Société

Des citoyens manifestent contre Israel-Premier Tech au Grand Prix cycliste à Montréal

Sept arrestations ont été effectuées par le Service de police de la Ville de Montréal.

Mis à jour

Publié

Des personnes protestent contre la participation de l'équipe cycliste Israel Premier Tech lors du Grand Prix cycliste UCI de Montréal, le dimanche 14 septembre 2025. Des personnes protestent contre la participation de l'équipe cycliste Israel Premier Tech lors du Grand Prix cycliste UCI de Montréal, le dimanche 14 septembre 2025. (Christopher Katsarov/La Presse canadienne)

Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés en bordure du parcours du Grand Prix cycliste de Montréal pour s'opposer à la participation de l'équipe Israel-Premier Tech (IPT) à l’événement.

«Boycottons le Grand Prix, boycottons IPT» ou «Solidarité avec la Palestine», scandaient les manifestants, au son des tambours. Plusieurs personnes brandissaient des drapeaux de la Palestine et portaient un keffieh.

Les manifestants étaient réunis au pied du mont Royal, en bordure de l’avenue du Parc, où des barrières encadraient le parcours emprunté par les cyclistes. «Israel-Premier Tech ambassadeur du génocide», pouvait-on lire sur une grande pancarte jaune plantée dans l’herbe. 

Une forte présence policière pouvait être observée, alors que des policiers à pied, à vélo et même à chevaux étaient présents sur les lieux. 

Ils ont procédé à sept arrestations, notamment pour avoir commis des voies de fait sur un agent de la paix et pour avoir entravé le travail des policiers. «Les policiers ont eu à encadrer plusieurs manifestations simultanées. Dans la très grande majorité des cas, les manifestants ont coopéré avec les policiers et la course s’est déroulée sans interruption», a rapporté Manuel Couture, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal.

Les groupes Cyclistes pour la Palestine, Palestiniens et Juifs unis (PAJU) et Désinvestir pour la Palestine, qui ont organisé le rassemblement, ont appelé les citoyens à se mobiliser pour demander aux organisateurs de l'événement et à ses commanditaires «d’exclure l’équipe complice de génocide des Grands Prix au Québec». 

Les organisations accusent IPT de «complicité avec l'entité génocidaire» et de «blanchiment sportif» («sportswashing»), une expression utilisée lorsqu'une organisation a recours à une activité sportive pour améliorer sa réputation et camoufler ses méfaits.

«On fait du blanchiment d’un génocide à travers une équipe sportive, et on refuse vraiment que nos rues accueillent une telle équipe qui blanchit un génocide en cours», a affirmé Safa Chebbi, porte-parole de Désinvestir pour la Palestine, sur les lieux de la manifestation. 

Les trois organisations soulignent que la manifestation de dimanche était un «dernier recours» pour demander l'exclusion d'IPT, alors qu'elles ont déjà lancé une pétition, publié une lettre ouverte et interpellé les autorités municipales des villes qui accueillent le Grand Prix cycliste.

«Les gouvernements et toutes les institutions publiques n’écoutent pas ce message, et pourtant, je pense qu’il faut le rappeler, quand il s’agissait de l’équipe russe avec l’invasion de l’Ukraine, ça a été fait rapidement», a indiqué Mme Chebbi. 

«Maintenant ça fait deux ans qu’un génocide reconnu par plusieurs organisations internationales (se produit), et pourtant, il y a de la difficulté à prendre ce genre de décision», a-t-elle déploré. 

IPT n'est pas financé par l'État d'Israël, mais par le milliardaire d'origine québécoise Sylvan Adams, installé dans ce pays depuis des années. Amateur de cyclisme, il est des commanditaires principaux de l'équipe.

Plus tôt en septembre, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou lui a exprimé son soutien, parce qu'il a refusé de retirer son équipe des épreuves sportives malgré les manifestations des opposants. 

«Montrer la solidarité envers la Palestine et envers l’humanité»

Pour Karim, un manifestant qui n'a pas voulu donner son nom de famille, la présence d'IPT au Grand Prix représente «un grand déni de démocratie», alors que des organisations ont contacté les autorités municipales et sportives pour demander l’exclusion de l’équipe. 

«En tant qu’immigrant ici, je veux sentir que je ne suis pas complice du génocide canadien qui se poursuit aujourd’hui en Palestine, et que mon argent n’aille pas financer le génocide, parce que le Canada arme Israël, a-t-il soutenu. On veut un mouvement de boycottage, parce qu’on veut la paix.»

Zeke Williams a pour sa part dénoncé le fait que l'Union cycliste internationale ne s'est pas opposée à la participation d'IPT à ses événements, alors que, par exemple, la Russie a été bannie en tant que nation des Jeux olympiques de Paris, en raison de la guerre en Ukraine. 

«Il semble quelque peu illogique de ne pas agir de la même manière, alors qu'à l'heure actuelle, la grande majorité du monde, la grande majorité des universitaires qui étudient le génocide, l'ONU elle-même, reconnaissent qu'il s'agit en quelque sorte d'un génocide», a dit M. Williams, en anglais. 

Julie Lambert a affirmé participer au rassemblement alors qu'un grand sentiment d'impuissance l'habite en lien avec la guerre à Gaza. 

«C’est la seule chose qu’on peut faire. C’est tellement épouvantable, jusqu’où ça va aller? Chaque fois on franchit des limites, et d’être ici c’est montrer la solidarité envers la Palestine et envers l’humanité», a-t-elle fait valoir. 

Le député solidaire Haroun Bouazzi a également pris part à la manifestation. 

«Je partage la colère des Québécois face à un milliardaire qui appuie les crimes commis par l'État d'Israël, qui ne se cache pas d'utiliser le sport pour améliorer l'image des politiques israéliennes et qui, en plus, reçoit l'appui des organisateurs dans son projet. L'esprit sportif, le cyclisme et le Québec méritent mieux», a-t-il soutenu, dans une déclaration écrite. 

Des manifestations contre IPT ont eu lieu ces dernières semaines à la Vuelta en Espagne, ce qui a amené l'équipe à modifier son maillot pour retirer toute mention à Israël. 

Vendredi, une poignée de manifestants propalestiniens s'étaient rassemblés lors du Grand Prix cycliste de Québec, également dans le but de s'opposer à la présence d'IPT lors de la compétition. 

L'autre commanditaire principal d'IPT est Premier Tech. Il s'agit d'une grande entreprise québécoise dont le siège se trouve à Rivière-du-Loup.

Elle conçoit une vaste gamme de produits, des systèmes automatisés destinés entre autres à l'industrie manufacturière, des produits qui servent aussi à la gestion et l'assainissement des eaux, ainsi que toutes sortes de produits utilisés en agriculture, des engrais, etc. 

- Avec des informations de Patrice Bergeron pour La Presse canadienne

Coralie Laplante

Coralie Laplante

Journaliste