L’écart salarial au Québec reste un enjeu toujours aussi important en 2025 et pour illustrer le problème, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomique (IRIS) estime qu’à partir du 29 novembre 2025, les Québécoises commencent symboliquement à travailler gratuitement.
«La rémunération horaire moyenne des femmes a atteint 32,21$ en 2024, soit 91,0% de celle des hommes qui s’est élevée à 35,38$», indique l’IRIS.
Ce qui laisserait les femmes à travailler «bénévolement» pour les 33 derniers jours de l’année.
Selon les données de l’IRIS, l’écart serait encore plus grand si on considérait la rémunération hebdomadaire moyenne, soulignant que celle des femmes se situe à 82,7% de celle des hommes notamment parce que les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel que les hommes.
L’organisme soutient que l’écart salarial n’a pas progressé l’an dernier notamment en raison de la popularité «grandissante» des idées conservatrices.
«On peut dire avec assurance que l’an dernier, le Québec a fait du surplace en matière d’égalité salariale», indique-t-on.
Des métiers à prédominance féminine toujours sous-valorisés
Les femmes sont «systématiquement» sous-rémunérées par rapport aux hommes, note l’IRIS, expliquant que leur surreprésentation dans des domaines historiquement dévalorisés reflète les inégalités salariales entre les hommes et les femmes.
Le «phénomène de ségrégation professionnelle genrée du marché du travail» étudié en 2019 par l’organisme contribue à maintenir les écarts salariaux.
L’étude en question démontre que bien que la Loi sur l’équité salariale, qui est en place au Québec depuis 1996, a permis d’améliorer l’égalité salariale entre les hommes et les femmes au fil du temps, les inégalités persistent notamment pour les métiers traditionnellement associés aux femmes.
La solution se trouve dans la syndicalisation
L’écart salarial est persistant, peu importe l’âge, le niveau scolaire, la taille de l’entreprise et l’industrie, note l’IRIS. Mais la syndicalisation est une solution qui ramène presque les femmes à égalité avec les hommes.
Selon l’IRIS, la rémunération horaire moyenne des femmes syndiquées atteint 95,6% de celles de leurs collègues masculins syndiqués en 2024. Il s’agit d’une différence de 5% comparé aux employées non syndiquées, qui ont une rémunération horaire moyenne équivalant à 87,5% de celles des hommes.
«Ceci s’explique en partie par la mission et les valeurs qui animent les organisations syndicales telles que la solidarité, l’égalité et la justice sociale», indique l’Institut de recherche.
Les syndicats ont d’ailleurs souvent fait pression pour l’application de l’équité salariale dans les milieux de travail.
L’IRIS souligne que ce sont notamment les syndicats qui ont permis la création de services de garde publics ou encore les congés de maternité payés. «Des acquis qui profitent aujourd’hui à toutes les travailleuses, syndiquées ou pas.»
Le projet de loi 3 pourrait faire reculer les progrès
L’IRIS est clair: la syndicalisation contribue à l’égalité entre les hommes et les femmes et les «attaques» du gouvernement Legault contre les syndicats pourraient coûter cher aux femmes.
«La réforme du régime syndical proposé par le ministre du Travail Jean Boulet (le projet de loi 3), pourrait carrément nous faire reculer», prévient l’organisme.
L’IRIS explique que les mouvements syndicaux «cherchent à protéger l’égalité homme/femme» et que le projet de loi 3 priverait les syndicats de moyens de mener certaines luttes politiques, ce qui affecterait directement les femmes.
«Si elle entre en vigueur, cette loi priverait les organisations syndicales d’un moyen de contester des décisions gouvernementales qui portent atteinte aux droits des femmes en dehors du monde du travail ou de militer pour l’adoption de politiques favorisant l’égalité entre hommes et femmes», indique-t-on.

