Justice

Cruauté animale: l'ex-proprio d'Expédition Mi-Loup écope 23 mois de prison

«La peine prononcée [contre Antoine Simard] est la plus sévère jamais imposée au Québec pour cruauté envers les animaux.»

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Cruauté animale: l'ex-proprio d'Expédition Mi-Loup écope 23 mois de prison Cruauté animale: l'ex-proprio d'Expédition Mi-Loup écope 23 mois de prison

L'ancien propriétaire du chenil de chiens de traîneau Expédition Mi-Loup, Antoine Simard, a écopé vendredi d'une peine de 23 mois d'incarcération lors du prononcé de sa sentence au palais de justice de Québec.

AVERTISSEMENT: Cet article contient du contenu et des images en lien avec la cruauté animale qui pourraient choquer certains lecteurs.

L'homme avait été reconnu coupable de crimes de cruauté et de négligence envers les animaux en juin dernier.

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) confirme à Noovo Info que M. Simard s’est vu également imposer une probation d’une durée de trois ans et une ordonnance d’interdiction de posséder des animaux pour une durée de 10 ans.

Antoine Simard a volontairement tué ou mutilé, blessé, empoisonné ou estropié des chiens. Il a aussi été reconnu coupable d'avoir causé des souffrances à des animaux et d'avoir négligé de nourrir et de soigner convenablement les chiens sous sa supervision au chenil situé sur l’île d’Orléans.

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Les actes reprochés se sont produits sur une période de près de 12 ans, soit de 2008 à 2020.

Au cours du procès, les témoignages ont révélé que des employés ont cassé le cou de chiots avant de les jeter dans un congélateur, alors qu'ils étaient toujours vivants. Des chiens adultes ont été tués dans une «boîte à gaz» improvisée, pendu, ou se sont vus refusés de la nourriture.

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Dans cette affaire, l'homme à tout faire d'Antoine Simard, Édouard Parent, a aussi été reconnu coupable d'avoir volontairement tué ou mutilé, blessé, empoisonné ou estropié des chiens et d'avoir causé des souffrances à des animaux.

La troisième accusée au dossier, Élizabeth Leclerc, a été acquittée.

La SPCA de Montréal réagit

«La peine prononcée ce matin [vendredi] est la plus sévère jamais imposée au Québec pour cruauté envers les animaux», souligne Me Sophie Gaillard, directrice de la défense des animaux et des affaires juridiques et gouvernementales à la SPCA de Montréal.

«Dans sa décision, la Cour du Québec a qualifié les gestes commis comme étant inacceptables et traduisant d’une grande cruauté envers des êtres doués de sensibilité. Le tribunal a reconnu l’importance de dénoncer la cruauté animale comme un crime sérieux, alors que ce crime a historiquement été considéré comme étant de gravité moindre par les tribunaux québécois. Cela fait presque une décennie que nous voyons des peines d’incarcération sévères être imposées pour des cas graves de cruauté envers les animaux un peu partout au pays. Jusqu’à aujourd’hui, le Québec faisait exception», a commenté Mme Gaillard.

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Quelques jours après avoir été trouvé coupable, Antoine Simard avait fait parvenir une lettre à Noovo Info pour tenter de justifier ses gestes

«Je tiens à exprimer mes excuses les plus sincères pour la souffrance et la négligence infligées aux animaux sous ma garde. Les erreurs commises sont graves, et je prends l'entière responsabilité des conditions inacceptables qui ont été imposées à nos chiens», pouvait-on lire dans sa lettre.

M. Simard invoquait le surmenage, la dépression et des troubles de santé mentale pour justifier son incapacité à gérer le chenil adéquatement et à assurer le bien-être des animaux.

Encadrer l’industrie

La SPCA déplore par ailleurs, «le manque flagrant d’encadrement du bien-être animal dans l’industrie des chiens de traîneau au Québec».

Afin d’améliorer les choses, la SPCA de Montréal a lancé, en novembre dernier, une pétition demandant au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec de mettre en place de la règlementation spécifique à ce secteur en vue de protéger les milliers de chiens qui y sont exploités.

La pétition a depuis été signée par plus de 25 000 personnes.

«Maintenant que le procès d’Expédition Mi-Loup est terminé, le gouvernement du Québec doit agir sans plus tarder pour s’assurer qu’un cas comme celui-ci ne se produise plus jamais dans notre province», a plaidé Me Gaillard.

Avec des informations de Raquel Fletcher, Denis Langlois et Alex Sauro, Noovo Info.