Des colons israéliens ont incendié et profané une mosquée dans un village palestinien du centre de la Cisjordanie dans la nuit de mercredi à jeudi, y inscrivant des messages haineux en signe de défi, au lendemain de la condamnation par certains responsables israéliens d'une récente attaque perpétrée par des colons contre des Palestiniens.
Un mur, au moins trois exemplaires du Coran et une partie de la moquette de la mosquée de la ville palestinienne de Deir Istiya étaient incendiés lorsqu'un journaliste de l'AP s'y est rendu jeudi.
Sur un côté de la mosquée, des colons ont laissé des graffitis tels que «Nous n'avons pas peur», «Nous nous vengerons encore» et «Continuez à condamner». Ces inscriptions en hébreu, difficiles à déchiffrer, semblaient faire référence au général de division Avi Bluth, chef du commandement central de l'armée israélienne, qui avait publié mercredi une rare condamnation de ces violences.
Des soldats de l'armée israélienne, qui n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires, étaient présents sur les lieux. Il s'agissait de la dernière d'une série d'attaques qui ont suscité l'inquiétude de hauts responsables, de chefs militaires et de l'administration Trump.
Lors d'une conférence de presse mercredi, le secrétaire d'État américain Marco Rubio a déclaré: «Nous craignons que les événements en Cisjordanie ne débordent et ne compromettent nos actions à Gaza.»
Les responsables israéliens ont tenté de présenter les violences des colons comme le fait de quelques extrémistes. Mais les Palestiniens et les organisations de défense des droits de la personne affirment que ces violences sont généralisées et perpétrées par des colons sur l'ensemble du territoire, en toute impunité par le gouvernement d'extrême droite israélien, dirigé par le premier ministre Benyamin Nétanyahou. Ce dernier n'a pas commenté cette recrudescence de la violence.
Un phénomène récurrent
La violence des colons ne cesse de s'intensifier depuis des décennies, et la mosquée de Deir Istiya avait déjà été la cible d'attaques de leur part.
Selon le département d'État américain, des colons ont vandalisé la mosquée en 2012, puis de nouveau en 2014, d'après un recensement des violences commises par les colons publié sur le site web de l'Anti-Defamation League.
La violence avait atteint des niveaux records avant le déclenchement de la guerre à Gaza, il y a deux ans, et n'a fait qu'empirer depuis. Au mois d'octobre, on a enregistré le plus grand nombre d'attaques de colons recensées en Cisjordanie depuis que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a commencé à les comptabiliser en 2006, a indiqué ce dernier.
