Le gouvernement du Québec affirme qu'il trouvera des solutions et apaisera les tensions croissantes concernant un projet de loi sur la foresterie, qui a donné lieu à des blocages et à des affrontements entre des manifestants autochtones et des travailleurs de l'industrie.
Le ministre des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, et la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, ont renouvelé leur promesse de modifier le projet de loi à la suite de rencontres cette semaine avec des dirigeants autochtones.
«Je travaille sur des amendements», a déclaré Mme Blanchette Vézina aux journalistes après une réunion mercredi matin avec l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. «On souhaite trouver des façons plus consensuelles d'arriver avec un régime forestier qui est moderne.»
Les deux ministres ont rencontré pendant six heures, mardi, les trois communautés de la Nation Atikamekw et des représentants de l'industrie forestière à La Tuque, en Mauricie. Des blocages en opposition au projet de loi ont perturbé les opérations forestières dans la région.
Le projet de loi, déposé à l'Assemblée nationale ce printemps, vise à protéger les communautés dépendantes de l'industrie forestière commerciale. Il diviserait les forêts publiques en zones de conservation, d'usages multiples ou de foresterie.
Selon le projet de loi, «dans les zones d’aménagement forestier prioritaire, la réalisation de certaines activités ayant pour effet de restreindre la réalisation des activités d’aménagement forestier ainsi que la mise en oeuvre de mesures de conservation du territoire sont interdites».
Les dirigeants autochtones ont rapidement critiqué le projet de loi, affirmant qu'il portait atteinte à leurs droits. Après son dépôt, une organisation appelée Première Nation MAMO, qui se décrit comme un groupe de chefs héréditaires et de gardiens du territoire, a commencé à organiser des blocages de chemins forestiers dans la province.
Ces blocages ont donné lieu à des échanges hostiles entre des membres du groupe et des travailleurs forestiers, en personne et en ligne, qui se sont intensifiés ces derniers jours. «Il faut que ça arrête, parce que, vous voyez vous-même (sur) les médias sociaux comment ça s'enflamme parfois», a déclaré M. Lafrenière mercredi.
À la suite des rencontres, la ministre des Ressources naturelles et des Forêts a déclaré que l'un des principaux points de discorde pour les dirigeants autochtones concerne la façon dont les zones forestières sont établies. «La façon dont sont faites les consultations doit être revue», a-t-elle admis. Mme Blanchette Vézina a ajouté que le secteur forestier se trouve actuellement dans une situation «précaire» et que l'économie des régions du Québec doit être protégée.
Le mois dernier, l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador a annoncé qu'elle se retirait des discussions avec le gouvernement, qui, selon elle, n'a pas fait preuve d'une véritable volonté politique de collaborer à la réforme forestière.
L'Assemblée souhaite que la province abandonne la stratégie de zonage, qu'elle décrit comme une forme de privatisation des terres. Elle souhaite également que le Québec mette en place un modèle de cogestion qui verrait les Premières Nations collaborer avec l'industrie et le gouvernement pour déterminer les zones à protéger.
Dans un message sur les réseaux sociaux publié mardi, le ministre des Relations avec les Premières Nations et les Inuit a déclaré que la province souhaite utiliser le modèle de zonage pour protéger 30 % de la forêt. «Actuellement, l’industrie forestière coupe sur 100% du territoire et c’est ce que nous voulons changer en protégeant le tiers», a-t-il affirmé.
Mercredi, il a ajouté que de nombreuses idées fausses circulent sur le projet de loi et ses objectifs, et que le gouvernement doit adapter sa façon d'expliquer la réforme proposée. «On va le faire ensemble, a-t-il affirmé. Ça va marcher.»

