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Ottawa enquête sur le travail non payé dans le secteur aérien

L'une des principales plaintes du syndicat représentant les agents de bord d'Air Canada est que les travailleurs ne sont pas rémunérés pour les tâches effectuées avant le décollage.

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La ministre , Patty Hajdu, répond à une question pendant la période de questions à la Chambre des communes, sur la colline du Parlement à Ottawa, le jeudi 19 juin 2025. La ministre , Patty Hajdu, répond à une question pendant la période de questions à la Chambre des communes, sur la colline du Parlement à Ottawa, le jeudi 19 juin 2025. ( LA PRESSE CANADIENNE/ Patrick Doyle)

La ministre de l'Emploi, Patty Hajdu, a déclaré à La Presse Canadienne que le gouvernement fédéral lançait une enquête sur des allégations de travail non rémunéré dans le secteur aérien, alors que l'arrêt de travail chez Air Canada se prolonge. 

L'une des principales plaintes du syndicat représentant les agents de bord d'Air Canada est que les travailleurs ne sont pas rémunérés pour les tâches effectuées avant le décollage.

Mme Hajdu a déclaré en entrevue qu'elle trouvait ces allégations profondément troublantes. Elle a indiqué avoir demandé au ministère fédéral du Travail si le secteur avait déposé des plaintes concernant du travail non rémunéré, mais qu'à sa connaissance, il n'y en avait eu aucune.

L'enquête en elle-même ne mettra pas fin au conflit de travail chez Air Canada. Il faudra «plusieurs semaines» au ministère de Mme Hajdu pour interroger les employeurs et les syndicats afin d'obtenir l'intégralité des conventions collectives du secteur aérien canadien, a-t-elle mentionné.

Si l'enquête conclut que ces allégations sont fondées, Mme Hajdu s'est dite prête à présenter un projet de loi visant à combler ces lacunes.

«J'espère que cela donnera aux Canadiens l'assurance que, si nous constatons des cas de travail non rémunéré, il y aura un recours, légal ou autre», a-t-elle expliqué.

L'annonce de la ministre survient deux jours après qu'elle a demandé au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) d'imposer un arbitrage exécutoire aux parties dans l'impasse.

Le syndicat des agents de bord a défié cet ordre et demeure sur la ligne de piquetage, laissant les vols d'Air Canada cloués au sol pour une troisième journée, même après que le CCRI a jugé lundi que la grève était illégale.

Mme Hajdu a précisé que le CCRI était «saisi de cette question» et que le processus pourrait être porté devant la Cour fédérale.

Les dirigeants syndicaux ont dénoncé le recours répété du gouvernement fédéral à l'article 107 du Code du travail pour priver les travailleurs de leur droit de grève et les forcer à recourir à l'arbitrage, comme le gouvernement l'a déjà fait ces dernières années avec les travailleurs des ports, des chemins de fer et d'autres secteurs.

Interrogée sur la question de savoir si le gouvernement fédéral avait commis une erreur en tentant d'imposer des heures d'arbitrage exécutoire lors de la grève des agents de bord samedi, Mme Hajdu a affirmé qu'il s'agissait d'un «choix très difficile».

Elle a toutefois indiqué que les parties étaient en désaccord et que les conséquences économiques se faisaient sentir avec le début des annulations de vols.

«Cette décision a été prise principalement parce que les deux parties disaient se trouver dans une impasse et que le conflit était insoluble, qu'elles ne parvenaient pas à trouver une solution», a-t-elle soutenu.

Mme Hajdu a toutefois affirmé que le gouvernement libéral fédéral n'envisage pas de convoquer le Parlement plus tôt que prévu pour imposer une loi de retour au travail.

«À vrai dire, ce conflit est maintenant principalement entre les mains des deux parties», a-t-elle avancé.

La ministre a appelé les parties à s'unir pour aider les Canadiens à reprendre leur travail et mettre fin au «choc économique».

Elle a ajouté qu'Air Canada et le syndicat devront ajuster leurs attentes pour parvenir à une entente.

«Il faut bien mettre un peu d'eau dans son vin dans les conventions collectives et les négociations. Personne n'obtient exactement ce qu'il veut», a fait valoir la ministre.

Mark Carney «déçu» de l'impasse

Plus tôt dans la journée, le premier ministre Mark Carney s'est dit déçu que les deux parties n'aient pas réussi à s'entendre à la table de négociation.

«Le syndicat et l'entreprise estimaient tous deux qu'ils se trouvaient dans une impasse. Ce n'est pas mon avis, c'est le leur», a dit le premier ministre lundi, avant une rencontre avec le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, à Ottawa.

Il a également déclaré qu'Ottawa reconnaissait le «rôle essentiel que jouent les agents de bord pour assurer la sécurité des Canadiens et de leurs familles pendant leurs voyages», ajoutant qu'il était «important qu'ils soient rémunérés équitablement en tout temps».

À la suite de sa rencontre avec M. Carney, Doug Ford a déclaré aux journalistes que tout le monde méritait un salaire équitable et que l'entente finale devait être dans l'intérêt supérieur des travailleurs, de l'entreprise et des Canadiens.

Interrogé sur la décision initiale du syndicat de défier l'ordre de retour au travail, M. Ford a répondu qu'il incombait au gouvernement fédéral de «s'assurer qu'ils s'assoient à la table des négociations».

«C'est toujours le cas en cas de conflit de travail, mais ils trouveront une solution. C'est déjà arrivé, et ils feront bouger les choses», a-t-il dit.

Avec des informations d'Ian Bickis à Toronto