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Des projets subventionnés pour faire face à l'itinérance à Montréal et un «top gun» réclamé à Québec

La mairesse Valérie Plante a aussi réclamé la nomination d'un «top gun» de l'itinérance au gouvernement provincial.

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Des projets subventionnés pour faire face à l'itinérance à Montréal Des projets subventionnés pour faire face à l'itinérance à Montréal

La Ville de Montréal souhaite investir près de 22,5 millions de dollars (M$), sur trois ans, dans 42 projets proposés par 39 organismes communautaires visant à lutter contre l'itinérance dans la métropole. Le comité exécutif prévoit de les analyser le 20 août, a-t-on annoncé mardi matin. La mairesse Valérie Plante en a profité pour réclamer à Québec la nomination d'un top gun pour gérer ce type de dossier. 

«Nous soutenons les organismes communautaires qui portent à bout de bras des services essentiels», a expliqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante. «Les actions que nous finançons contribueront à mieux accompagner les personnes vulnérables, à renforcer les efforts de cohabitation dans nos quartiers, et à appuyer les acteurs de première ligne.»

Parmi les projets retenus, la Ville évaluera notamment le déploiement de navettes pour personnes en situation d'itinérance en 2026. Porté par Projets Autochtones du Québec, Mission Old Brewery et  L’Amour en Action, ce projet facilitant l’accès aux ressources essentielles pour les personnes en situation d’itinérance pourrait obtenir près de 700 000 $ en subventions.

Le comité exécutif se penchera également sur l’octroi de 450 000 $ au Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal et au Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal pour les aider à continuer d’exercer leur expertise et leur collaboration avec les services municipaux dans la mise en place de solutions concrètes. 

Ces fonds octroyés par la Ville de Montréal proviennent du programme municipal Itinérance et milieux de vie inclusifs, dont le deuxième appel s’est conclu le 19 juin dernier.

Un top gun de l'itinérance réclamé à Québec

Alors que la métropole fait face à une crise sans précédent en matière d'itinérance, la mairesse Plante souhaite que Québec désigne un top gun de l’itinérance lors du prochain remaniement du gouvernement Legault.

«Nous devons prêter main-forte aux plus vulnérables, et pour ce faire nous devons rester mobilisés et soutenir le travail de première ligne», a rappelé la mairesse par communiqué.

«Tous les paliers de gouvernement doivent se mobiliser pour s'attaquer aux causes profondes de cette crise humanitaire. La Ville est proactive, elle n'a jamais autant agi, et elle ne s'arrêtera pas.»
-Valérie Plante, mairesse de Montréal

Le gouvernement Legault a souvent utilisé l'expression top gun pour désigner des gestionnaires chevronnés, notamment dans le secteur de la santé. Devant l'insatisfaction grandissante à son égard, le premier ministre François Legault a annoncé qu'il rebrasserait les cartes de son conseil des ministres, cet automne.

Actuellement, c'est le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, qui s'occupe du dossier de l'itinérance. Mme Plante a précisé que sa demande «n'était pas un désaveu» envers Lionel Carmant.

«M. Carmant a toujours été un allié et on a toujours bien travaillé avec M. Carmant qui cherche des solutions (...), mais avec le temps,  ça s'est avéré très clair que ce n'est pas juste un ministre responsable de la Santé et des Services sociaux qui peut trouver une solution à un problème aussi complexe et profond» que l'itinérance, a-t-elle dit lors de sa conférance de presse. «J'aimerais que ça soit dans son titre, que ça soit en grosses lettres. Que ça soit sa mission, que c'est ça sa cause, son combat de trouver des solutions pérennes.»

Le président-directeur général de la Mission Old Brewery, James Hughes, qui assistait à la conférence de presse, a tenu à souligner que «le ministre Carmant est très présent depuis des années sur le dossier et qu'il est maintenant un expert en itinérance». Mais «c'est sûr que s'il avait plus de pouvoir, plus de budget, plus de place au sein du conseil des ministres, ça pourrait aider énormément», a-t-il ajouté. 

Samuel Watts est d'avis que, face à la crise de l’itinérance, «tous les paliers politiques» pourraient «faire preuve de plus de courage» et aussi arrêter «de se lancer la balle». «On doit avoir un plan de 10 ans ou de 20 ans. Et avoir le courage politique de se dire "hey! Il va falloir planifier pour plus que quatre ans"», a-t-il souligné.

Dans un échange avec La Presse Canadienne, le cabinet du premier ministre a écrit que François Legault «fera ses annonces en temps et lieu concernant le prochain remaniement» et que «depuis 2018, Lionel Carmant travaille de près avec les villes, les municipalités et les organismes pour renforcer les services et aider les gens sur le terrain».

Une crise sur le terrain

Rappelons que le nombre de personnes en situation d'itinérance continue d'augmenter au Québec. Selon un recensement effectué pendant une seule nuit en 2024, on observe une hausse de 15% de l'itinérance hébergée depuis un an et demi. Et près de 42% des 9307 personnes sans-abri hébergées se retrouvent à Montréal.

«Notre volonté de collaborer étroitement avec nos partenaires est entière, mais il est essentiel que les autres paliers de gouvernement donnent eux aussi un coup de main. On va continuer à avancer, à chercher des solutions», a indiqué le conseiller associé à l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Montréal, Pierre Lessard-Blais. «On ne peut pas se permettre de rester inactifs.»

Pendant l'hiver 2024-2025, la Ville de Montréal avait instauré l'interdiction temporaire de flâner dans les stations du métro. Pour la mairesse, ces mesures annoncées étaient «difficiles, voire déchirantes», mais elles étaient «nécessaires». Cela visait entre autres à contrer les impacts «de la crise des vulnérabilités» et d'améliorer le sentiment de sécurité de sa clientèle.

Pour l'hiver prochain, la Ville de Montréal a annoncé l'installation d'une halte-chaleur à l’édifice municipal Lucien-Saulnier.

L'administration Plante affirme aussi être en train de finaliser l’installation des habitations modulaires avec accompagnement sur le site de l’ancien hippodrome dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce. Des ententes d'occupation ont été conclues avec la Mission Old Brewery et RAP Jeunesse, qui seront chargés de gérer ces habitations et déployer les intervenants psychosociaux spécialisés.

Notons qu'en mars dernier, le gouvernement fédéral avait annoncé qu'il versera au gouvernement du Québec 50 M$ pour soutenir 205 projets sur deux ans un peu partout en province. Des projets de halte-chaleur et d'hébergement d'urgence seront ainsi mis sur pied, entre autres. Les 50 millions $ permettront aussi de renforcer des équipes mobiles, pour une intervention rapide et ciblée auprès des personnes en situation d’itinérance.

Ensemble Montréal promet de s'attaquer à la crise de l'habitation

Peu avant la conférence de presse de Valérie Plante, mardi matin, la cheffe d’Ensemble Montréal et candidate à la mairie de la métropole, Soraya Martinez Ferrada, s'est également adressée aux médias devant des bâtiments inoccupés appartenant à la Ville.

Elle a annoncé qu'une fois élue, «elle en ferait davantage pour contrer la crise de l’habitation qui secoue la métropole».

Elle a promis que son administration mettrait en place, dans les 100 premiers jours, un registre unique de tous les bâtiments vacants et qu'elle lancerait un large appel à projets pour leur trouver une vocation.

«Je sais que les problèmes ne disparaîtront pas d’un coup de baguette magique. Mais ce que je veux m’assurer de faire, c’est de parler avec toutes les parties prenantes afin qu’ensemble, on puisse trouver une solution» à la crise du logement, a déclaré Soraya Martinez Ferrada, dans un communiqué.

Avec des informations de La Presse canadienne