Chroniques

Sofa, chips et télé

Depuis que je suis ado, ma rentrée préférée, c’est celle de la télé.

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(Montage Noovo Info | Envato)

Septembre, c’est le mois de toutes les rentrées. C’est le retour à l’école pour les enfants, terminé les congés des collègues du travail, les déserteurs d’été du gym reviennent lever des poids, on rentre les meubles de patio… Bref, c’est la Rentrée avec un R majuscule. Depuis que je suis ado, ma rentrée préférée, c’est celle de la télé. Déjà à 12 ans, j’étais une mère de famille qui sautille de plaisir parce que ses programmes recommencent à la télé.

Aujourd’hui, c’est facile de prévoir notre plan de match de «regardage télé»: on a un horaire directement dans notre téléviseur, on peut programmer des enregistrements à l’infini. Tout ou presque est disponible en avance ou en retard (selon notre rythme d’écoute) sur les plateformes. On peut écouter tout ça dans notre salon sur une bonne vieille télé, sur notre portable ou si on veut se crever les yeux, notre cellulaire. Tu peux tout écouter quand tu veux et où tu veux. Comme on dit dans le domaine du zoomba: trouve ton rythme.

Dans le bon vieux temps, ça prenait de la planification. Pour ne rien manquer des nouveautés de l’automne, il fallait être à l’affût de tout. D’accord, il y avait moins de chaînes télé (heureusement), mais ça demandait autant de vigilance qu’une maman lapine qui surveille son petit pour pas que le renard du voisinage parte avec.

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Fin août, il fallait acheter la bible de la télé qui s’appelait le TV Hebdo. La source de toute l’information pour se construire un horaire d’écoute et surtout pour ne rien manquer. Chaque émission de toutes les chaînes télé y était répertoriée par heure et par jour. Du 24/7 comme on dit. Un vrai travail de moine télévisuel.

Je prenais des notes pour être certain de ne rien manquer. Deux listes. La première contenait ce que j’allais écouter en direct et la deuxième ce que j’allais enregistrer sur mes cassettes VHS 6 heures. J’avais au moins trois cassettes VHS 6 heures en back-up en cas de bris et aussi pour les semaines de gros rush d’écoute. Un système infaillible qui aurait pu rivaliser avec les procédures de lancement d’une navette dans l’espace.

Encore aujourd’hui, 128 ans plus tard, je suis toujours aussi fébrile de notre rentrée télévisuelle. J’en ai même fait une partie de mon job en étant collaborateur à l’émission C’est juste de la TV. Je suis fier et je suis admiratif devant tout ce qu’on fait comme création. Toutes sortes de productions confondues. Nous sommes le village gaulois dans Astérix.

Notre culture est unique et se démarque par son originalité et son unicité. On n’a rien à envier et encore moins à avoir honte de ce qu’on fait devant aucune autre télé qui se fait partout dans le monde. La preuve? Plusieurs de nos créations sont achetées dans d’autres pays. On vend de plus en plus de nos formats originaux à des boîtes télé d’ailleurs sur la planète. J’imagine que c’est un signe qu’on fait de bien belles choses.

C’est pour ça que ça me fait royalement chier quand j’entends quelqu’un dire qu’il n’écoute pas la télé d’ici. Avec ce ton qui donne l’impression de boire un bol de lait périmé. Bien sûr qu’on n’est pas obligé de tout aimer. Mais de là à tout trouver moche… impossible.

Tu me diras que je prêche pour ma paroisse parce que je fais partie du système. Ben oui que je prêche pour ma paroisse. Je veux que ça marche. Je veux montrer avec fierté ce qu’on fait. Quel apiculteur n’est pas fier de ses abeilles? Quel prof n’est pas fier de ses élèves? Quel entrepreneur n’est pas fier de la maison qu’il a bâtie? Et ce n’est pas parce que tu écoutes « Empathie » que tu n’as pas le droit d’aller écouter Stranger things sur Netlfix. Tout ça se peut.

Je suis un éternel optimiste. Je sais bien que notre télé a déjà été en meilleure posture, mais il y a encore beaucoup de gens qui veulent l’écouter. On a encore plusieurs rendez-vous d’émissions millionnaires au compteur d’écoute. On a encore de gros coups de cœur qui deviennent viraux.

Bien sûr, notre façon d’écouter la télé se transforme. Les plateformes prennent de plus en plus de place. Et c’est ben correct. Je m’en fous que tu regardes une émission en direct à sa diffusion, en enregistrement ou sur une plateforme… pourvu que tu la regardes.

Et je ne veux pas jouer les mendiants ici. Je ne vais pas supplier personne de me faire une faveur. Je ne me place pas en victime. Je dis seulement que si tu ne jettes pas un œil sur ce qu’on fait ici, tu passes à côté de trucs ben le fun. Et aussi, tu manques la chance de participer à notre culture québécoise.

Et si jamais tu manques d’idées, le TV Hebdo existe encore. Une vraie mine d’or de suggestions.

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