L'Association des directeurs de police du Québec (ADPQ) a rapporté lundi que 1 652 usagers du transport scolaire ont été victimes d'un accident dans la province, au cours des six dernières années.
«Ce nombre est inadmissible», a déploré Patrick Bélanger, membre du conseil d’administration de l’ADPQ et directeur du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL).
Parmi les régions où l'on rapporte le plus de victimes depuis 2018, la Montérégie se retrouve à la première place avec 48 victimes, suivies par Montréal (43), les Laurentides (31) et Lanaudière (24). Par contre, on en recense le moins au Nord-du-Québec (1), sur la Côte-Nord (2), en Gaspésie-îles-de-la-Madeleine (6) ainsi qu'en Mauricie et en Abitibi-Témiscamingue (7) durant les six dernières années.
Pour l'année 2023, l'ADPQ a recensé un total de 320 jeunes victimes au Québec, ce qui représente près de deux usagers par jour en période scolaire. La région de la Montérégie a enregistré le plus de victimes (79) liées au transport scolaire, tandis qu'il y en avait 54 à Montréal, 48 dans la Capitale-Nationale et 17 dans les Laurentides. L'Association est cependant incapable, en raison de la manière dont ces données sont colligées, de départager parmi ces enfants ceux qui ont été blessés légèrement de ceux qui ont été blessés gravement ou de ceux qui sont décédés.
Rappelons que l'année 2022 a été particulière meurtrière pour les piétons avec 2230 piétons blessés, dont 79 mortellement à la suite d’une collision routière dans la province, selon l’ADPQ.
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L'ADPQ a relevé ces données à partir d'accidents impliquant soit un autobus scolaire directement, soit l'activation des feux clignotants et/ou de la signalisation, soit la montée ou la descente des enfants, soit un dépassement ou un croisement d'un autobus scolaire à l'arrêt ou dont les feux clignotaient, ou encore l'inscription par le policier de l'indicateur transport scolaire dans le rapport d'accident.
Plusieurs collisions ont notamment secoué la métropole montréalaise au cours des dernières années. En 2022 , une petite fille de 7 ans d’origine ukrainienne, Mariia Legenkovska, avait perdu la vie après avoir été grièvement blessée par un automobiliste près de son école. Plus récemment, une fillette de 4 ans avait été heurtée par un vélo dans le Plateau-Mont-Royal alors qu'elle traversait la rue pour monter dans un autobus scolaire arrêté de l'autre côté de la rue. Cette dernière n’a pas été blessée lors de la collision.
Encore du travail à faire
Bien que ces chiffres sont alarmants, les policiers et les chauffeurs d'autobus dénoncent les nombreux comportements dangereux des automobilistes.
«Il ne se passe pas une seule journée sans que je constate une voiture qui ne respecte pas le Code de la sécurité routière en lien avec le transport scolaire. Et je peux vous dire que cela a empiré depuis 2021» a indiqué Mohamed Elrhoul, chauffeur d’autobus pour le Groupe Séguin.
Lors de son opération «Rentrée scolaire 2024», le SPVM a remis plus de 8500 constats d’infraction aux abords des écoles, ce qui représente une augmentation de 25% par rapport à l’an dernier.
Près de la moitié des infractions en lien avec le signal d’arrêt des autobus scolaires sont commises par les conducteurs âgés entre 25 et 44 ans, a révélé la Fédération des transporteurs par autobus (FTA).
«L’attention des automobilistes sauve des vies, littéralement. Se conformer aux règles de sécurité n’est donc pas une option.»
«Même si vous êtes pressé, il ne devrait jamais être question de négliger les règles de sécurité, notamment autour des autobus scolaires», rappelle-t-on par communiqué diffusé lundi matin.
Notons que chaque jour, plus de 577 580 élèves sont transportés partout dans la province sur près de 980 392 kilomètres, a rapporté la FTA. Et ils sont 60% à utiliser le transport scolaire pour se rendre à l’école tous les jours.
Le directeur du SPAL Patrick Bélanger demande aux automobilistes ainsi qu'aux familles de rester prudent et de faire preuve de collaboration sur les routes. «Les policiers ne peuvent parvenir seuls à faire diminuer ce bilan», a-t-il ajouté, en précisant que la plupart des personnes interceptées pour des infractions en zone scolaire sont des parents pressés. «Faire de la sécurité des usagers une priorité est une responsabilité collective qui incombe à chacun de nous.»
Selon le Code de sécurité routière du Québec, les automobilistes doivent obligatoirement s'arrêter si le signal d'arrêt d'un autobus scolaire est en vigueur. Sinon ils s'exposent à perdre 9 points d'inaptitude sur leur permis et à payer une amende entre 200$ et 300$.
En réaction, le Le collectif Pas une mort de plus, réclame davantage de mesures pour protéger les élèves et leurs parents, dont plus d'aménagements sécuritaires et la nomination d’un Protecteur en sécurité routière.
L'ADPQ a d'ailleurs lancé une campagne de sensibilisation, réalisée avec le Service de police de la Ville de Montréal afin d'encourager les bons comportements à avoir et de rappeler le travail des policiers. La FTA et ses partenaires a également lancé sa 37e campagne M’as-tu vu? pour sensibiliser les conducteurs de 25 à 44 ans.
Avec sa campagne La sécurité routière, j'embarque, le gouvernement du Québec souhaite rappeler aux conducteurs les règles à suivre près des écoles.
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Avec des informations de La Presse canadienne

