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Avec la mort de Charlie Kirk, les États-Unis s'enfoncent dans la violence politique

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Damian Pecci, 8 ans, participe à une veillée catholique avec sa famille et d'autres personnes pour Charlie Kirk, tué par balle lors d'un événement universitaire dans l'Utah, le 10 septembre 2025, à Scottsdale, en Arizona. (AP Photo)

L’assassinat mercredi de Charlie Kirk, un influenceur proche de Donald Trump, marque un nouveau jalon dans la détérioration du climat de violence politique actuellement aux États-Unis, mettant en exergue la fragilité de la démocratie américaine.

Chantre autoproclamé de la liberté d’expression, Charlie Kirk avait fait du débat permanent sur le terrain sa marque de fabrique pour faire avancer ses idées ultraconservatrices, chrétiennes et nationalistes, particulièrement auprès des jeunes Américains.

Sa mort par balle sur un campus de l’Utah a provoqué le choc et l’indignation dans l’ensemble de la classe politique américaine, mais tout particulièrement à droite, où la colère s’est vivement exprimée.

Donald Trump a rendu un long hommage au militant de 31 ans, évoquant «un moment sombre pour l’Amérique» dans une vidéo solennelle depuis la Maison-Blanche.

En juillet 2024, en pleine campagne pour revenir au pouvoir, il avait lui-même été la cible de tirs lors d’un réunion en Pennsylvanie. Un évènement qui a profondément marqué aux États-Unis, dont l’histoire est jalonnée d’assassinats de présidents, de candidats et de militants célèbres. Une histoire politique violente, plus sans doute que dans toute autre démocratie occidentale.

Rien qu’en 2025, les États-Unis ont déjà connu l’assassinat de Melissa Hortman, une élue démocrate au parlement du Minnesota, et de son époux, tués par un tireur masqué qui a aussi grièvement blessé un autre élu local à son domicile; mais aussi l’incendie volontaire de la maison du gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, élu démocrate de confession juive.

«Directement responsable»

Des évènements qui ont semé la peur chez de nombreux élus au Congrès, qui craignent de devenir à leur tour la cible de ces violences et réclament désormais d’être mieux protégés.

La démocratie américaine a aussi été particulièrement secouée par les évènements du 6 janvier 2021, lorsque des partisans de Donald Trump avaient pris d’assaut le Capitole de Washington afin d’empêcher la certification de la victoire de Joe Biden à la présidentielle.

Les images choquantes avaient fait le tour du monde mais, depuis, le milliardaire républicain a fait son retour à la Maison-Blanche et dans l’un de ses premiers décrets, a gracié l’ensemble des personnes impliquées.

L’assassinat de Charlie Kirk marque une nouvelle étape dans la dégradation de ce climat politique.

Et si Donald Trump a dénoncé dans son hommage à Charlie Kirk ceux qui contribuent à la violence politique, le président républicain n’a pas lancé d’appel à l’unité nationale.

Il a ainsi accusé la rhétorique de la «gauche radicale» d’être «directement responsable du terrorisme» observé actuellement dans le pays, et a promis de retrouver «tous ceux qui ont contribué à cette atrocité et à toute autre violence politique».

Listant les faits récents de violence politique aux États-Unis, le président n’a cependant pas mentionné l’assassinat de la démocrate Melissa Hortman.

«C’est la guerre»

Au Congrès mercredi soir, le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a fait observer un moment de prière en silence en hommage à Charlie Kirk.

Mais lorsque l'élue trumpiste Lauren Boebert a demandé que cette prière se fasse à voix haute, en raison de la foi fervente affichée par le militant, des élus démocrates s'y sont opposés, citant notamment les tirs le même jour dans un lycée du Colorado, État de Mme Boebert, qui ont grièvement blessé deux lycéens.

Les cris ont alors fusé dans l’hémicycle, Anna Paulina Luna, élue républicaine de Floride, lançant à l’attention des démocrates: «Vous êtes la cause de cela!», à propos de l’assassinat de Charlie Kirk.

Habitué aux déclarations et actions théâtrales, le Congrès semble cependant avoir aujourd’hui basculé dans une polarisation extraordinaire, comme toute la classe politique américaine.

Plusieurs figures de droite et d’extrême droite ont aussi multiplié les messages pour pointer du doigt la responsabilité, selon eux, des démocrates ou des médias dans la mort de l’influenceur conservateur. Elon Musk a ainsi affirmé: «La gauche est le parti du meurtre».

Chaya Rachik, qui tient sur X le compte très suivi à droite «Libs of Tiktok», a simplement lancé de son côté: «C’EST LA GUERRE.»