Mark Carney, nouvellement élu au poste de premier ministre, a été conseillé de contrer les provocations du président américain Donald Trump si ce dernier se plaignait à nouveau de la sécurité à la frontière, des dépenses consacrées à la défense et à l'entrée de fentanyl aux États-Unis par le Canada.
Une nouvelle note récemment obtenue en vertu de la Loi d'accès à l'information avait été rédigée par des fonctionnaires fédéraux afin d'aider M. Carney, lors de sa première conversation téléphonique avec M. Trump à la suite des élections fédérales du 28 avril.
Un bref compte rendu de la conversation du 29 avril a été publié la journée même par le cabinet de Mark Carney. Il mentionne que M. Trump a félicité le Canadien pour sa récente élection. Les deux hommes avaient convenu «de l’importance pour le Canada et les États-Unis de travailler ensemble, en tant que nations indépendantes et souveraines, en vue d’améliorer la situation des deux pays».
«À cette fin, les dirigeants ont convenu de se rencontrer en personne dans un avenir proche», pouvait-on aussi lire dans le compte rendu de la conversation.
La note suggérait au premier ministre de rappeler à M. Trump que les deux pays s'étaient déjà entendus à négocier un nouveau partenariat économique et militaire après les élections.
Il a été conseillé à M. Carney de dire à M. Trump qu'il voulait entreprendre ces discussions avant le sommet du G7, en juin, à Kananaskis, en Alberta.
Les auteurs de la note ont aussi recommandé au premier ministre de demander au président d'indiquer ses principaux objectifs d'une entente avec le Canada et d'exprimer sa confiance sur le succès de la première phase des discussions.
Cette entente ne s'est pas encore concrétisée. Les récentes négociations visant à éliminer les droits douaniers sur l'acier et l'aluminium canadiens n'ont pas encore porté leurs fruits.
M. Trump a rompu les négociations en octobre, en prenant prétexte d'une campagne publicitaire contre les droits douaniers menés par l'Ontario aux États-Unis.
La note d'avril comprenait des exemples de répliques que pourrait formuler M. Carney si le président américain voulait parler du sommet du G7 ou de la guerre en Ukraine.
D'autres propositions visaient aussi à répondre aux plaintes habituelles du locataire de la Maison-Blanche envers le Canada, notamment sur les dépenses militaires et le fentanyl.
La note suggère au premier ministre de dire à M. Trump que le Canada et les États-Unis profitent d'une frontière sûre. La circulation des produits se fait dans les deux sens.
«La circulation des drogues, des armes à feu et des migrants vers le nord pose un sérieux problème au Canada, souhaitait-on entendre du premier ministre. Nous avons pris des mesures importantes pour protéger la frontière et nous continuerons de le faire. C'est un sujet dans lequel nous pouvons facilement démonter une situation où tout le monde trouve son compte. On peut annoncer le retrait des droits douaniers.»
Si M. Trump abordait la question du fentanyl, M. Carney pourrait alors lui rappeler que le Canada «n'était pas la source» du problème.
«Nous avons agi de manière énergique pour éliminer toute trace de fentanyl traversant la frontière», peut-on lire dans la note.
La note conseillait à M. Carney d'exprimer son accord sur l'idée d'une augmentation des dépenses militaires par tous les pays membres de l'OTAN et sur le partage du fardeau militaire.
Elle lui recommandait d'exprimer l'idée que le Canada doit accélérer le rythme pour atteindre l'objectif de 2% du PNB pour les dépenses militaires et qu'il agissait en ce sens.
Moins de deux ans plus tard, M. Carney a annoncé que le Canada atteindrait cet objectif dès cette année et qu'il augmenterait encore plus les dépenses militaires au cours des années à venir.

