Justice

Rozon s'en prend aux médias avant le début des plaidoiries finales à son procès

«Je suis "cancellé". [...] Quand on "cancel" quelqu'un, qu'on le tue socialement, c'est grave.»

Mis à jour

Publié

Rozon s'en prend (encore) aux médias Rozon s'en prend (encore) aux médias

Alors que les plaidoiries finales au procès de Gilbert Rozon s'amorcent lundi matin, l’accusé s’en est pris aux médias avant l’audience, les accusant de l’avoir «cancellé» depuis les allégations d’agressions sexuelles.

Accusé d’agressions sexuelles par neuf demanderesses dans un procès civil qui s’est ouvert en décembre dernier, M. Rozon n'a pas hésité à rappeler l'assassinat de Charlie Kirk aux États-Unis et la suspension de l'émission de Jimmy Kimmel pour expliquer ses propos. 

«C'est important de débattre. On vit dans une curieuse période», a-t-il dit. «Vous, les journalistes, vous "cancellez" des gens pour la vie, vous les assassinez socialement sans que vous vous posiez des questions.»

«Il y a huit ans vous [les médias] m'avez cancellé, vous m'avez éliminé. J'ai tout perdu et ça vous semble normal qu'il y ait un procès médiatique qui précède la justice. Alors, huit ans plus tard je m'en remets à la justice.»
-Gilbert Rozon

Alors qu'il disait s'être fait «canceller» par les médias, l'une des victimes alléguées qui venaient d'arriver au tribunal lui a directement demandé: «Un viol, c'est quoi? C'est cancellé quelqu'un ça?»

M. Rozon a répliqué qu'il comprenait la réaction des victimes alléguées, en disant qu'elles étaient «très agressives», avant de revenir sur le sujet des médias.

«Les médias ont un travail à faire pour ramener la vérité qu'ils n'ont pas», a-t-il soutenu lundi matin. «Maintenant, ce sont des chroniqueurs, des opinions et on décide de la vie des gens en cinq secondes. Il y a des conséquences de ce que vous faites.»

Avant l'audience, il a également dit espérer que la juge demeure impartiale malgré la «pression médiatique importante» dans cette affaire.

Tout au long du procès, Gilbert Rozon a accusé à plusieurs reprises les plaignantes de mentir pour lui prendre son argent. Lors des plaidoiries de lundi, dans une salle bondée, le représentant des plaignantes, Me Bruce W. Johnston, a plaidé que c'était plutôt l'accusé qui aurait menti.

Il en a également profité pour souligner le modus opérandi du fondateur de Juste pour Rire: ce dernier viserait plus des jeunes femmes dans son milieu de travail et les faits allégués se seraient déroulés dans leur sommeil, comme l'avaient témoigné Julie Snyder et Annick Charrette.

«Les chances que toutes les clientes mentent, c'est 0%. Les chances que le défendeur ment, c'est 100%.»
-Me Bruce W. Johnston, représentant les demanderesses

Les plaidoiries se poursuivent dans les prochains jours, et devraient se terminer le 29 septembre prochain. La juge Chantale Tremblay aura ensuite six mois pour rendre une décision.

Depuis le début du procès, le fondateur de Juste pour rire a nié en bloc les allégations des neuf demanderesses et de sept autres femmes qui sont venues témoigner à titre de faits similaires. Plusieurs personnes ont été appelées à la barre, incluant l'accusé. Plus récemment, il s'agissait de la Dre Baril et de la journaliste Monic Néron.

Le grand patron de Québecor, Pierre Karl Péladeau, devrait éventuellement témoigner via une déclaration écrite déposée au tribunal. Un débat à huis clos doit toutefois avoir lieu avant la lecture publique de la déclaration alors que certaines parties du témoignage de l'homme d'affaires pourraient être exclues, notamment en raison de l'article du Code civil du Québec touchant les mythes et stéréotypes dans les cas de violence sexuelle. 

L'article 2858.1 du Code civil du Québec sur les mythes et stéréotypes et l'article qui concerne l'abolition du droit de prescription en matière civil sont actuellement contestés par le clan Rozon. 

La poursuite civile intentée contre Gilbert Rozon s'élève à 14 millions de dollars.

Avec des informations de Jennifer Gravel pour Noovo Info

Lili Mercure

Lili Mercure

Vidéjournaliste