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Aucun service de métro et de bus à Montréal cette fin de semaine

La grève débutera le 15 novembre à partir de 4h et se terminera le 17 novembre à 3h59

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Aucun service de métro et de bus à Montréal cette fin de semaine Aucun service de métro et de bus à Montréal cette fin de semaine

Les usagers du transport collectif à Montréal devront se déplacer par leurs propres moyens cette fin de semaine en raison de la grève des chauffeurs d'autobus, des opérateurs de métro ainsi que des agents de station de la Société de transport de Montréal. Le Tribunal administratif du travail (TAT) a approuvé l'entente précédemment conclue entre le syndicat et la Société de transport de Montréal (STM) selon laquelle aucun service ne serait offert les 15 et 16 novembre. 

Aucun service ne sera donc offert mis à part celui du transport adapté à Montréal les 15 et 16 novembre si aucune entente n'est conclue entre le syndicat et la STM d'ici là. 

La grève débutera le 15 novembre à partir de 4h et se terminera le 17 novembre à 3h59.

La STM et le Syndicat des chauffeurs d’autobus, opérateurs de métro et employés de services connexes au transport de la STM, avaient convenu qu'aucun service ne serait offert les 15 et 16 novembre. Toutefois, la STM avait récemment affirmé que les services proposés étaient finalement insuffisants.     

«Le Tribunal devait évaluer la suffisance des services essentiels prévus dans une entente intervenue entre le Syndicat et la STM qui accompagnait l’avis de grève, et ce, bien que la société a indiqué qu’elle jugeait les services prévus à cette entente désormais insuffisants». explique le Tribunal administratif du travail (TAT) par voie de communiqué. 

«Le Tribunal estime que les enjeux et inquiétudes soulevés par les divers intervenants sont importants, mais ne sont pas de la nature d’un danger pour la santé ou la sécurité publique. Ainsi, la preuve ne démontre pas que l’interruption des services de la STM pour une fin de semaine, à l’exception du transport adapté, représente une menace évidente, imminente, réelle pour la vie, la sûreté, la santé ou la sécurité de la population.» 
- Tribunal administratif du travail

Dans une déclaration écrite, la STM dit «prendre acte» de la décision du TAT. Une porte-parole de l'organisation a affirmé à Noovo Info que l'organisation s'exprimera davantage lors d'un point de presse prévu jeudi à 13h30. 

Si les chauffeurs peuvent entrer en grève, les employés d'entretien, eux, se sont vus refroidis.

Le service est revenu graduellement à la normale, mercredi, après que le syndicat des employés d'entretien, qui débrayait depuis le 1er novembre, eut suspendu sa grève, devant l'imminence d'une intervention gouvernementale.

«On a perdu un levier important» avec la loi qui permettra au ministre du Travail, Jean Boulet, de mettre fin à un conflit de travail et d'imposer l'arbitrage, voire le devancement de l'entrée en vigueur de cette loi, a expliqué en entrevue, mercredi, Bruno Jeannotte, président du syndicat.

Mais «on n'est pas à notre dernier moyen de pression; ce n'est pas parce qu'on a retiré cette grève-là qu'on abandonne, au contraire», a prévenu M. Jeannotte.

«Je pense que si on avait foncé la tête baissée dans la loi spéciale, on se serait retrouvé dans un contexte où on aurait été attaché, dans le sens où on n'aurait pas pu faire de grève. En fait, on nous aurait retiré notre droit de grève, le temps de l'arbitrage», a poursuivi le dirigeant syndical.

Et un arbitrage de différend peut prendre plusieurs mois, voire un an, rappelle-t-il.

«On ne pouvait pas maintenir une grève s'il n'y a plus de mouvement à la table de négociations» et, selon lui, l'employeur ne bougeait guère sur les deux enjeux principaux, à savoir les salaires et la sous-traitance, sachant que l'intervention du ministre Boulet approchait.

Pourtant, il y a eu des avancées à la table de négociation au cours des derniers jours, a-t-il affirmé.

Les 2400 employés d'entretien avaient amorcé une grève le soir du 31 octobre. Celle-ci devait se poursuivre jusqu'au 28 novembre, avant la suspension annoncée tard mardi soir, après une douzaine de jours de débrayage, avec des services essentiels seulement aux heures de pointe.

Quant aux services de transport en commun, la STM avise que la clientèle pourra se présenter à toute heure sur le réseau, mais que le retour à la normale se fera progressivement tout au long de la journée. Le service régulier sera complètement de retour seulement jeudi.

Jean Boulet «se désole» de la situation

Dans un message publié sur X jeudi matin, le ministre du Travail Jean Boulet a affirmé qu'il se «désole de constater que les Montréalaises et les Montréalais pourraient encore être privés de service de transport en commun cette fin de semaine».

«Nous avons tenté d'avoir les outils nécessaires afin d’assurer un niveau de service acceptable à la population en devançant l’entrée en vigueur de la loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève. Cependant, sans l’appui de tous les partis d’opposition, nous n’avons pu mettre en œuvre ces mesures à temps. C’est regrettable, car ce sont les usagers qui pourraient en payer le prix», a-t-il écrit.

M. Boulet a conclu son message en invitant les parties à continuer de négocier de façon intensive «afin de conclure une entente de principe et éviter des moyens de pression».

Jeudi, François Legault s'est par ailleurs engagé à ne pas faire appliquer de baîllon dans ce dossier.

Des groupes préoccupés

Plusieurs organismes dont la Société du Parc Jean-Drapeau et Trajectoire Québec, ont déposé des observations plus tôt cette semaine devant le tribunal contre cette entente avec les chauffeurs d'autobus et les opérateurs de métro.

Convoqué par la STM, le directeur général de l'organisme MultiCaf, Jean-Sébastien Patrice, a décrit «un très gros impact» pour les personnes démunies qu'il dessert.

MultiCaf offre une épicerie solidaire et des repas communautaires à des gens sous le seuil de la pauvreté, qui parfois ne parlent ni français ni anglais, a expliqué M. Patrice.

Il a ainsi rapporté au tribunal que sa clientèle a été prise au dépourvu, lors de la première journée de grève du 1er novembre, sans service de métro ni autobus. Habituellement, 500 personnes se présentent à l'organisme le samedi. Ce samedi-là, il en a reçu environ 50.

Durant certains jours de semaine, comme il y avait une grève des employés d'entretien, avec des services essentiels aux heures de pointe seulement, l'organisme s'est retrouvé avec une file d'attente d'une heure trente minutes, ce qui fait que des gens ont quitté sans avoir été servis, parce qu'ils devaient attraper l'autobus ou le métro avant la fin des services essentiels, a témoigné M. Patrice.

D'autres organisations ont exprimé leurs préoccupations au Tribunal: la Fédération de l'âge d'or (FADOQ) de Montréal, Aéroports de Montréal, l'Autorité régionale de transport métropolitain et l'Autorité régionale de la santé publique.

La directrice générale de la FADOQ région de Montréal, Rosée Tremblay, avait témoigné devant des journalistes du fait que bien des aînés étaient très inquiets de la grève à venir. 

«Nous, on considère que le droit au transport, c'est un besoin essentiel. Et on veut défendre le fait que les gens, ils sont insécurisés. Ils ont besoin d'avoir accès à des services au niveau alimentaire, de la pharmacie, aller à des rendez-vous médicaux, à d'autres activités aussi. Et deux jours sans aucun moyen de transport, c'est inacceptable pour les personnes aînées», a-t-elle commenté lundi. 

Avec des informations de La Presse canadienne et de Noovo Info

Lia Lévesque

Lia Lévesque

Journaliste

Lili Mercure

Lili Mercure

Vidéjournaliste