Politique

Churchill Falls: le PLQ plus favorable à l'entente que lors de sa signature

«C'est une entente qui est correcte, qui est d'une certaine façon gagnant-gagnant, pas nécessairement l'entente du siècle, mais gagnant-gagnant.»

Publié

89ae58585072da4539c3b5b1ce9295f9a87feda1ad25d1e44511d973e351146d.jpg Le chef du Parti libéral du Québec, Pablo Rodriguez, photographié à l'Assemblée nationale du Québec, le mercredi 10 septembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot (Jacques Boissinot / La Presse Canadienne)

L'opposition officielle libérale change de position concernant l'entente sur Churchill Falls avec Terre-Neuve-et-Labrador, alors que l'accord est critiqué dans la province voisine plongée en campagne électorale.

Lorsque le premier ministre François Legault avait signé un protocole d'entente avec son homologue terre-neuvien d'alors Andrew Furey en décembre dernier, le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay, avait soutenu que «ça ne semble pas du tout être un bon deal» et selon lui, le chef caquiste était un «mauvais négociateur».

Mais le nouveau chef libéral, Pablo Rodriguez, est plus indulgent et favorable.

«C'est une entente qui est correcte, qui est d'une certaine façon gagnant-gagnant, pas nécessairement l'entente du siècle, mais gagnant-gagnant, mais qui vient surtout répondre à un besoin important» en énergie, a-t-il déclaré mercredi en mêlée de presse.

Marc Tanguay affirmait en décembre que les 25 milliards $ d’Hydro-Québec pour les trois nouveaux projets de production hydro-électrique au Labrador étaient beaucoup trop cher payé pour les bénéfices qu'allaient en retirer les Québécois. 

Mercredi, M. Rodriguez a toutefois tenu à ajouter que ce n'était pas «l'entente du siècle», car «ça peut toujours être perfectible, une entente», pour reprendre ses mots. 

«On suit ça de très près»

M. Rodriguez a admis qu'il suivait l'évolution du débat à Terre-Neuve sur l'entente qui semble prendre une tournure défavorable, sous le feu des critiques et du Parti conservateur de la province - son chef dit clairement vouloir obtenir de meilleures conditions s'il devient premier ministre.

«C'est évident qu'on suit ça de très près», a commenté M. Rodriguez. Une source officielle d'Hydro-Québec a aussi indiqué que la société d'État surveillait la campagne en cours à Terre-Neuve.  

«Il y a une certaine inquiétude parce qu'il y a des besoins» en énergie que le Québec doit combler, a reconnu le chef du PLQ. 

En effet, le gouvernement Legault vise à obtenir un approvisionnement électrique supplémentaire pour les décennies à venir avec cette entente.

Après deux ans de négociations, le gouvernement du Québec a donc accepté de mettre fin à l'accord de 1969 qui courait jusqu'en 2041, mais que les Terre-Neuviens jugeaient injuste: Hydro-Québec achète l’électricité à 0,2 cent le kWh, mais la revend ensuite à gros prix. La redevance payée à Terre-Neuve passerait graduellement à 6 cents le kWh, donc 30 fois plus. 

Si le projet d'entente est officiellement ratifié d'ici à avril 2026, Hydro-Québec versera ainsi des redevance plus élevées à Terre-Neuve pour l'électricité du complexe Churchill Falls, mais sera aussi maître d'oeuvre de trois projets.

Il s'agit de l’augmentation de la puissance de la centrale actuelle, d'une deuxième centrale à Churchill Falls, ainsi que d'une centrale en aval du fleuve Churchill à Gull Island, des projets évalués au total à 25 milliards $.

Le Québec aurait ainsi accès à 7200 MW supplémentaires. 

Au total, avec les hausses de redevances à Terre-Neuve-et-Labrador, Hydro-Québec versera 33,8 milliards $ au consortium de Churchill Falls jusqu’à la fin de 2075.

Un responsable d'Hydro a fait savoir sous le couvert de l'anonymat mardi que les négociations se poursuivent en vue d'en arriver à un accord final.    

Actuellement, la puissance de Churchill Falls est 5400 MW et elle fournit 15 % de l’électricité d’Hydro-Québec. 

Patrice Bergeron

Patrice Bergeron

Journaliste