriel.
Tom et Michelle devaient rentrer à Toronto mercredi prochain, le 27 août, sur un vol qui devait atterrir à Toronto Pearson peu avant 17h.
Cela inquiète la mère, d'autant plus qu'elle dit ne pas avoir réussi à joindre Air Canada malgré ses nombreuses tentatives par téléphone et par courriel. Or, dans le cadre du service d'accompagnement des mineurs non accompagnés, les parents sont tenus de contacter le service de réservation d'Air Canada.
«Je suis vraiment très inquiète», a confié Carolina Godoretsky. «Il y a beaucoup d'incertitude autour de toute cette situation et, en tant que parent, on veut vraiment s'assurer que ses enfants sont en sécurité et peuvent rentrer à la maison comme prévu.»
Pendant que leurs grands-parents s'occupent de Tom et Michelle jusqu'à ce qu'ils puissent rentrer chez eux, Mme Godoretsky dit avoir exploré toutes les pistes possibles pour les ramener à Toronto plus tôt.

«Nous avons besoin d'un vol direct pour les enfants s'ils voyagent seuls. J'ai même cherché dans tous les environs de Toronto, jusqu'à 10 heures de route, y compris aux États-Unis, où je pourrais me rendre en voiture pour aller les chercher à l'aéroport», a ajouté Mme Godoretsky, ajoutant qu'elle n'avait trouvé aucune option qui leur convienne.
Gabor Lukacs, président d'Air Passenger Rights, estime qu'il est «totalement déraisonnable» de la part d'Air Canada de les réserver sur un vol une semaine plus tard, car cela enfreint les dispositions du Code de protection des droits des passagers aériens (APPR) du Canada, qui prévoit un délai de 48 heures après l'heure de départ initiale.
«Ou bien ils (la compagnie aérienne) doivent leur acheter des billets auprès d'un concurrent. Air Canada est également tenue de fournir aux passagers des repas, un hébergement pour la nuit et 600 euros par passager en vertu de la réglementation européenne», a précisé M. Lukacs à CTV News Toronto mercredi.
De son côté, M. Lukacs affirme qu'Air Canada doit explorer les options offertes par les aéroports voisins pour permettre aux enfants Godoretsky de prendre l'avion, et pas seulement à Prague, citant Vienne et Francfort comme options possibles. Le défenseur des droits des voyageurs aériens affirme qu'il n'y a «aucune raison» pour qu'Air Canada ne puisse pas mettre les deux enfants sur un vol plus tôt, ajoutant que ce manquement à ses obligations en vertu de l'APPR pourrait entraîner une amende ou des frais, comme le prévoient les articles 174 et 175 de la Loi sur les transports au Canada.
M. Lukacs recommande à Carolina Godoretsky de se renseigner sur les services proposés par d'autres compagnies aériennes pour les mineurs non accompagnés et de réserver des places sur le prochain vol, même si le coût initial est exorbitant, car Air Canada serait tenue de couvrir les frais supplémentaires.
Dans un courriel adressé à CTV News Toronto, Air Canada a déclaré être en contact avec la famille et avoir trouvé d'autres solutions de transport. «Veuillez noter que cette situation est due à notre politique selon laquelle les mineurs non accompagnés ne peuvent voyager que sur des vols Air Canada sans escale pour des raisons de sécurité», a-t-on expliqué.
Dans une entrevue accordée mardi à la Presse canadienne, Mark Nasr, vice-président exécutif et directeur de l'exploitation d'Air Canada, a déclaré que la compagnie aérienne était « profondément désolée » envers tous ses clients et qu'elle «s'efforçait de rectifier la situation et de leur permettre de poursuivre leur voyage». «Lorsque les clients achètent un billet sur Air Canada, ils font confiance à la marque. Nous avons fait une promesse et nous n'avons pas tenu cette promesse, c'est aussi simple que cela. Nous allons regagner cette confiance et cela va commencer dès maintenant... en remettant les avions dans les airs», a-t-il dit.
Air Canada estime que le retour à un service complet prendra entre 7 et 10 jours.


