Justice

Il accuse son ami de posséder de l’or nazi: un homme condamné à verser 1M$

C'est la deuxième fois que l'accusé est condamné à verser des dommages-intérêts à la famille de la victime.

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Une policière transporte des documents au Palais de justice, Cour supérieure du Québec, à Montréal, le lundi 18 août 2025. Une policière transporte des documents au Palais de justice, Cour supérieure du Québec, à Montréal, le lundi 18 août 2025. (Christinne Muschi | La Presse canadienne)

La Cour supérieure du Québec a condamné un millionnaire montréalais à verser près d'un million de dollars à son ancien partenaire commercial pour l'avoir faussement accusé, lui et sa femme, d'avoir tiré profit de l'or volé par les nazis aux Juifs dans les camps de concentration.

Le jugement raconte comment Glenn Feldman a commencé à faire ces allégations après s'être embrouillé en 2019 avec son ami de longue date, Irwin Lande, qui avait refusé de lui prêter de l'argent.

Feldman est promoteur immobilier et avocat.

Le jugement explique que M. Feldman a faussement accusé M. Lande d'avoir payé les rénovations de sa maison à Montréal avec des millions de dollars en lingots d'or que sa famille aurait volés aux victimes de l'Holocauste.

M. Feldman a également faussement suggéré que le cousin de M. Lande, le Dr Ludwig Delphiner, était un officier SS nazi et qu'il était responsable du vol, alors qu'il avait immigré au Canada en 1926, avant la Seconde Guerre mondiale, selon le jugement.

Thomas Davis, juge à la Cour supérieure du Québec, n'a pas jugé crédibles les affirmations de Feldman.

«Feldman a choisi de ne croire que ce qu'il voulait croire», a écrit le juge Davis dans son jugement rendu le 16 juin. «Faire des allégations aussi préjudiciables sur la base d'une enquête très incomplète n'est pas le comportement d'une personne raisonnable et constitue en soi une faute.»

Le juge lui a depuis ordonné de verser 985 000 dollars à M. Lande et à son épouse à titre de dommages-intérêts moraux et punitifs, auxquels s'ajoutent les frais de justice. Il a également prononcé une injonction permanente à l'encontre de M. Feldman, lui enjoignant de cesser de diffuser de fausses allégations à leur sujet.

La Presse canadienne n'a pas réussi à joindre M. Feldman ou M. Lande pour obtenir leurs commentaires.

C'est la deuxième fois que M. Feldman est condamné à verser des dommages-intérêts à la famille Lande pour avoir tenu des propos désobligeants à leur égard. Dans une décision distincte rendue en février 2024, Davis lui a ordonné de verser plus de 400 000 dollars de dommages-intérêts à deux des neveux de Lande.

Le barreau du Québec a également suspendu Feldman pendant sept jours en 2022, pour avoir publié en décembre 2020 une vidéo mettant Lande au défi de participer à un «combat de boxe à mains nues à Las Vegas» afin de décider qui devrait conserver les lingots d'or. Une commission disciplinaire a conclu que Feldman avait manqué à ses obligations professionnelles en tant qu'avocat, lorsqu'il a publié la vidéo et affirmé qu'il avait pour mission de découvrir la source de la fortune de son ancien associé.

Dans la dernière décision rendue en juin 2025, Davis a écrit que plusieurs éléments sur lesquels Feldman s'était appuyé pour étayer ses allégations semblaient être imaginaires.

Selon la décision, Feldman a faussement accusé son ancien partenaire commercial et sa femme Claude-Andrée Pion d'avoir caché l'or dans deux tunnels de stockage extérieurs et un dépôt intérieur situés dans leur maison de Montréal. Il a également déclaré à tort que le 11 décembre 2019, trois coffres-forts utilisés pour stocker l'or avaient été « déposés dans la maison des Lande par une grue à 2 heures du matin », selon la décision.

Un architecte impliqué dans la rénovation de la maison a toutefois déclaré au tribunal qu'il n'avait jamais vu, lors de ses visites à la maison ou dans les plans, de preuve indiquant que le couple disposait d'un bunker caché.

Le juge s'est également interrogé sur la manière dont M. Lande aurait pu tirer profit de l'or tout en le gardant caché.

M. Davis a conclu que ces allégations étaient dévastatrices pour le couple, qui, comme M. Feldman, était également juif.

«Avant que M. Feldman ne commence à diffuser son histoire, les Landes avaient un agenda social bien rempli, avec au moins une invitation par semaine, principalement dans la communauté juive», a écrit le juge, ajoutant que ces invitations avaient «largement disparu» après qu'il eut commencé à répandre des rumeurs sur la famille.