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SAAQclic: François Legault continue de plaider l'ignorance sur les coûts

Lors de son témoignage à la commission Gallant, le premier ministre a martelé qu'il ignorait la situation qui a mené au fiasco.

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SAAQclic: François Legault continue de plaider l'ignorance sur les coûts SAAQclic: François Legault continue de plaider l'ignorance sur les coûts

Le premier ministre du Québec, François Legault, a continué de plaider qu'il ignorait tout de la facture et des dépassements de coûts du projet informatique de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) jusqu'à l'hiver dernier avec le rapport du Vérificateur général du Québec (VGQ).

M. Legault a livré son témoignage fort attendu devant la commission Gallant, mardi à Montréal, durant lequel il a blâmé les dirigeants de la société d'État. 

Il a martelé avoir seulement été mis au fait des coûts de la modernisation technologique de la SAAQ au moment de la publication du rapport du VGQ en février dernier. 

Et ce n'est qu'au lancement raté de la plateforme SAAQclic, en février 2023, qu'il entend parler pour la première fois du virage numérique de la société, a affirmé le premier ministre. 

«Autant le coût que le dépassement, il n'y a personne qui ne m'a parlé de ça avant février 2025. Moi, jusque là, ce que je pensais, c'est qu'il y avait essentiellement un problème d'implantation. (...) Il n'y avait pas à l'époque de questions de coûts ou de dépassements avant février 2025», a-t-il dit.

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Le virage numérique de la SAAQ, qui comprend la plateforme SAAQclic, devrait coûter au moins 1,1 milliard $, selon le VGQ, soit au moins 500 millions $ de plus que le budget initial. 

Le chef caquiste a reconnu que l'information sur l'explosion du budget aurait dû monter à lui bien avant.

Le procureur en chef de la commission, Simon Tremblay, a toutefois exhibé des articles de médias datant de 2023 et 2024 et faisant état de coûts additionnels pour le projet informatique nommé CASA. M. Legault a assuré que ces reportages n'avaient jamais été portés à son attention. 

Le premier ministre a reconnu que ses deux ministres des Transports — Geneviève Guilbault et son prédécesseur François Bonnardel — auraient dû davantage questionner la SAAQ sur la facture du projet. Mais M. Legault estime que les informations fournies par l'organisation pouvaient être «floues». 

«Ce que je comprends, c'est que les deux ministres des Transports n'ont jamais eu, avant février 2025, l'information qu'il y avait un dépassement de 500 millions $. Ils ont eu une partie de l'information (...) mais ils n'avaient pas toute l'information», a-t-il soutenu. 

La direction de la SAAQ pointée

M. Legault s'en est pris aussi à la direction de la société d'État à la fin de son témoignage. 

«Pour moi, l'essentiel du problème vient des dirigeants de la SAAQ», a déclaré le chef caquiste. 

«Parce que, un, je pense que le contrat qui a été signé en 2017 a mal prévu les dépassements et les échéanciers. Deuxièmement, l'intégration du nouveau système en février (2023) a été mal planifiée. Et troisièmement, je ne veux pas dire qu'ils ont caché des choses, mais il semble que, ça n'a pas été clair l'information qui a été donnée», a-t-il énuméré. 

M. Legault a plaidé pour une meilleure imputabilité des dirigeants. 

«C'est important qu'il y ait des conséquences pour ces personnes-là. Une conséquence, ce n'est pas de transférer une personne dans un autre poste. Je comprends que ce n'est pas simple au gouvernement avec la sécurité d'emploi, mais (...) les Québécois s'attendent à ce qu'il y ait des conséquences», a affirmé le premier ministre. 

M. Legault a aussi été questionné sur le courriel que Mme Guilbault lui a adressé en décembre 2024 et dans lequel elle demandait des changements à la tête de la SAAQ. 

Dans ce courriel, Mme Guilbault évoque notamment «un rapport du VGQ fort probablement désastreux qui s'en vient en février». Aux yeux de M. Legault, cette affirmation pouvait faire référence aux ratés du lancement de SAAQclic ayant entraîné d'importantes files d'attente devant les points de service de la SAAQ à l'hiver 2023. 

«Je n'avais pas de doutes que ce serait sur des dépassements», a-t-il mentionné. 

De «la marge de manoeuvre» pour dépenser

La SAAQ a signé un contrat de 458 millions $ en 2017 avec le consortium formé des firmes LGS, appartenant à IBM, et SAP. Ce montant a explosé au cours des dernières années, avec notamment des extras de plusieurs dizaines de millions de dollars. 

M. Koskinen a également été interrogé sur ce qu’il savait des dépassements de coûts. 

Il a affirmé qu'à son souvenir des informations transmises à ce propos à son équipe ou à l’ex-secrétaire générale du Conseil exécutif, Dominique Savoie, n'avaient jamais remonté à lui en 2023 et 2024. Il n’a pas non plus été alerté par des chiffres avancés par des médias durant cette même période. 

Pour le chef de cabinet, il n'est pas surprenant que des sommes additionnelles soient nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement de SAAQclic et de redresser la situation. 

Il a soutenu que «pour remettre le train sur les rails, il va y avoir des dépenses, tant en termes de personnes qui donnent des services dans les succursales que le volet informatique».

«Ce qui nous a surpris au niveau politique lors du dépôt du rapport de la vérificatrice générale, c'est l'ampleur des sommes nécessaires versus le budget initial», a affirmé M. Koskinen. 

Selon lui, l'ancien PDG Éric Ducharme avait «la marge de manoeuvre pour dépenser pour rendre le service aux citoyens», quand il est arrivé à la tête de la SAAQ en avril 2023. 

«Une fois que le site est lancé et qu'il y a des correctifs à apporter, tout le monde prend pour acquis qu'il va avoir des dépenses. Mais c'est l'ampleur des sommes qui ont fait que nous avons tous réagi de façon virulente quand le rapport est sorti», a ajouté M. Koskinen. 

L'ex-secrétaire général Yves Ouellet doit témoigner mercredi matin. 

Le passage du premier ministre à la comission en détails

12 h 11 | Fin du témoignage de François Legault, les travaux reprendront vers à 13 h30

11 h 44 | François Legault continue d'affirmer qu'il ne savait rien des dépassements de coûts du projet SAAQclic avant février 2025. «On aurait dû m'informer», lance-t-il

11 h 07 | Reprise du témoignage de François Legault après une pause de 20 minutes 

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Le chef libéral estime que le gouvernement caquiste est mal placé pour exercer une tutelle, puisqu'il est incapable lui-même de gérer les fonds publics.

10 h 45 | François Legault montre des premiers signes d’impatience

10 h 21 | François Legault affirme que le contrat pour la refonte de SAAQclic a été mal préparé par le gouvernement libéral 

9 h 44 | François Legault affirme qu'il n'a pas été mis au courant des dépassements de coût à la SAAQ avant février 2025

9 h 40 | Le premier ministre affirme qu'il n'a pas été mis au courant de la refonte de la plateforme de la SAAQ avant février 2023

9 h 37 | «Il y a du rattrapage à faire pour être en 2025 en informatique», souligne François Legault sur les projets en cours

9 h 33 | «J'aime bien savoir les dépassements de coûts quand il y en a», affirme François Legault

9 h 29 | François Legault précise comment il effectue les suivis des dossiers importants

«Tous les trois mois, je m’assois avec le ministre des Finances. C’est comme ça qu’on fait le suivi de projets comme SAAQclic», souligne-t-il. 

9 h 25 | Le premier ministre vante son bilan économique

9 h 24 | Le procureur en chef Simon Tremblay questionne toujours François Legault sur la répartition des tâches au sein de son cabinet

9 h 14 | François Legault est interrogé sur les relations qu'il entretient avec son directeur de cabinet Martin Koskinen

9 h 00 | Le témoignage du premier ministre débute

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