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Anand fait la promotion du multilatéralisme en vue du sommet des ministres du G7

«Relever les défis mondiaux exige des partenariats mondiaux», a déclaré Mme Anand.

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Le secrétaire d'État américain Marco Rubio (à droite) rencontre la ministre des Affaires étrangères du Canada, Anita Anand, au département d'État à Washington, le 21 août 2025. (Cliff Owen | Associated Press)

La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a ouvert mardi une réunion du G7 en appelant à une collaboration continue sur de nombreux problèmes mondiaux, de la guerre menée par la Russie en Ukraine au fragile cessez-le-feu à Gaza.

«Relever les défis mondiaux exige des partenariats mondiaux», a déclaré Mme Anand.

Elle a accueilli les ministres des Affaires étrangères du G7 dans la région de Niagara, en Ontario, fraîchement enneigée, pour une réunion de deux jours consacrée aux défis économiques et sécuritaires communs.

Dans un monde secoué par une géopolitique instable et les politiques protectionnistes du président américain Donald Trump, Mme Anand veut faire la promotion du multilatéralisme alors que le Canada achève sa présidence du G7.

«La force du G7 réside dans sa capacité à permettre au multilatéralisme de fonctionner pleinement», a-t-elle affirmé.

Les ministres des Affaires étrangères des autres pays du G7 — l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni, les États-Unis, ainsi que l’Union européenne — devaient participer mardi à un souper de travail axé sur la paix et la stabilité mondiales.

Mme Anand a également invité ses homologues de l'Australie, du Brésil, de l'Inde, du Mexique, d'Arabie saoudite, d'Afrique du Sud, de Corée du Sud et d'Ukraine à cette réunion.

«Les enjeux auxquels nous sommes confrontés dépassent le cadre du G7 et nos frontières, a déclaré Mme Anand. C'est pourquoi il est absolument essentiel que la diversité géographique soit représentée autour de la table.»

Mme Anand et le premier ministre Mark Carney s'efforcent de diversifier le commerce canadien afin de réduire la dépendance du Canada envers les États-Unis, compte tenu des droits de douane imposés par Donald Trump.

Les efforts d'Ottawa pour rétablir les relations avec l'Inde ont heurté la sensibilité de certains Canadiens encore indignés par l'assassinat, en 2023, du chef sikh Hardeep Singh Nijjar en Colombie-Britannique. L'invitation de l'Inde à la réunion des ministres des Affaires étrangères a également suscité des réactions négatives, l'organisation de défense des droits des sikhs, Sikhs For Justice, organisant un piquet de grève près du lieu des réunions du G7.

Bien que ces points ne figurent pas explicitement à l'ordre du jour, la politique isolationniste de Donald Trump et le recours généralisé aux droits de douane risquent fort de peser sur la réunion.

Scepticisme de l'administration Trump

Donald Trump a toujours manifesté son scepticisme à l'égard de la coopération multilatérale. Invoquant sa politique «L'Amérique d'abord», il a réduit le financement des Nations unies et retiré les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat et de l'Organisation mondiale de la santé.

Le président a également imposé des droits de douane sans précédent aux autres pays du G7.

Dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne lundi, Mme Anand n'a pas précisé si elle s'entretiendrait avec le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, au sujet des négociations commerciales bilatérales. Celles-ci ont été suspendues par Donald Trump le mois dernier après la diffusion par l'Ontario d'une publicité télévisée dans laquelle l'ancien président américain Ronald Reagan critiquait les droits de douane. 

Fen Osler Hampson, professeur de relations internationales à l'Université Carleton, a déclaré que «cette réunion illustre un défi plus vaste auquel sont confrontées les démocraties».

«Comment construire une sécurité collective, une sécurité économique collective, lorsque le membre le plus puissant envisage la politique économique principalement à travers un prisme nationaliste étroit?», s'est interrogé M. Hampson.

Le G7 fonctionne encore, car il privilégie une «coopération ciblée et pragmatique là où les intérêts convergent», a-t-il ajouté.

«Les dirigeants continuent de se réunir. Et dans les pires moments, c'est peut-être le mieux que l'on puisse espérer.»

La réunion du G7 de mercredi comprendra une discussion avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiha. Mme Anand a indiqué que la réunion réaffirmera «notre soutien collectif à l'Ukraine face à l'agression russe».

La Russie et l'Ukraine s'affrontent quasi quotidiennement contre leurs infrastructures énergétiques respectives, et les efforts diplomatiques menés par les États-Unis demeurent au point mort.

M. Rubio a toujours été un adepte d'une politique dure envers la Russie, mais M. Trump lui-même reste incohérent dans ses messages concernant la guerre.

M. Hampson a indiqué qu'il observera attentivement si le G7 affirmera fermement son soutien à l'intégrité territoriale de l'Ukraine ou si M. Rubio sera «rappelé à l'ordre par son supérieur».

La réunion du G7 se penchera également sur le cessez-le-feu à Gaza, que le Hamas et l'armée israélienne s'accusent mutuellement de violer.

«Le Canada salue bien sûr le plan de paix et les efforts du président Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza», a expliqué Mme Anand. La sécurité maritime figure également à l'ordre du jour, alors que le Canada s'apprête à ouvrir un nouveau consulat au Groenland. 

Mme Anand a souligné que le Canada, en tant que nation arctique, accorde une grande importance à un engagement accru avec les autres pays de la région.

Lors du sommet du G7 en mars à Québec, les ministres des Affaires étrangères ont appuyé la création d'un groupe de travail chargé de lutter contre la flotte clandestine de pétroliers russes, une initiative soutenue par le Canada. M. Hampson a indiqué que des centaines de navires de cette flotte ont depuis été sanctionnés.

Un autre point clé des discussions portera sur la manière dont les pays du G7 peuvent collaborer pour contrer la domination chinoise dans le secteur des minéraux critiques et leur transformation.

Donald Trump vient toutefois de négocier un accord d'un an avec la Chine visant à suspendre ses contrôles sur les exportations de terres rares en échange d'une réduction des droits de douane. On ignore si l'équipe de M. Trump souhaitera un langage plus conciliant à l'égard de la Chine dans une éventuelle déclaration commune. 

 – Avec des informations de Kelly Geraldine Malone et de l'Associated Press

Maan Alhmidi

Maan Alhmidi

Journaliste