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«On l'étudierait (ce projet) à son mérite.»
Le gouvernement caquiste est favorable à la relance de GNL-Québec, ce projet controversé de pipeline et de terminal méthanier à Saguenay pour exporter du gaz naturel albertain.
«C'est un projet à réétudier, ça, c'est certain», a lancé la ministre responsable du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Andrée Laforest, à la sortie de la séance du conseil des ministres mercredi après-midi.
«Il y avait de l'acceptabilité sociale dans ma région», a-t-elle poursuivi, en nuançant par la suite: ce n'était pas la majorité de la population qui l'appuyait.
Québec a refusé d'autoriser le projet en 2021 et Ottawa en 2022, notamment pour des raisons environnementales, mais les menaces de droits de douane de l'administration Trump relancent maintenant la nécessité de diversifier les marchés d'exportation pour les producteurs d'hydrocarbures canadiens.
«Ça fait vraiment réfléchir», a conclu la ministre.
En mêlée de presse mercredi matin, son collègue, le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, a rappelé qu'il avait un préjugé favorable au projet, mais que celui-ci ne s'était pas qualifié en fonction des différents critères.
«À la base, on n'est pas fermé aux projets énergétiques qui respectent les critères environnementaux», a-t-il fait savoir.
«On l'étudierait (ce projet) à son mérite», a-t-il ajouté lors d'une autre mêlée de presse.
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La ministre de l'Économie et de l'Énergie, Christine Fréchette, a toutefois rappelé que le projet tel qu'esquissé à l'époque n'était pas accepté par les communautés et qu'il faudrait qu'il passe ce test.
«Nous, ça prend de l'acceptabilité sociale, pour un projet comme GNL-Québec», a-t-elle résumé en mêlée de presse.
«Passer le test du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) était vraiment vraiment compliqué et difficile», a-t-elle reconnu, mais sa région serait «sensible» à un projet refondu.
Les caquistes ont toutefois refusé en Chambre le dépôt d'une motion en faveur de GNL-Québec.
La motion avait été déposée par le député indépendant de Saint-Jérôme, Youri Chassin, un ancien caquiste, et était conjointe avec un autre député indépendant ancien caquiste, Éric Lefebvre, qui fera le saut au Parti conservateur du Canada au déclenchement du prochain scrutin fédéral.
Le libellé de la motion rappelait des propos du premier ministre François Legault, qui avait laissé entendre que la situation économique pourrait modifier l'acceptabilité sociale des infrastructures de transport d'énergie telles que GNL-Québec.
Par conséquent, la motion appelait le gouvernement à «réévaluer ses positions quant au transport des ressources énergétiques canadiennes».
Après le dépôt de la motion, le chef conservateur Éric Duhaime a fait un point de presse pour saluer la fin de «l’unanimisme» à l’Assemblée nationale sur la question de GNL-Québec. Dans le contexte des menaces tarifaires de Donald Trump, M. Duhaime croit qu’il faut que le Québec ait une plus grande autonomie énergétique.
«Et ça passe par trois choses: exploiter notre gaz naturel au Québec, construire des oléoducs sur le territoire du Québec et relancer le projet GNL-Québec», a-t-il énoncé.
Éric Duhaime et Youri Chassin se sont parlé avant le dépôt de la motion. «C'était coordonné dans le sens où oui, je le savais, puis j'étais heureux, puis je l'ai encouragé», a expliqué le chef conservateur.
«C'est quand même une motion que je dépose et tant mieux si le Parti conservateur est en faveur. (...) On sait qu'on a des intérêts communs», a pour sa part affirmé le député de Saint-Jérôme, en précisant que cela ne signifiait pas qu’il allait rejoindre les conservateurs de M. Duhaime.
Les trois partis d'opposition en Chambre sont contre le projet GNL-Québec.
Le Parti libéral (PLQ) est officiellement contre, mais le caucus est en discussion sur le sujet. Le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) demeurent pour leur part bien campés en défaveur de GNL-Québec.
Le 11 janvier dernier, c'est le chef conservateur fédéral Pierre Poilievre qui a relancé le bal concernant GNL-Québec, en affirmant, lors d'une tournée au Saguenay, que son éventuel gouvernement autoriserait le projet.
Pas plus tard que mardi, à Montréal, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a également entrouvert la porte à la résurrection du projet.
Lundi, dans une lettre adressée au premier ministre François Legault, Éric Duhaime a suggéré de relancer GNL-Québec pour «désenclaver le pétrole albertain» et l'acheminer ailleurs qu'aux États-Unis.
En août 2022, en pleine campagne électorale, le chef caquiste François Legault avait fermé la porte à un retour de GNL-Québec en assurant que sa position n'avait pas changé.
En avril 2022, Benoit Charette, avait dit: «On a pris la décision (de dire non) l’an dernier et on n’a aucune intention de la reconsidérer. Ce n’est plus un projet (envisagé) au Québec et nous sommes plutôt fermes là-dessus.»
En avril 2021, le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) affirmait clairement qu’il n’y avait pas d’acceptabilité sociale dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et que le projet n’avait pas démontré sa pertinence.
En février 2022, dans un rapport de 285 pages, l'Agence d'évaluation d'impact du Canada avait fait savoir que le projet était susceptible de nuire à l'environnement, après six ans d'examen.
L'Agence concluait que l'usine augmenterait les émissions de gaz à effet de serre (GES), que la hausse du trafic maritime sur le Saguenay nuirait à la population de bélugas, tandis qu'il y aurait également des effets négatifs sur le patrimoine culturel des Premières Nations innues.
Le gouvernement Trudeau avait donc décidé que ces impacts négatifs sur l'environnement étaient non justifiables dans les circonstances et avait refusé d'accorder son autorisation.
En juillet 2021, Benoit Charette avait annoncé que le projet ne pouvait voir le jour.
Le conseil des ministres avait statué que le projet d'usine de liquéfaction de gaz naturel risquait de «défavoriser la transition énergétique», avait expliqué M. Charette. Il avait ajouté que ce projet était «risqué» sur le plan économique et avait «plus de désavantages que d'avantages».
Dans son rapport publié en mars 2021, le BAPE concluait que la somme des risques du projet dépassait largement ses avantages.
L'entreprise n'avait pas réussi à démontrer que l'opinion publique était favorable, que le projet servirait à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde et qu'il permettrait d'accélérer la transition vers des énergies propres.
L’objectif de l'usine était d’exporter par voie navale, chaque année, 11 millions de tonnes de gaz naturel provenant de l'Ouest canadien vers l’Europe et l’Asie, pour une période allant de 25 à 50 ans. Un gazoduc de 780 kilomètres de long devait aussi être construit par l’entreprise Gazoduq, afin d’acheminer le gaz de l’Ontario au Saguenay.
Une évaluation du Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services estime que l’usine aurait émis l’équivalent de 704 kilotonnes de CO2 par an. Cependant, si on inclut l’extraction, le transport et l’utilisation du gaz, ce nombre s’élèverait plutôt à 45 486 kilotonnes par année.