Environnement

GES: Le Canada continue d'insister sur sa cible de 2050 plutôt que celle de 2030

«Nous travaillons très fort pour nous assurer que nous prenons action en tant que pays.»

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f257d2fa1b3ac1d2d099fa5d20b1e4a81e56fb54880e70fe6c6b212290a53d91.jpg Une affiche photographiée le 4 novembre et sur laquelle on peut lire COP30 en référence au sommet sur le climat des Nations unies à venir à Belem, au Brésil. ASSOCIATED PRESS/Eraldo Peres (AP Photo)

Le Canada ne recule «d'aucune façon» sur ses cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES) de 2030 et 2035, assure Ottawa tout en continuant de braquer les projecteurs sur son objectif à plus long terme d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050.

Des représentants gouvernementaux du Canada s'adressant aux médias jeudi en prévision de l'imminente conférence des Nations unies sur le climat, connue comme la COP30, ont parlé des «discussions difficiles» qui s'annoncent. Plus précisément, celles-ci porteront sur le travail qu'il reste à faire pour limiter l'ampleur du réchauffement climatique.

«Ce qu’on veut, c’est un processus multilatéral où (il y aura), si vous voulez, la candeur et l’honnêteté de confronter ces discussions difficiles pour pouvoir trouver des réponses qui fonctionnent pour la plupart des pays et qui surtout (…) donnent les bons messages aux acteurs économiques», a-t-on soutenu.

Les fonctionnaires ont relevé que le Canada fait face à des «défis» pour atteindre ses cibles de réduction des GES, comme celle de 2030, qui prévoit une baisse d'au moins 40 % par rapport aux niveaux de 2005, et celle de 2035, qui chiffre la diminution à 45 % minimalement.

Mais ces défis, tous les pays y font face, a-t-on tenu à souligner à maintes reprises au courant de la séance d'information technique. 

«Nous travaillons très fort pour nous assurer que nous prenons action en tant que pays. Nous reconnaissons aussi que nous nous trouvons à un moment spécifique, au niveau géopolitique de même qu'économique, et nous travaillons très fort, je pense, pour trouver cet équilibre et nous assurer que nous atteignions la carboneutralité d'ici 2050», a dit l'un des fonctionnaires.

Il a évoqué que le progrès réalisé dans l'atteinte de «n'importe quelle cible» peut être vu comme n'étant pas aussi «linéaire» que certains le voudraient.

«Nous reconnaissons que nous avons soumis nos cibles nationales de réduction (de 2030 et 2035) et que nous n'avons reculé d'aucune façon», a tranché ce représentant du gouvernement du Canada.

Un rapport publié l’an dernier par le commissaire fédéral à l’environnement et au développement durable indiquait que le Canada n’était pas en voie d’atteindre son objectif de 2030. Jerry DeMarco estimait que les émissions canadiennes n’avaient baissé que de 7 % par rapport aux niveaux de 2005.

«Le facteur principal, c'est l'augmentation significative des émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier. Toutes les améliorations dans les autres secteurs sont plus petites que les augmentations des émissions de ce secteur», a résumé jeudi le commissaire alors qu'il déposait six nouveaux rapports.

L'un d'eux établit que des politiques fiscales d'Ottawa visant à favoriser une baisse des émissions de GES ont eu peu d'effet. M. DeMarco espère que le fait que le gouvernement fédéral ait accepté une recommandation faite dans le cadre de ce rapport l'amènera à redoubler d'efforts pour atteindre ses cibles climatiques, y compris celle de 2030.

La cible est, selon lui, encore atteignable, mais le temps file, a-t-il noté. «C'est encore possible, mais c'est frustrant parce que ça fait déjà maintenant quatre ans que je parle de notre constatation que leur plan, ce n'est pas assez pour atteindre la cible», a-t-il laissé tomber en point de presse.

M. DeMarco a rappelé que le Canada cumule «une série d'échecs» quand vient le temps d'atteindre ses cibles climatiques prises sur la scène internationale et ce, depuis, «deux ou trois décennies maintenant».

Au courant des derniers mois, le premier ministre Mark Carney et d'autres représentants de son gouvernement ont créé un flou en évitant soigneusement de réaffirmer clairement leur engagement à respecter les cibles de 2030 et 2035.

M. Carney a souvent répété, en guise de réponse aux journalistes, une phrase nébuleuse voulant qu'il soit intéressé par les «résultats» plutôt que les objectifs. Or, il n'a jamais chiffré ces résultats auxquels il aspire.

Le budget 2025, déposé mardi, n'offre pas plus de clarté à ce chapitre, bien que les libéraux y dressent les grandes lignes de leur stratégie de compétitivité climatique qu'ils promettaient de présenter depuis des semaines.

Questionné mercredi sur ses intentions quant à la cible de 2030 fixée par le Canada en vertu de l'Accord de Paris, le premier ministre a dit qu'«on ne l'abandonne pas».

Il a insisté sur son message voulant que les entreprises, pour demeurer compétitives, devront réduire leurs émissions.

M. Carney s'est attiré les critiques de bien des groupes environnementaux au Canada pour avoir reculé sur certaines mesures environnementales qu'avait prises son prédécesseur, Justin Trudeau. C'est le cas du volet de la tarification du carbone qui se répercutait sur le consommateur puisqu'elle avait une incidence sur le prix de l'essence.

Le premier geste posé par M. Carney quand il a accédé au rôle de premier ministre a été de suspendre cette mesure de plus en plus impopulaire qui était communément appelée «taxe carbone».

L'un des représentants gouvernementaux qui s'entretenaient jeudi avec les médias a suggéré que la perception qu'ont les autres pays du Canada n'a pas changé. Il ne s'attend pas à ce que l'accueil qui sera réservé à la délégation canadienne soit plus tiède qu'il n'a pu l'être auparavant.

«Le Canada continue à jouer un rôle de leader dans le monde de l’action climatique», a-t-on opiné.

La COP30 doit s'ouvrir lundi prochain à Belém, au Brésil, et s'échelonner sur deux semaines.

Émilie Bergeron

Émilie Bergeron

Journaliste