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Le premier ministre Mark Carney a déclaré jeudi que le directeur mondial de Stellantis lui avait indiqué que le constructeur automobile cherchait un nouveau modèle pour alimenter l'usine de Brampton, en Ontario, actuellement inactive, mais qu'une décision nécessiterait davantage de certitudes commerciales.
S'adressant aux journalistes à Toronto, M. Carney a indiqué s'être entretenu avec le chef de la direction de Stellantis mardi, peu avant l'annonce du transfert de la production prévue de son Jeep Compass de son usine de Brampton, en Ontario, vers l'Illinois.
«J'ai exprimé ma déception face à leur décision de faire passer la production des Jeep vers les États-Unis», a déclaré M. Carney.
Il a ajouté que le chef de la direction, Antonio Filosa, lui avait assuré qu'ils apporteraient un soutien aux 3000 travailleurs touchés de l'usine de Brampton et qu'ils envisageraient d'autres véhicules pour l'usine.
«Ils étudient la possibilité de produire différents modèles à Brampton. Cette décision sera prise dans le contexte de la finalisation de l'ACEUM», a précisé le premier ministre.
L'Accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) doit être renouvelé l'année prochaine, ce qui crée de l'incertitude quant aux droits de douane à long terme auxquels la production automobile canadienne pourrait être confrontée.
Stellantis a interrompu les travaux de réoutillage de l'usine de Brampton en février, alors que le président américain, Donald Trump, a commencé à imposer une série de droits de douane qui ont semé le doute sur l'avenir du secteur automobile canadien.
Le constructeur automobile a annoncé le transfert de la production du modèle Jeep dans le cadre d'un investissement de 13 milliards $ US (soit environ 18,2 milliards $ CAN) qui permettra d'augmenter la production américaine de 50 % au cours des quatre prochaines années.
Cette décision signifie que les travailleurs de Brampton, sans travail depuis la fermeture de l'usine Stellantis fin 2023, ne retourneront pas derrière les machines plus tard cette année comme prévu.
Mark Carney a déclaré que le gouvernement fédéral travaillait avec Unifor et la province pour s'assurer que les travailleurs bénéficient d'un soutien suffisant, tout en soulignant qu'ils auront également la possibilité de reprendre certains des 1500 emplois de Stellantis à Windsor, en Ontario. L'usine accueillera un troisième quart de travail.
Le premier ministre a également rappelé à l'entreprise ses engagements en vertu des accords de financement, qui comprennent un soutien financier de plus de 14,6 milliards $ pour l'usine de batteries que Stellantis construit avec LG à Windsor.
Il a aussi rappelé que l'entreprise pourrait subir des conséquences si elle ne respectait pas ses obligations, notamment le maintien de l'usine de Brampton.
«L'entreprise s'exposerait à des risques si elle ne respectait pas ses engagements pour Brampton en redémarrant Brampton, a expliqué M. Carney. J'ai rappelé ces engagements au chef de la direction.»
Mercredi, la ministre de l'Industrie, Mélanie Joly, a exprimé son inquiétude extrême face à cette décision dans une lettre envoyée à l'entreprise, la menaçant de poursuites judiciaires si celle-ci ne respectait pas ses engagements financiers envers le gouvernement fédéral.
Stellantis a déclaré mercredi dans un communiqué que le Canada était très important pour l'entreprise, qu'elle continuait d'investir au pays et qu'elle avait des projets pour l'usine de Brampton.
Flavio Volpe, président de l’Association des fabricants de pièces d'automobile du Canada, a confié mercredi ne pas être particulièrement rassuré par la déclaration de l'entreprise.
«J'ai suffisamment d'expérience pour savoir qu'un projet et une voiture sont deux choses différentes.»