Quelques jours après le départ fracassant de Vincent Marissal de Québec solidaire (QS), Alexandre Leduc était toujours sidéré de la sortie de son «ami et ex-collègue», lundi, à l’Assemblée nationale.
Selon le député d’Hochelaga-Maisonneuve, M. Marissal aurait eu tout à gagner à imiter l’ex-co-porte-parole dans sa façon de faire, plutôt que de révéler sur la place publique ses dissensions avec sa formation politique. M. Leduc a aussi reproché à son ancien collègue, qui siégera désormais comme député indépendant, d’avoir entretenu des discussions avec le Parti québécois (PQ).
«De quitter le navire, alors qu’on apprend que ça fait des mois qu’il est en discussion avec le PQ… Ce n’est pas une façon constructive de se poser des questions. Je salue, par exemple, un Gabriel Nadeau-Dubois […] qui quitte de manière constructive, de manière sereine», a-t-il lancé.
Lors de l’annonce de son départ de QS, quelques minutes après que le parti a dévoilé qu’il était suspendu de son caucus, Vincent Marissal avait affirmé que le PQ serait la seule famille politique dans laquelle il pourrait se retrouver à la suite de son départ de QS, jugeant qu'il fallait barrer le passage au Parti libéral du Québec et à la Coalition avenir Québec.
«La seule place, la seule famille où je pourrais me retrouver, c'est au Parti québécois. Mais on n'en est pas là», a-t-il avancé.
Alexandre Leduc n'a malgré tout pas adhéré à ses explications.
«Voir mon ami Vincent devenir tout à coup une espèce de cheerleader de PSPP, c'est fort de café.»
De son côté, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a affirmé sur les réseaux sociaux samedi qu'il avait été «informé» par M. Marissal, de l'inconfort «de plus en plus intolérable» de celui-ci au sein de la formation politique. Toutefois, le chef du PQ a indiqué que les deux hommes n'ont «rien convenu de précis».
Le conflit à la STM a fait déborder le vase
M. Marissal avait aussi dit «souffrir» depuis quelque temps.
La position du caucus solidaire lors des grèves de la Société de transport de Montréal (STM) a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Le député a notamment reproché au parti sa position ferme aux côtés des syndicats, au détriment de la population.
«Là, je pense qu'on était du mauvais côté de l'histoire. Le monde souffrait à Montréal. Les gens nous écrivaient ici des courriels enflammés parce qu'ils considéraient qu'on les avait abandonnés. Puis je considère qu'on les a abandonnés», a-t-il raconté.
D’après Alexandre Leduc, il aurait emprunté cette rhétorique au gouvernement au pouvoir. «C’est exactement ce que disait la CAQ, ce que disait Jean Boulet. Je suis sidéré d’entendre mon ami Vincent reprendre mot pour mot des arguments de Jean Boulet», a-t-il asséné lundi.
Un malaise à QS?
Le solidaire démissionnaire a eu des mots durs envers son ancien parti, lui reprochant notamment de ne pas être gouvernable.
«C'est un parti qui est paralysé par sa base, c'est un parti qui est complètement embourbé, puis qui n'est pas capable de s'émanciper. Il y a une distance phénoménale entre le caucus et la base militante», a-t-il souligné.
«Le problème, c'est qu'on n'est pas capable de ramener ce parti vers un peu plus de rationalité», a-t-il estimé.
Alexandre Leduc a tenu à répondre à ces critiques, lundi. «Je suis heureux dans mon travail. Je trouve que ça va bien. Rien n'est parfait. On peut se poser des questions, on doit se poser des questions, on peut toujours s'améliorer […] Mais ce portrait-là, cauchemardesque, peint par Vincent Marissal, je n’y adhère pas du tout», a-t-il insisté.
Malgré tout, M. Leduc a tenu à souligner le travail et les efforts de M. Marissal, notamment en matière de santé, domaine dont il était le porte-parole solidaire depuis 2021.
Vincent Marissal avait été élu député lors des élections de 2018. Ironiquement, il avait alors défait le chef du Parti québécois de l'époque, Jean-François Lisée.
Quatre ans plus tard, il a été réélu, obtenant une majorité de plus de 5000 votes devant la caquiste Sandra O'Connor.
Avec de l’information de La Presse canadienne

