Économie

Bois d'oeuvre: l'urgence est maintenant, pas dans deux semaines, dit Unifor

Seulement au Québec, c'est une dizaine de milliers de ses membres qui seront affectés.

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b973efaf47abcb25cf5fb48b0304fa78cb5f6d6875fb81f44a3fdec1b030eb55.jpg Des planches de bois empilées dans une usine du Groupe Crête, à Mont-Blanc au Québec.. Photo prise le 20 janvier 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi (Christinne Muschi | La Presse canadienne)

L'annonce par l'administration Trump de l'imposition de droits de douane supplémentaires sur le bois d'oeuvre et les produits transformés du bois pourrait signifier «la mort de certains créneaux de notre industrie», craint le syndicat Unifor. 

«L'urgence est là, pas dans deux semaines», a lancé en entrevue jeudi Daniel Cloutier, directeur québécois d'Unifor. 

Les nouveaux droits de douane, annoncés lundi dernier, entreront en effet en vigueur le 14 octobre. L'industrie, déjà accablée, le sera davantage. Dans certains cas, les droits atteindront ainsi 50 %. 

Et les gouvernements sont loin de déployer les mêmes mesures de soutien que celles qu'ils ont déployées pour les industries automobile, de l'acier et de l'aluminium, a déploré M. Cloutier.

«On a vu le gouvernement s'émouvoir beaucoup et prendre des actions, notamment au niveau de l'automobile, de l'aluminium, de l'acier. Pour la foresterie, pour l'instant, on s'est contenté pas mal de déclarations sur un programme national de construction de logements. Mais on n'a pas vu encore le début de quoi que ce soit», déplore M. Cloutier.

Seulement au Québec, c'est une dizaine de milliers de ses membres qui seront affectés, dans les scieries, les usines à papier, les usines de meubles de bureau, les usines qui fabriquent des armoires de cuisine et de salle de bain, les usines de meubles rembourrés et les usines de panneaux, estime-t-il.

Quoi faire?

Il plaide pour des mesures à court, moyen et long terme, en plus d'un régime d'assurance-emploi mieux adapté à la réalité du marché. Le régime actuel «ne répond absolument pas» aux besoins, tranche-t-il.

Certains travailleurs touchés depuis plusieurs mois auront bientôt épuisé leurs prestations d'assurance-emploi et risquent de se retrouver prestataires de l'aide sociale, rapporte-t-il.

Il rappelle que le conflit du bois d'oeuvre ne se limite pas seulement à l'ère Trump, mais remonte à plusieurs années entre le Canada et les États-Unis — des années pendant lesquelles le Québec et le Canada auraient pu intervenir pour diversifier le secteur.

«Moins de deux par quatre — mais il y en aura toujours. Des papiers de meilleure qualité, plus fins, dans des marchés qui sont prometteurs. Des matériaux de deuxième et troisième transformation. Et, au travers de tout ça, un peu de production du biocarburant» à partir de résidus forestiers. «Ça, ça nous amènerait vers quelque chose de solide.»

De même, tant Unifor que les Métallos — deux grands syndicats affiliés à la FTQ — militent pour l'adoption d'une stratégie industrielle élaborée.

Celle-ci miserait entre autres sur la deuxième et la troisième transformation du bois, la recherche et le développement, des seuils plus contraignants pour favoriser l'utilisation ici de notre bois et une cellule de travail permanente, qui analyserait rapidement les occasions d'affaires.

Le directeur québécois des Métallos, Nicolas Lapierre, renchérit: «ça fragilise encore plus un secteur névralgique qui est déjà en crise. Il faut rapidement développer une stratégie industrielle qui mise sur les marchés d'ici et la transformation. Mais, pour ça, encore faut-il qu'il y ait des travailleuses et des travailleurs dans nos régions forestières».