Société

Travailleur décédé: une seule roue sur six pouvait freiner, conclut la CNESST

C'est l'une des constatations que fait la CNESST dans son rapport sur le décès du travailleur, survenu le 28 août 2024, à Lambton, en Estrie.

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5fb54aefe483f2d81d4aa8f41dc0a5719651618f4cd08f5a9557132b1455b5fc.jpg Une enseigne de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail, photographiée à Laval, le 22 février 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Ryan Remiorz (Ryan Remiorz | La Presse canadienne)

Un travailleur, décédé lorsque le camion à benne qu'il conduisait a manqué de frein et dévalé une pente dans une carrière, conduisait un véhicule dont une seule des six roues était en mesure de freiner.

C'est l'une des constatations que fait la CNESST dans son rapport sur le décès du travailleur, survenu le 28 août 2024, à l'entreprise Giroux & Lessard ltée, à Lambton, en Estrie.

Après avoir vidé son chargement de granulat au sommet d'une colline, le travailleur revenait vers le bas de la carrière. C'est alors qu'il a perdu le contrôle du camion. Il a eu le temps d'en informer ses collègues par radio à fréquence interne. Le camion a dévalé la pente, percuté le sol dans un fossé, puis poursuivi sa course dans une forêt, en fauchant quelques arbres.

Le travailleur avait été transporté par ambulance à l'hôpital, où son décès avait été constaté.

Le rapport de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) précise que l'expertise mécanique du camion à benne a révélé que, «sur les six roues, seule la roue arrière droite était en état de freiner».

De même, des témoins lumineux censés indiquer des anomalies au système de freins étaient «non fonctionnels».

L'expertise a démontré des défaillances antérieures à l'accident «qui aurait nécessité un arrêt immédiat de l'équipement pour des raisons de sécurité», indique la CNESST dans son rapport.

«L'expertise a identifié, de manière non exhaustive, les défaillances suivantes: un tuyau d'arrivée d'huile à frein volontairement fermé par un écrou bouchon, plusieurs réservoirs d'huile à frein vides, la présence de résidus d'huile sur les disques et plaquettes de freins, ainsi que les témoins 3 et 44 non fonctionnels. De plus, plusieurs étriers sont mal fixés et les pneus sont usés au-delà de la limite d'usure permise. Compte tenu de l'état du système de freins, seul le frein de service d'une des six roues était fonctionnel», précise-t-on dans le rapport.

«L'employeur nous a mentionné effectuer l'entretien du tombereau (ce type particulier de camion à benne) selon le manuel d'entretien, mais n'a pas été en mesure de nous transmettre un registre démontrant qu'il a réalisé les mesures à prendre aux 10, 50, 250, 500 et 1000 heures, comme prévu dans le manuel d'entretien», ajoute la CNESST.

Formation et classe du permis de conduire

Le manque de formation du travailleur est aussi identifié comme l'une des causes de l'accident de travail.

La formation du conducteur sur ce type de camion à benne «portant sur les spécificités reliées au freinage et à la conduite de ce type de véhicule est insuffisante», ajoute la CNESST.

Dans la foulée, la Commission recommande de modifier le type de permis requis pour conduire ce type de camion à benne appelé tombereau.

«La CNESST considère qu'un permis de classe 5 est insuffisant pour la conduite du véhicule tombereau. La CNESST recommande à la Société de l'assurance automobile du Québec de réévaluer la classe de permis exigée pour la conduite de ce véhicule-outil, puisque son format nécessite  des compétences et des connaissances particulières à la conduite d'un véhicule lourd.»

Lia Lévesque

Lia Lévesque

Journaliste