Dans le quartier de Villeray à Montréal, Élyse Gamache-Bélisle, qui y est résidente depuis plus de 20 ans, s’est lancée dans une mission: financer la mise de fonds d’une propriété grâce à la collecte de canettes et de bouteilles consignées.
L'initiative, qu'elle a appelée Projet Mise de fonds, a démarré en 2021. Aujourd’hui, cette initiative s’inscrit dans un mouvement de solidarité communautaire et de militantisme pour l’accès à la propriété. Élyse Gamache-Bélisle espère inspirer d’autres personnes, tout en sensibilisant à l’importance du recyclage et de l’économie circulaire.
La mère monoparentale de deux enfants est profondément enracinée dans sa communauté. Alors en 2021, elle a décidé qu'il était crucial pour elle d’accéder à la propriété. Cependant, la flambée des prix immobiliers à Montréal, où le coût moyen d’un duplex ou d’un plex dépasse souvent le million de dollars, rend l’accès à la propriété particulièrement difficile depuis la pandémie.
Projet Mise de fonds: un défi écologique et communautaire
Le Projet Mise de fonds repose sur une idée simple: amasser 115 000 $ en collectant des canettes et des bouteilles consignées. Élyse a commencé par ramasser elle-même les contenants abandonnés dans les rues. Par la suite, les résidents du quartier ont commencé à déposer des sacs de canettes et de bouteilles sous son balcon, transformant son projet en un mouvement communautaire.
En quatre ans, Élyse a collecté environ un million de contenants, atteignant près de 100 000 $ en avril 2025. Pour maximiser ses gains, elle revend également des objets usagés (vêtements, électroménagers, meubles) à bas prix sur des plateformes en ligne. Cette approche s’inscrit dans une philosophie de revalorisation et de durabilité, alignée avec ses valeurs écologiques, explique-t-elle au micro de Noovo.
«Prendre des choses non utilisées ou abandonnées, c’est venu avec le projet. Je dois le faire parce qu’en société, on ne peut pas vivre en jetant nos choux-gras. La majorité des choses que je possède sont trouvées dans les poubelles», explique-t-elle.
Son projet s’est vite transformé en un acte de militantisme. Élyse Gamache-Bélisle dénonce l’inaccessibilité du marché immobilier, mais à travers cette activité, elle aspire à ce que les gens gaspillent moins et achètent moins.
«Aider son prochain …, il faut qu’on vive ensemble, de cette manière-là. J’ai inspiré un petit garçon de Trois-Rivières qui veut acheter un tracteur pour aider ses parents à la ferme.»
Les prix des consignes à Montréal:
Canettes en aluminium (100 ml à 2 L) : 10 cents par unité.
Bouteilles en plastique (100 ml à 2 L, incluant eau, jus, boissons gazeuses) : 10 cents par unité depuis le 1er mars 2025.
Bouteilles en verre (500 ml à 2 L, comme certaines boissons ou vins) : 25 cents par unité.
Il reste 15 000 dollars à accumuler
Élyse continue de collecter des contenants et d’encourager les dons à son domicile, tout en partageant son aventure sur sa page Facebook Projet Mise de fonds.
La suite pour elle : «Ce pourrait être la création d’une coopérative pour aider du monde ou acheter un plex et y mettre des loyers abordables dans le quartier.»
«Je voudrais aussi matérialiser cette philosophie dans un projet qui va continuer à toucher des gens, à revaloriser et consigner ensemble. J’espère être un leader et semer des graines pour que les gens le fassent aussi», pense-t-elle.
L’histoire d’Élyse Gamache-Bélisle met en lumière des enjeux cruciaux : l’inaccessibilité du marché immobilier, la nécessité de protéger la diversité des quartiers comme Villeray et l’urgence de repenser notre rapport aux déchets. En transformant des canettes et des bouteilles en un tremplin vers la propriété, Mme Gamache-Bélisle montre aussi le pouvoir de la persévérance.
«Le plus difficile c’était de persister, un ultra-marathon le matin, le midi, le soir et les week-ends, qu’il neige ou qu’il pleuve.»

