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Grève des chauffeurs: la STM veut des plages de 3-3-2 heures

Il pourrait n'y avoir aucun service de métro ou d'autobus les 15 et 16 novembre.

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1213372880df0c1fd0cafcc262bc49b6affc1ad9906350f83b3d172ca4f4384f.jpg Un chauffeur d'autobus de la Société de transport de Montréal qui porte le t-shirt orange en appui à la négociation de sa convention collective. Photo prise à Montréal le 9 juin 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi (Christinne Muschi | La Presse canadienne)

Devant le Tribunal administratif du travail, lundi, des groupes ont fait part de leurs préoccupations quant à l'absence projetée de service, lors de la grève des chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro, les 15 et 16 novembre, alors que la STM a plaidé pour le maintien de services aux heures de pointe.

Ce texte a été publié le 10 novembre 2025. Depuis, le Tribunal administratif du travail a tranché en faveur du syndicat des chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro, leur permettant d'interrompre complètement le service les 15 et 16 novembre.

Pour la grève des chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro, la Société de transport de Montréal réclame le maintien des trois plages horaires déjà déterminées pour les employés d'entretien, à savoir durant trois heures le matin, trois heures en fin d'après-midi et deux heures tard en soirée.

La section locale du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ, qui représente les 4500 chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro, demande qu'il n'y ait ni métro ni autobus, lors de ces deux journées de grève, un samedi et un dimanche, comme ça avait été le cas lors de sa première journée de grève du 1er novembre.

La juge Karine Blouin a entendu les parties en audiences, lundi, afin de déterminer s'il doit y avoir des services essentiels pour ces deux journées.

Groupes préoccupés

Convoqué par la STM, le directeur général de l'organisme MultiCaf, Jean-Sébastien Patrice, a décrit «un très gros impact» pour les personnes démunies qu'il dessert.

MultiCaf offre une épicerie solidaire et des repas communautaires à des gens sous le seuil de la pauvreté, qui parfois ne parlent ni français ni anglais, a expliqué M. Patrice.

Il a ainsi rapporté au tribunal que sa clientèle a été prise au dépourvu, lors de la première journée de grève du 1er novembre, sans service de métro ni autobus. Habituellement, 500 personnes se présentent à l'organisme le samedi. Ce samedi-là, il en a reçu environ 50.

Durant certains jours de semaine, comme il y avait une grève des employés d'entretien, avec des services essentiels aux heures de pointe seulement, l'organisme s'est retrouvé avec une file d'attente d'une heure trente minutes, ce qui fait que des gens ont quitté sans avoir été servis, parce qu'ils devaient attraper l'autobus ou le métro avant la fin des services essentiels, a témoigné M. Patrice.

D'autres organisations ont exprimé leurs préoccupations au Tribunal: la Fédération de l'âge d'or (FADOQ) de Montréal, Aéroports de Montréal, la Société du parc Jean-Drapeau, Trajectoire Québec, l'Autorité régionale de transport métropolitain et l'Autorité régionale de la santé publique.

Ces organisations ont transmis leur point de vue par écrit au tribunal; elles n'ont pas témoigné de vive voix.

L'âge d'or inquiète

La directrice générale de la FADOQ région de Montréal, Rosée Tremblay, a tout de même témoigné aux journalistes présents du fait que bien des aînés étaient très inquiets de la grève à venir, puisque le syndicat ne prévoit pas dispenser de services essentiels.

«Nous, on considère que le droit au transport, c'est un besoin essentiel. Et on veut défendre le fait que les gens, ils sont insécurisés. Ils ont besoin d'avoir accès à des services au niveau alimentaire, de la pharmacie, aller à des rendez-vous médicaux, à d'autres activités aussi. Et deux jours sans aucun moyen de transport, c'est inacceptable pour les personnes aînées», a-t-elle commenté.

«Au niveau des proches aidants, qui vont visiter quelqu'un qui est en situation de vulnérabilité en santé, qui ne peut pas se déplacer, et bien, si la personne proche aidante a seulement comme moyen de transport l'autobus ou le métro, elle ne peut pas se rendre pour aller aider ou bien elle ne peut pas recevoir l'aide», a illustré Mme Tremblay.

Elle a rapporté qu'«on a des appels tous les jours, pratiquement. Ce ne sont pas des chiffres scientifiques qui sont compilés, mais nous, avec notre équipe, on en parle: pratiquement un appel sur deux nous mentionne les effets négatifs de la grève».

Le syndicat, de son côté, a rappelé que le droit de grève était un droit protégé constitutionnellement et que le critère qui doit être soupesé par le Tribunal, dans ses décisions sur les services essentiels, est celui de la santé et de la sécurité publique.

La juge va rendre sa décision «le plus rapidement possible».

Lia Lévesque

Lia Lévesque

Journaliste