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Elle attend 20 heures aux urgences avant d'apprendre qu'elle a eu une crise cardiaque

«Je craignais pour ma vie.»

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Lori Stetina dit avoir passé presque toute la journée et toute la nuit à attendre d'être admise à l'hôpital. On lui a ensuite annoncé qu'elle devait subir une intervention chirurgicale. Lori Stetina dit avoir passé presque toute la journée et toute la nuit à attendre d'être admise à l'hôpital. On lui a ensuite annoncé qu'elle devait subir une intervention chirurgicale. (CTV News)

Le 3 juillet 2025 est une date que Lori Stetina n'oubliera jamais.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News

Elle s'est réveillée en se sentant mal et a décidé qu'elle devait se rendre aux urgences. Une ambulance est venue la chercher et l'a emmenée à l'hôpital Grace de Winnipeg.

«Quand je suis arrivée en ambulance, je n'étais pas sur un lit. J'étais assise à l'arrière de l'ambulance», a expliqué Mme Stetina, qui s'est entretenue avec CTV News à l'extérieur de l'hôpital. «Quand je suis entrée, il y avait des gens alignés, et des personnes âgées alignées contre le mur.»

Elle dit avoir attendu plus de 20 heures aux urgences et n'avoir été admise qu'à 5 heures du matin le 4 juillet.

«Je craignais pour ma vie.»
- Lori Stetina

Une fois admise, elle a été informée qu'elle avait souffert d'une légère crise cardiaque.

«J'étais un peu sous le choc», a-t-elle dit. «Je n'arrivais pas à y croire. Je n'avais jamais rien vécu de tel auparavant. J'étais surprise.»

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Elle a subi des analyses de sang, deux électrocardiogrammes et un scanner, où elle a appris une autre mauvaise nouvelle.

«Deux médecins en tenue chirurgicale se tenaient debout devant moi et m'ont dit que je devais subir une intervention chirurgicale d'urgence immédiatement», a-t-elle affirmé. «Je ne savais même pas pourquoi on m'opérait.»

Ce que Mme Stetina ignorait, c'est que son intestin était perforé et qu'il y avait une fuite dans son estomac.

«Je me suis réveillée avec 19 agrafes sur le ventre», a-t-elle déclaré.

Elle dit que c'est une expérience qu'elle aurait préféré ne jamais vivre et qu'elle n'arrivait pas à croire qu'elle ait dû attendre aussi longtemps.

«Je ne savais pas ce qui se passait. Je n'avais aucune idée de quoi que ce soit. Aucun médecin n'est venu me voir avant que ces examens ne soient effectués.»

«J'étais terrifiée», a-t-elle soutenu. «J'ai téléphoné à mon mari, et ils m'ont dit que l'appel devait prendre fin parce qu'ils devaient m'emmener en chirurgie d'urgence», a-t-elle expliqué.

«Engagés à améliorer l'accès»

Dans une déclaration à CTV News, l'Autorité régionale de la santé de Winnipeg (WRHA) reconnaît les défis auxquels sont confrontés les patients et le personnel dans les salles d'urgence de la ville.

«La Winnipeg Regional Health Authority continue de travailler avec ses partenaires du système pour améliorer le flux des patients et réduire les temps d'attente», indique un communiqué d'un porte-parole de la WRHA.

«Cela comprend l'augmentation du personnel lorsque cela est possible, l'amélioration de la coordination entre les équipes de soins et le soutien à l'admission et à la sortie des patients en temps opportun afin qu'ils reçoivent des soins dans le cadre le plus approprié. Les hôpitaux ont également commencé à mettre en œuvre des mesures pour libérer les patients le week-end afin de les aider à rentrer chez eux plus tôt et de réduire l'occupation des lits.»
- Déclaration de la Winnipeg Regional Health Authority

Les longs délais d'attente se sont poursuivis cette semaine. Mercredi après-midi, le site internet de la WRHA, qui indique les temps d'attente actuels dans les services d'urgence de la ville, indiquait que le temps d'attente à l'hôpital Saint-Boniface était d'environ 10 heures et celui au Health Sciences Centre (HSC) de plus de 12 heures.

La situation des soins de santé est «difficile»

Le Dr Noam Katz est médecin urgentiste à Winnipeg et travaille depuis huit ans à l'hôpital Saint-Boniface de la ville.

«Il y a beaucoup de choses très difficiles qui redeviennent très difficiles à surmonter, et les temps d'attente en sont la conséquence, comme nous pouvons tous le constater», a-t-il soutenu.

Le Dr Katz affirme que les temps d'attente dans les hôpitaux, y compris celui où il travaille, ont «considérablement augmenté».

Il ajoute que les temps d'attente sont extrêmement longs certains jours et qu'ils ne sont pas en mesure de fournir les soins appropriés que méritent les patients.

Lorsqu'on lui demande à quel point cela est frustrant, M. Katz répond simplement «très».

«Dans de nombreux cas, les longs délais d'attente entraînent des résultats médiocres pour les patients, et nous le constatons à l'échelle locale, nationale et internationale», a-t-il indiqué.

«Il existe de nombreux exemples à ce sujet, ce qui est vraiment regrettable, et je peux vous assurer que personne dans le secteur des soins de santé ne souhaite voir cela se produire.» - Dr Noam Katz, médecin urgentiste à l'hôpital Saint-Boniface de Winnipeg

«Nous voulons désespérément orienter les gens vers les services de traitement appropriés afin de pouvoir mener les investigations nécessaires pour identifier les personnes qui ont vraiment besoin de ces soins vitaux», a-t-il ajouté. 

Mais M. Katz affirme qu'il n'existe pas de solution miracle pour remédier à la situation des soins de santé dans la province.

«Si c'était le cas, nous l'aurions déjà fait à maintes reprises », a-t-il dit. «Nous voulons simplement voir au moins des progrès et des améliorations progressifs, ce qui, à mon avis, est difficile à constater en temps réel à l'heure actuelle.»

«En fin de compte, le plus important est que nous soyons en mesure de fournir des soins appropriés aux patients lorsqu'ils en ont besoin, ce qui est le rôle d'un service d'urgence», a-t-il dit.

Des mesures préventives sont nécessaires

Les défenseurs de la santé affirment que des histoires troublantes se produisent trop souvent dans les services d'urgence des hôpitaux à travers le Canada.

«Ces histoires terribles continuent de se produire», constate Steven Staples, directeur national des politiques et de la défense des intérêts à la Coalition canadienne de la santé.

«Nous ne pouvons qu'espérer que lorsque ces incidents sont révélés, ils sont traités comme un accident d'avion, où quelqu'un intervient, évalue la situation, détermine la cause et prend ensuite des mesures pour que cela ne se reproduise plus», a-t-il soutenu.

M. Staples a affirmé qu'il espérait qu'à long terme, le système de santé canadien évoluerait vers un modèle plus préventif, où les gens recevraient des soins plus tôt et éviteraient complètement les urgences.

«Nous savons que les gens ont du mal à consulter des médecins de famille qui connaissent leurs antécédents médicaux, qui peuvent les suivre et s'assurer que leur état s'améliore, et finalement leur éviter de se retrouver dans une situation où ils doivent se rendre aux urgences», a-t-il déclaré.