Un groupe de défense des droits des chômeurs se réjouit de certaines améliorations à l'assurance-emploi, annoncées vendredi par le premier ministre Mark Carney, mais il s'inquiète d'une mesure qu'il juge discriminatoire pour beaucoup de demandeurs de prestations.
L'annonce de ces mesures touchant le régime d'assurance-emploi par le premier ministre du Canada est passée sous le radar, vendredi dernier, puisqu'il a du même souffle annoncé sa politique Achetez canadien et le nouveau Fonds de réponse stratégique.
Le cabinet du premier ministre a, par exemple, annoncé la suppression, jusqu'au 11 avril 2026, de la période d'attente d'une semaine, appelée «délai de carence», avant de pouvoir toucher des prestations d'assurance-emploi. Il prévoit que 700 000 prestataires supplémentaires pourront bénéficier de cette mesure, qui coûtera 418 millions $ sur deux ans.
Il a aussi annoncé que les travailleurs qui perdent leur emploi pourront toucher des prestations d'assurance-emploi, même s'ils n'ont pas écoulé leurs indemnités de départ. Le cabinet du premier ministre prévoit que cette mesure coûtera 424 millions $ sur deux ans.
Ces deux mesures, qui devaient arriver à échéance en octobre, sont donc prolongées jusqu'au 11 avril 2026 — ce que salue Milan Bernard, co-porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses.
Toutefois, l'organisme dénonce une autre mesure, qui allongera de 20 semaines la durée du versement de prestations d'assurance-emploi, mais seulement pour les «travailleurs de longue date».
«Les travailleurs de longue date peuvent avoir besoin de plus de temps pour trouver un emploi similaire à celui qu’ils ont perdu», explique le cabinet du premier ministre.
Ainsi, à compter du 12 octobre prochain, et rétroactivement pour les demandes inscrites le 15 juin, les «travailleurs de longue date» pourront bénéficier de 20 semaines supplémentaires de prestations d'assurance-emploi, jusqu'à concurrence de 65 semaines. «Cette mesure devrait soutenir environ 190 000 travailleurs de longue date», ajoute le cabinet du premier ministre.
Tant mieux pour ces travailleurs qui pourront bénéficier de prestations supplémentaires, mais pourquoi limiter la prolongation à eux seuls? demande M. Bernard, en entrevue lundi.
«Diviser les chômeurs et chômeuses en différentes catégories, en laissant entendre que certains seraient plus méritants que d'autres, bien là, on vogue dans une direction qui est totalement inacceptable», a-t-il critiqué.
Ce sont ainsi les travailleurs qui n'ont jamais réclamé de prestations d'assurance-emploi, ou bien qui en ont peu réclamé, qui seraient favorisés. Ceux qui en ont touché plus souvent, par malchance, ou parce qu'ils travaillent dans une industrie saisonnière, ou parce qu'ils travaillent dans un secteur où il y a eu davantage de mises à pied, ne bénéficieraient pas de la même bonification, en vertu de ces nouvelles règles, explique M. Bernard.
Au final, l'ensemble de ces mesures touchant l'assurance-emploi, «c'est au mieux mi-figue, mi-raisin. Au moins, il y a quelque chose. On ne va pas nier le fait que l'élimination du délai de carence et la suspension des règles sur les indemnités de fin d'emploi, c'est une bonne chose. Ça aide les travailleurs et travailleuses à avoir accès à leurs prestations plus rapidement. Mais on est loin de mesures qui viennent véritablement faire écho aux problèmes qu'on voit», conclut M. Bernard.

