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«À quoi joue la STM?», se demande le syndicat en marge d'un point de presse de la DG Marie-Claude Léonard.
À l’aube de nouvelles grèves d'employés, la Société de transports de Montréal (STM) a annoncé qu'elle coupera 300 postes. Il est prévu que cette mesure entre en vigueur en 2026.
Dans un contexte financier «difficile», la STM s'attend à réduire de 56 millions $ son budget 2026 sans réduire l'offre de service kilométrique, d'où la décision des coupures.
«Une grande majorité des postes, personne ne les occupe. [...] On y va très intelligemment», a assuré la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard, jeudi en conférence de presse. Pour les postes qui ne sont pas vacants, les employés seront relocalisés, assure-t-elle.
Le Syndicat du personnel administratif, technique et professionnel du transport en commun (SCFP 2850) a de son côté dénoncé la nouvelle.
«À quoi joue la STM?», s'est interrogé le président, Stéphane Lamont, dans un communiqué. «Sans en informer le représentant des salariés, à part quelques minutes avant d'en faire l'annonce publique, et ce, même si les parties se retrouvent l'une en face de l'autre en médiation, la STM a décidé d'abolir 300 postes. C'est un manque flagrant de transparence et de respect envers les travailleuses et travailleurs.»
Selon M. Lamont, cette nouvelle provoque une «forte anxiété» chez ses membres. Il dit également craindre que la STM recoure davantage à la privatisation dans un avenir proche. «Pourtant, le travail à l'interne est le meilleur gage d'une saine gestion», estime-t-il.
Le syndicat relève que selon des données de mai 2025, 1800 personnes travaillaient en sous-traitance pour la STM.
Le litige porte d'ailleurs sur le recours à la sous-traitance et sur les salaires.
Pour la DG Marie-Claude Léonard, la raison derrière ces complications – de l’avis patronal, du moins –, c’est que d’un côté la STM cherche à se «moderniser à moindre coût», tandis que de l’autre, le syndicat tente de préserver des avantages importants pour le bénéfice de ses employés.
«On a une négociation historique à faire sur des clauses de conventions qui sont parfois là depuis plusieurs, plusieurs décennies.»
Or, si la main-d’œuvre compose 70% du budget de la STM, cette dernière n’a pas beaucoup d’autres options que de couper là si elle veut préserver son offre de service, selon la logique de Mme Léonard.
C’est une question de pérennité sur «10, 20, 30 années» à venir, dit-elle. Elle assure que la direction a «regardé l’ensemble des processus» pour couper ailleurs, dans l’entretien ou encore les pièces, par exemple.
Au final, Mme Léonard, quoiqu’empathique à ce que la clientèle du métro et des autobus peut vivre dans cette situation «pas facile», montre indirectement du doigt les syndicats.
«C’est la grève du syndicat, pas la grève de la STM», note-t-elle.
Qu'à cela ne tienne, le conflit s’enlise avec de nouvelles grèves à l’horizon, mais Mme Léonard insiste pour dire que l’arrivée des médiateurs dans les négociations avec les employés d’entretien semble aider à «dénouer des impasses».
Le Syndicat du transport de Montréal-CSN a réagi jeudi après-midi à l’annonce des suppressions de postes en dénonçant l’attitude de la STM à la table de négociations.
«Après plus de 115 rencontres de négociation, on doit se rendre à l’évidence: la seule manière de faire bouger la STM, c’est de maintenir la pression», a écrit le président du syndicat, Bruno Jeannotte.
Le STM-CSN affirme vouloir lui aussi éviter une nouvelle grève.
«Pour ça, il faut que la STM soit moins inflexible. On ne peut pas négocier tout seul. On a fait plusieurs mouvements et la STM reste figée. Plutôt que de nous tendre la main, la STM en rajoute une couche en annonçant une abolition de 300 postes», a déploré M. Jeannotte.
Le président du Syndicat du transport de Montréal-CSN a ajouté que ses membres comprenaient que la situation financière de la STM est difficile «en raison du sous-financement gouvernemental», mais que «c’est toujours sur le dos des travailleurs et des travailleuses que les coupes budgétaires tombent».
En effet, une équipe de quatre conciliateurs-médiateurs nommée par le ministre du Travail, Jean Boulet, tente de rapprocher la STM et le syndicat qui représente les 2400 employés d'entretien. Une demande pour le même genre d'équipe a été demandée par la STM pour les négociations avec les chauffeurs, opérateurs et agents – un groupe qui compte environ 4500 employés.
S'il n'y a pas d'entente, les usagers de la STM devront s'attendre à des perturbations au mois de novembre en raison de la grève des employés d'entretien ainsi que celle des chauffeurs d’autobus, opérateurs de métro et agents de station.
La grève des chauffeurs de bus, opérateurs de métro et agents de la STM se déroulera les 1er, 15 et 16 novembre prochains.
Du côté des employés d'entretien de la STM, le débrayage s'étendra du 1er au 28 novembre prochains.
Par ailleurs, Mme Léonard a indiqué qu'un désaccord persistait avec le syndicat des employés d'entretien quant aux services essentiels à fournir durant la grève, le jour des élections municipales, soit le 2 novembre.
«Il y a une entente sur les niveaux de service. Toutefois, la STM fera des représentations. Pour nous, il y a insuffisance de services pour la journée du 2 novembre, journée d'élections, parce que, pour nous, la mobilité est nécessaire pour que les gens puissent avoir leur droit de vote démocratique. On fera aussi des représentations, s'il y a des événements, tout ça, pour s'assurer qu'on a les bons niveaux de services», a affirmé la directrice générale de la STM.
Avec de l'information d'Audrey Bonaque et Jennifer Gravel pour Noovo Info et de La Presse canadienne.