Chaque fois qu’une grosse pointure internationale de la musique annonce, avec tambour, trompette et synthétiseur, sa venue à Montréal, c’est le même manège monétaire qui repart pour un tour dispendieux. Je prends ici comme exemple le passage pour deux soirs de Lady Gaga au Centre Bell le printemps prochain. Mais ça n’a rien à voir avec elle. Car, c’est toujours la même histoire, peu importe la vedette.
Voici le topo habituel. Les billets s’envolent aussi vite que le parapluie de Mary Poppins pogné dans un ouragan dès la mise en vente. Ensuite, la game de la piasse commence. Comme vous n’avez pas été assez chanceux pour avoir accès à la vente de billets normaux, parce qu’il y a eu des gens plus rapides que vous sur la gâchette du web et aussi, disons-le, parce que des robots Terminator en ont acheté à la pocheté via un logiciel crissement malveillant, vous n’avez pas le choix de vous rabattre sur des sites de revente. Parce que vous, Lady Gaga, vous voulez la voir plus que tout au monde parce que c’est la plusse meilleure.
Et c’est là qu’on vous attend pour faire chauffer votre carte de crédit et casser votre tit cochon qui contenait votre mise de fonds pour votre premier condo dans Griffintown. Les gentilles personnes qui veulent absolument réaliser votre rêve de voir la chanteuse en chair et en costume vous proposent des billets à des prix tout à fait DÉBILES. J’ai vu des billets revendus à 700 $ la paire, et même pas bien placés. 1200 $ pour être un peu proche de la scène, mais pas tant. Et même 7999 $ pour le parterre assez proche pour peut-être avoir le privilège de sentir sa sueur. Et c’est partout comme ça. De vrais prix qui ressemblent à la vente initiale, vous n’en verrez pas. In your fucking born this way dreams.
Ça n’a plus de sens. Que ce soit sur un site de revente sécurisé ou dans la jungle du web, c’est la même mélodie. Il va bien falloir qu’un moment donné, on fasse quelque chose. Je comprends que c’est difficile de gérer le tout. On ne peut pas empêcher quelqu’un de revendre ses billets et il est aussi difficile de prouver qu’une pseudo organisation achète plusieurs billets dans le seul but de faire de la grosse argent en les revendant. Mais un moment donné, il va falloir slaquer un peu la poulie.
Déjà que des sites sécurisés ferment les yeux, on a un problème. Ils ont une responsabilité de ce qui circule sur leur plateforme. Je ne peux pas croire qu’on ne peut instaurer une loi qui impose un maximum de prix de revente pour limiter les dégâts. Je sais, ça demande de l’implication gouvernementale, des études, de l’argumentation, de la consultation provinciale, des décisions… Ouf. On n’est pas arrivé.
On ne pourra jamais stopper les profiteurs, mais on peut les gérer, du moins en partie. Leur mettre des bâtons dans les roues. Ne rien faire, c’est tourner le dos aux fans. Qui soit dit en passant, sont la donnée la plus importante dans l’équation. Pas de fans, pas de vente.
En ce moment, c’est le consommateur qui y perd. Quand on est rendu à mettre son rein en vente sur Marketplace pour pouvoir aller voir un spectacle de Lady Gaga, ça ne fait plus de sens. Les spectacles devraient être accessibles dans la plus grande mesure possible.
Pouvoir se permettre d’aller voir notre idole, ça devrait être juste normal et raisonnablement possible. Pas de devoir en contrepartie manger des ramens en sachets pour compenser dans notre budget pendant des mois. Est-ce qu’il faudra que collectivement, on cesse d’acheter ces billets ? Peut-être que ce serait une bonne façon de leur montrer quand on en a plein le cul de se faire exploiter…
Je comprends que les lois de la demande du marché, de la rareté, de la popularité de la vedette font en sortent que les prix montent, mais ça dépasse tout ça. Je trouve ça triste parce que selon moi, on devrait avoir la chance d’aller voir notre idole se produire sur scène. Vivre un petit moment de grâce avec l’artiste qui nous fait vibrer. C’est ça l’art vivant.
Un moment donné, abracadabra, va falloir un gros coup de baguette magique pour que les sites de reventes mettent leur culotte.
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