La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) réitère son souhait que la CAQ abandonne le projet de loi 106, qui vise entre autres à lier jusqu'à 25 % de la rémunération des médecins de famille à des indicateurs de performance.
Dans une lettre ouverte publiée mercredi, la FMOQ suggère qu'elle a écouté attentivement le discours du premier ministre François Legault à la suite de la défaite de la CAQ dans l'élection partielle d’Arthabaska.
«Le nouveau départ souhaité par le premier ministre devrait être l’occasion d’abandonner ce projet de loi et de poser le bon diagnostic. La vérité toute crue, c’est qu’il manque 2000 médecins de famille au Québec», a écrit dans la lettre le président-directeur général de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot. Il croit par ailleurs que la pénurie s'aggravera dans un avenir proche puisque 22 % des médecins de famille sont âgés de plus de 60 ans et qu'ils risquent de prendre leur retraite bientôt.
Avec le projet de loi 106, qui a été déposé le 8 mai dernier à l'Assemblée nationale, le Dr Amyot déplore que le gouvernement veuille forcer les médecins à faire de la «médecine ''fast food''» en liant la performance des omnipraticiens «non pas sur la qualité et la pertinence des consultations, mais uniquement sur le volume».
À VOIR AUSSI | Ouvert au «changement», Legault compte toujours se présenter aux élections
Selon la FMOQ, le PL106 ferait en sorte que les consultations avec un médecin seraient plus brèves et moins personnalisées afin de répondre à des quotas de volume imposés par le gouvernement. La Fédération s'inquiète aussi que des rendez-vous seraient plus difficiles à obtenir avec un médecin de famille, en particulier pour les personnes considérées en santé ou ayant des affections mineures.
À son entrée au conseil des ministres mercredi matin, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a défendu le projet de loi 106. «Moi aussi, durant l'été, j'ai rencontré plusieurs médecins. J'ai surtout rencontré beaucoup de Québécois qui n'ont pas de médecins de famille et qui ne sont pas pris en charge. Alors je pense que notre projet de loi, il est justifié», a-t-il déclaré aux journalistes.
Négociations houleuses
Rappelons que les négociations pour un nouvel accord-cadre ont débuté en août 2024 entre le gouvernement et les médecins de famille. Les deux parties ont plusieurs points de discorde. La FMOQ se dit prête à s'en remettre à l'arbitrage comme mode de règlement. Le ministre Dubé a répondu «que ça fait longtemps qu'il entend cela» et que sa priorité reste de donner de l'accès aux Québécois.
«J'ai mis un plan de santé en place qui est axé sur — je ne veux pas faire de jeu de mots — sur l'accès. Ce qu'on veut c'est améliorer l'accès, avoir accès à un professionnel, et c'est pour ça que la négo avec les médecins est si importante. C'est un peu la clé de voûte à la réalisation du plan de santé», a fait valoir M. Dubé.
Sa collègue Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, a souligné que son gouvernement avait fait plusieurs accomplissements, mais qu'il restait encore du pain sur la planche. «On a amélioré les services en éducation, on a amélioré les services en santé, mais la demande augmente à une vitesse qui est plus grande, probablement, que les améliorations qu'on est capable de faire pour l'instant. Donc, il faut continuer à travailler», a commenté la ministre.
Dans la lettre ouverte, la FMOQ soulève aussi que le PL106 viendrait «ruiner tout effort de négociation» en raison de l'article 8 qui mentionne que le gouvernement se donne le pouvoir de biffer ou d'ajouter des éléments à une éventuelle entente négociée.

