Environnement

Gaz à effet de serre: les politiques de Donald Trump entravent les progrès

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5cfe383fd62512c570edb9ed5c9b7f7660fa1eb3f6d42171c4d0c9a492d8e3cb.jpg La centrale électrique de Warrick, une centrale à charbon, en activité le 8 avril 2025 à Newburgh, dans l'Indiana. (Photo AP/Joshua A. Bickel)

Les nations du monde avaient un devoir à faire cette année: soumettre des plans améliorés pour lutter contre le changement climatique. Or, selon un nouveau rapport des Nations unies, les plans remis font «très peu bouger l'aiguille» dans les projections de réduction de gaz à effet de serre.

De plus, une part importante de ces progrès est anéantie par le retrait des États-Unis de cet effort, selon le rapport.

Les nouveaux plans de lutte contre le changement climatique – exigés tous les cinq ans par l’Accord de Paris de 2015 – permettraient de réduire le réchauffement futur d’environ 0,3 degré Celsius par rapport aux projections d’il y a un an.

Parallèlement, les politiques de l’administration Trump, qui vont de l’assouplissement des réglementations environnementales à l’entrave aux projets d’énergies vertes, ajouteront 0,1 degré de réchauffement, indique le rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière d’émissions publié mardi par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). 

«Chaque dixième de degré a des répercussions sur les communautés et les écosystèmes du monde entier. C’est particulièrement important pour les communautés et les écosystèmes vulnérables déjà touchés», a déclaré Adelle Thomas, vice-présidente d’un groupe d’experts scientifiques des Nations unies chargé d’évaluer les impacts du changement climatique. 

«Cela a un impact sur les vagues de chaleur», et ces dixièmes de degré contribuent aussi à «la destruction de récifs coralliens» ou encore à «l'augmentation du niveau des océans».

L’augmentation de la température moyenne mondiale est principalement causée par les émissions de gaz à effet de serre (GES), comme le dioxyde de carbone (CO2), qui se produisent lors de la combustion de combustibles tels que le pétrole, le gaz et le charbon. 

Les plans que les pays soumettent doivent donc détailler comment et à quelle vitesse ils réduiront les émissions de GES.

Au cours de la prochaine décennie, la Terre devrait dépasser le seuil de 1,5 °C de réchauffement climatique par rapport au milieu du XIXe siècle, objectif fixé par l'Accord de Paris. 

Si les nations respectent les engagements détaillés dans les plans de réduction, la planète se réchauffera de 2,3 à 2,5 °C, selon les calculs publiés dans le rapport.

Les politiques actuelles nous mènent vers un réchauffement de 2,8 °C, ce qui éclaire le contexte des prochaines négociations climatiques de l'ONU à Belém, au Brésil, qui ont lieu la semaine prochaine.

Même des réductions drastiques et rapides des émissions de charbon, de pétrole et de gaz naturel ne suffiront probablement pas à limiter l'augmentation des températures mondiales sous 1,7 °C  d'ici la fin du siècle, indique le rapport.

Il y a dix ans, avant l'Accord de Paris, le réchauffement climatique était estimé à environ 4 °C . «Nous progressons», a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, à l'Associated Press, mais «nous devons accélérer le rythme.»

Les États-Unis, qui avaient soumis un plan de lutte contre le changement climatique en 2024 sous l'administration Biden, mais qui se retireront de l'Accord de Paris dans deux mois, modifient considérablement les perspectives d'avenir. 

Avant la décision de l'administration Trump de se retirer de la lutte contre le changement climatique, le plan américain promettait certaines des réductions les plus importantes des émissions futures, indique le rapport.

Le PNUE a déclaré que les États-Unis n'avaient pas fourni d'observations sur le rapport dans les délais impartis et avait demandé la suppression des données relatives aux émissions américaines. 

Le PNUE a refusé, mais a ajouté une note de bas de page à la demande des États-Unis, indiquant qu'il ne soutenait pas le rapport.

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L'ONU estime désormais que le reste du monde doit réduire ses émissions de dioxyde de carbone de 2 milliards de tonnes supplémentaires par an pour compenser ce que le rapport prévoit être une augmentation de la pollution carbone américaine. 

L'année dernière, le monde a rejeté 57,7 milliards de tonnes de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et doit ramener ce chiffre à environ 33 milliards de tonnes. 

Il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de plusieurs tonnes par an pour espérer limiter le réchauffement climatique à un niveau proche de l'objectif fixé, indique le rapport.

Bill Hare, PDG de Climate Analytics, qui participe à la rédaction d'un autre rapport de projection des émissions et des températures intitulé Climate Action Tracker, affirme que ses calculs aboutissent aux mêmes conclusions.

Seth Borenstein

Seth Borenstein

Journaliste

Melina Walling

Melina Walling

Journaliste