Le nombre d'agents de la GRC en congé de maladie de longue durée a augmenté de 184% au cours des 15 dernières années, selon un rapport du Comité consultatif de gestion de la GRC (CCG).
Cet organisme de surveillance, qui conseille le commissaire de la GRC, a constaté qu'entre janvier 2010 et janvier 2024, le taux de membres réguliers en congé prolongé est passé de 28,5 pour 1000 agents à 81 pour 1000.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Au début de l'année 2025, 7% des effectifs, soit 1413 membres réguliers, étaient en congé pour cause de maladie, de blessure ou d'invalidité pendant plus de 30 jours consécutifs. Parmi eux, 580 agents étaient absents depuis plus d'un an, tandis que 243 étaient en congé depuis plus de deux ans.
Le coût de l'absence de 7% des membres est estimé à environ 58 millions de dollars.
«Nous dénonçons depuis des années le dysfonctionnement du programme de gestion des incapacités et d'adaptation.»
Brain Sauvé, président de la Fédération nationale de la police, a indiqué que si le rapport rend compte de l'ampleur du problème, il néglige les questions cruciales qui expliquent pourquoi tant de membres restent absents du travail pendant de longues périodes.
«Les policiers sont évidemment exposés à plus de traumatismes, à plus de problèmes physiques, à plus de défis que les professions ordinaires», a expliqué M. Sauvé mercredi à l'émission Your Morning de CTV.
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Il a souligné les défaillances systémiques qui empêchent les membres de reprendre le travail en temps opportun : «L'employeur, la GRC, doit disposer d'un programme d'adaptation doté de ressources et de fonds suffisants et pleinement opérationnels pour atteindre ces membres et les aider à reprendre le travail.»
Le groupe de travail à l'origine du rapport, qui a consulté des agents, des superviseurs et des cadres supérieurs au cours d'un examen de 18 mois, a critiqué le mode actuel de congé de maladie de la GRC. Selon le rapport, ce système « n'offre aucune incitation à reprendre le travail » et crée des risques potentiels pour la sécurité publique tout en mettant à rude épreuve les ressources financières et humaines de la force.
Selon M. Sauvé, les membres de la GRC sont confrontés à des facteurs dissuasifs supplémentaires en raison des politiques existantes. Après un an de congé, les agents cessent d'accumuler des congés annuels. D'autres peuvent demander une libération pour raisons médicales, car la GRC ne dispose pas d'un régime d'assurance invalidité de courte durée. L'invalidité de longue durée n'est accessible que si les membres démissionnent ou prennent leur retraite pour raisons médicales.
«Nos membres continuent de percevoir 100 % de leur salaire, mais nous n'avons pas de régime d'assurance invalidité de courte durée auquel les membres peuvent adhérer après 30, 60 ou 90 jours», a expliqué le président de la Fédération nationale de la police.
Dans un courriel adressé jeudi à CTVNews.ca, la GRC a déclaré que le rapport était «actuellement en cours d'examen approfondi» et qu'«une réponse plus substantielle et un plan d'action de la direction en réponse au rapport seront finalisés sous peu».
«La GRC continue de travailler sur plusieurs initiatives visant à mieux comprendre et améliorer la santé physique et mentale des employés, ainsi qu'à réduire les blessures liées à la santé mentale sur le lieu de travail, telles que le programme de dépistage des troubles psychologiques», indique le communiqué.
La GRC a soutenu que ces initiatives comprennent un plan d'action triennal pour le bien-être et le programme national de réintégration, qui soutiennent «le retour en toute sécurité aux fonctions opérationnelles après un incident traumatisant ou critique ou une absence prolongée».
Le CCG recommande une révision du modèle de rémunération des congés de maladie, suggérant une structure dans laquelle la rémunération diminue progressivement au fil du temps, à l'instar de la Police provinciale de l'Ontario, qui verse 100 % du salaire pendant les six premiers jours d'absence, mais seulement 75 % pendant les 124 jours suivants.
Appels à l'investissement fédéral
Le syndicat fait depuis longtemps pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il investisse dans le programme de gestion des invalidités. Dans sa soumission au budget fédéral de l'année dernière, le syndicat a proposé un investissement de 20 millions de dollars par an pendant trois ans, ainsi qu'un financement continu pour embaucher un nombre suffisant d'infirmières, de médecins et de spécialistes afin de soutenir les membres de la GRC en congé de maladie.
«C'est ce que nous demandons depuis plusieurs années et nous continuerons à le faire», a lancé Brain Sauvé, soulignant que sans systèmes de soutien adéquats, davantage d'agents resteront hors service plus longtemps et mettront la force à rude épreuve.
La GRC a déclaré que, bien que le corps ait «fait beaucoup pour améliorer la gestion de ces cas, il est reconnu qu'il reste encore beaucoup à faire». «Le rapport du CCG sera utile pour identifier les mesures supplémentaires que la GRC pourrait prendre pour s'améliorer», indique le communiqué.


