Une grande partie du centre du Canada et du Manitoba font l'objet d'avertissements ou de bulletins spéciaux sur la qualité de l'air, lundi, en raison de la fumée des feux de forêt qui ravagent certaines provinces.
Environnement Canada conseille de limiter le temps passé à l'extérieur et de surveiller les symptômes d'exposition à la fumée.
L'agence fédérale rapporte que des régions de l'Ontario et du Québec ont une mauvaise qualité de l'air et une visibilité réduite, car les vents d'ouest apportent la fumée des incendies de forêt qui sévissent dans les Prairies et le nord de l'Ontario.
Au Québec, ces avertissements touchent certains secteurs du Nord-du-Québec, de l'Abitibi-Témiscamingue, des Laurentides et de l'Outaouais. Montréal n'est pas épargnée, avec un indice de qualité de l'air de 7, soit «risque élevé» jusqu'à mardi soir.
Les avertissements sur la qualité de l'air pour des régions comme Toronto ont été réduits à des mises en garde spéciales plus tard lundi, les conditions s'étant quelque peu améliorées. L'indice air santé de Toronto était supérieur à 10, soit «risque très élevé», lundi matin, et est passé à 8, «risque élevé», en fin d'après-midi.
Le sud de l'Ontario et du Québec ont également été placés sous le coup d'avertissements de chaleur lundi, Environnement Canada prévoyant des températures maximales pouvant atteindre 32 °C dans la journée.
«En cas de chaleur extrême et de mauvaise qualité de l’air, la priorité est de rester au frais», recommande Environnement Canada.
L'agence météorologique a aussi publié des avertissements sur la qualité de l'air dans le centre de la Saskatchewan et diffusé un bulletin spécial sur la qualité de l'air pour une grande partie du Manitoba, soulignant que la qualité de l'air et la visibilité dues à la fumée des feux de forêt peuvent fluctuer sur de courtes distances et varier d'heure en heure.
Environnement Canada recommande aux résidents de limiter le temps passé à l'extérieur et d'être attentifs aux symptômes liés à l'exposition à la fumée.
Bien que la santé de tous soit menacée par la fumée des incendies de forêt, les personnes âgées de 65 ans et plus, les femmes enceintes, les jeunes enfants, les personnes souffrant d'un problème de santé ainsi que celles travaillant à l'extérieur sont plus susceptibles de souffrir des effets de la pollution atmosphérique, indique l'agence.
«Prenez des nouvelles de vos voisins, de vos amis et de votre famille, surtout des personnes les plus à risque d'être affectées par la pollution atmosphérique», peut-on lire dans le bulletin spécial de l'organisation, ajoutant qu'il est conseillé de reporter ou d'annuler les événements extérieurs et de garder les fenêtres et les portes fermées autant que possible.
Pour Randy Mitchell et ses collègues sur un chantier de construction du centre-ville de Toronto, rester à l'abri de l'air enfumé a été un défi lundi.
Même si l'équipe, qui travaille sur une nouvelle ligne de métro, était encouragée à prendre des pauses à l'intérieur, M. Mitchell a expliqué qu'il fallait tout de même qu'une personne soit présente à chaque coin du chantier en permanence.
«Il fait très humide en ce moment, a-t-il raconté. La qualité de la respiration est tout simplement (…) épouvantable.»
Randy Mitchell a expliqué qu'il essayait de gérer la situation en «buvant de l'eau et en se réfugiant dans les bâtiments si possible».
Trouver refuge au frais
Cristian Velasquez, étudiant au George Brown College de Toronto, a raconté qu'il cherchait refuge sur le campus, où il y a la climatisation, et qu'il essayait de consommer beaucoup de boissons fraîches.
Il a précisé que la mauvaise qualité de l'air n'affectait pas sa respiration, mais qu'il prévoyait tout de même de rester à l'écart de la chaleur et de l'humidité.
«Je pensais rester à la maison pendant la majeure partie de la semaine», a-t-il expliqué, d'autant plus que plusieurs de ses cours ont été annulés pour d'autres raisons.
Le Dr Howard Shapiro, médecin hygiéniste adjoint de Toronto, a expliqué que les effets immédiats de l'irritation causée par la fumée peuvent inclure un écoulement nasal, des démangeaisons de la gorge et des yeux rouges ou brûlants.
Le deuxième type de symptômes est causé par une inflammation qui survient lorsque le corps réagit à un irritant, a expliqué M. Shapiro lors d'une entrevue. Cela comprend souvent une toux, des difficultés respiratoires et un essoufflement.
Environnement Canada recommande de porter un masque respiratoire bien ajusté, comme un masque N95, si l'on doit sortir, mais M. Shapiro a mis en garde contre le fait de se fier uniquement au masque pour une protection complète contre les particules nocives présentes dans l'air.
«L'air contient d'autres substances provenant des feux de forêt, de la fumée, et les masques n'offrent pas vraiment de protection contre ces différents produits chimiques, a-t-il déclaré. Mais je pense que leurs effets sur la santé sont moins bien caractérisés, car ils sont beaucoup plus difficiles à mesurer.»
Il a recommandé aux gens de rester à l'intérieur et d'éviter les activités intenses, ajoutant que la ville dispose de six «espaces d'air pur» — dont l'hôtel de ville — où l'on peut se rendre pour se ressourcer.
Mais certains ont pris les avertissements sur la qualité de l'air sans sourciller et ont profité au maximum de la journée sous le ciel brumeux de Toronto.
Jody Chiungyi, originaire de Taïwan et en visite à Toronto pour une semaine, a passé trois heures au Nathan Phillips Square, au centre-ville, à créer une peinture représentant le célèbre panneau «Toronto» et les bâtiments incurvés de l'hôtel de ville.
«Je me sens bien et comme à l'ordinaire», a expliqué Jody Chiungyi.

