Une manifestation contre le projet de loi 97 qui vise à réformer le régime forestier a été organisée lundi après-midi à Montréal.
Le rassemblement organisé par le Front de résistance autochtone populaire (FRAP) demande que le projet de loi soit abandonné et dénonce «les violences racistes contre les gardiens du territoire».
Rappelons que le projet de loi, déposé à l'Assemblée nationale ce printemps, vise à protéger les communautés dépendantes de l'industrie forestière commerciale. Il diviserait les forêts publiques en zones de conservation, d'usages multiples ou de foresterie.
Selon le projet de loi, «dans les zones d’aménagement forestier prioritaire, la réalisation de certaines activités ayant pour effet de restreindre la réalisation des activités d’aménagement forestier ainsi que la mise en oeuvre de mesures de conservation du territoire sont interdites».
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Les dirigeants autochtones ont rapidement critiqué le projet de loi, affirmant qu'il portait atteinte à leurs droits. Après son dépôt, une organisation appelée Première Nation MAMO, qui se décrit comme un groupe de chefs héréditaires et de gardiens du territoire, a commencé à organiser des blocages de chemins forestiers dans la province.
Ces blocages ont donné lieu à des échanges hostiles entre des membres des premières nations et des travailleurs forestiers, en personne et en ligne, qui se sont intensifiés ces derniers jours.
Lundi les manifestants marcheront pour dénoncer «le mépris dont témoigne le gouvernement face à leurs droits fondamentaux».
Emily Fleming-Dubuc, militante Inuk et co-fondatrice du FRAP, indique avoir elle-même vécu des attaques racistes sur les blocus.
«Pendant qu’on bloquait les camions de bois, un travailleur forestier a dit devant nous “tu sais ce qu’Israël fait dans la bande de Gaza, fais-moi la même affaire ici”, en parlant de nous. Ce à quoi il se référait, c’est au fait que des familles sont tuées tous les jours. Cette menace-là montre l’étendue de la haine, du racisme et du mépris envers les peuples autochtones», soutient-elle.
Elle a rappelé que les communautés autochtones ont déjà subi un génocide et a précisé que la destruction des forêts sur leurs territoires constitue une destruction de leurs pratiques et de leurs cultures.
«La violence coloniale et raciste doit vraiment cesser et le PL 97 en fait lui-même partie.»
Pour Mme Fleming-Dubuc, le projet de loi du gouvernement Legault est «un colonialisme réinventé» et poursuivra le génocide autochtone.
«Encore une fois, l’économie passe avant nos vies, nos droits, nos territoires. Pendant qu’on rase les forêts et qu’on ravage les écosystèmes, ce sont les générations futures d’Autochtones et de Québécois qui paieront le prix», dit-elle.
Une foule était attendue à la place Émilie-Gamelin au centre-ville à 14h où des discours seront prononcés avant le début de la marche.
Avec des informations de La Presse canadienne

