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La communauté néo-écossaise se mobilise pour les victimes des incendies de forêt

«Les gens vont se serrer les coudes pour continuer à s'entraider (…). Mais la route est encore longue...»

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Un panneau en reconnaissance des premiers intervenants est visible à l'extérieur de la zone d'évacuation où les pompiers luttent contre l'incendie de Long Lake, dans le comté d'Annapolis, à proximité de la communauté de West Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, le mardi 19 août 2025. (Darren Calabrese/La Presse canadienne)

Les communautés rurales néo-écossaises de la vallée de l'Annapolis, dévastée par l'incendie de Long Lake, se mobilisent pour soutenir les familles contraintes de fuir et celles qui ont perdu leur maison.

Tori Dawson vit dans la petite localité de Paradise, à un peu plus de 10 kilomètres de l'incendie incontrôlable de plus de 82 kilomètres carrés. 

Signalé pour la première fois le 13 août, l'incendie a doublé de taille la fin de semaine dernière en raison des vents secs qui ont propagé les flammes vers les maisons voisines.

Mme Dawson et son mari hébergent leurs amis et leur famille qui ont dû évacuer peu après le début de l'incendie.

«C'était très bouleversant et très stressant, a-t-elle raconté lors d'une entrevue à son domicile samedi. Le stress est encore plus intense, car nous ne pouvons rien faire, c'est totalement hors de notre contrôle. Nous pouvons faire notre possible pour combattre l'incendie et aider notre communauté, mais savoir que la responsabilité incombe entièrement à mère Nature est stressant.»

Tori Dawson a accueilli temporairement ses amis Meghan Yelland et Michael Zeeman, un couple marié qui attend un enfant très bientôt.

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«J'ai rêvé que notre maison brûlait. Puis, au réveil, j'ai appris par Meghan qu'ils avaient perdu leur maison. (…) Meghan doit accoucher dans environ une semaine et demie de leur premier enfant et ils ont perdu tous leurs articles de puériculture», a-t-elle expliqué.

Heureusement, le couple a reçu ces derniers jours une camionnette remplie de produits de première nécessité pour leur nouveau-né afin de remplacer les articles perdus. Une collecte de fonds en ligne organisée par Mme Dawson pour la jeune famille a permis de récolter plus de 18 000 $ en date de samedi après-midi.

«Les gens se sont vraiment mobilisés, a-t-elle témoigné. C'est vraiment incroyable. (…) Sachant que tout le monde est en difficulté financière en ce moment, c'est une période très difficile et incertaine. Mais cela montre finalement bien que les gens veulent simplement aider», a ajouté Mme Dawson.

Nick Bezanson, qui fait partie des 20 ménages de la région qui ont perdu leur maison dans l'incendie, s'est dit touché par l'élan de soutien de la collectivité.

Il a indiqué dans un message sur les médias sociaux qu'il avait reçu de nombreuses offres de logements temporaires et de biens pour remplacer ce qu'ils avaient perdu.

Sa famille et lui se préparaient au pire lorsque l'incendie a pris de l'ampleur la fin de semaine dernière. Il a appris mardi que la maison qu'il partageait avec sa femme, ses trois enfants et ses trois chats avait été détruite dimanche dernier.

«Je suis néanmoins reconnaissant qu'une plus grande partie de la collectivité ait survécu qu'elle n'ait été détruite», a souligné M. Bezanson, saluant le travail acharné des pompiers et des équipes.

Des efforts phénoménaux

Depuis le début de l'incendie, le magasin général et boulangerie Bee's Knees de Lawrencetown, en Nouvelle-Écosse, a modifié ses activités habituelles pour se concentrer sur la préparation de repas pour les pompiers et la distribution gratuite de café et de boissons aux personnes évacuées. 

L'entreprise sert également de point de dépôt pour les dons physiques et s'efforce de distribuer des articles aux personnes dans le besoin.

Lawrencetown se trouve à 20 kilomètres au nord du lieu de l'incendie et une forte odeur de fumée a envahi le secteur samedi. Certains résidents portaient des masques lorsqu'ils marchaient dehors.

Sue Littleton, propriétaire de Bee's Knees avec son épouse Candice Zaina, a mentionné que toute la communauté est préoccupée par la réalité dévastatrice que vivent ses voisins et souhaite les aider du mieux qu'elle peut.

«Lorsqu'il est devenu évident que beaucoup de gens avaient besoin de repas et de soutien, cela a tout de suite semblé logique. Nourrir les gens et partager les ressources est profondément ancré en moi, surtout en temps de crise», a expliqué Mme Littleton samedi.

Dustin Enslow, préfet adjoint de la municipalité du comté d'Annapolis, a affirmé que les efforts de la communauté pour se soutenir mutuellement étaient phénoménaux.

«Nous entrons dans la troisième semaine de cette crise et nous continuons de constater un soutien communautaire important (…), c'est incroyable », a-t-il déclaré samedi lors d'une entrevue.

Richard Roscoe, qui vit à Lawrencetown, a souligné que la communauté, très unie, travaille d'arrache-pied pour identifier les personnes ayant besoin d'un endroit où loger et s'assurer que chacun dispose de ce dont il a besoin pendant que l'incendie fait rage.

M. Roscoe a expliqué que le nuage de fumée persistant a rendu la respiration de sa femme asthmatique très difficile. Ils s'attendent à devoir composer avec cette situation pendant des semaines.

«Les gens vont se serrer les coudes pour continuer à s'entraider (…). Mais la route est encore longue (…). Le feu ne s'éteindra pas la semaine prochaine, il continuera à brûler pendant un certain temps. C'est un marathon, pas un sprint», a-t-il indiqué.